Saviez-vous que Louis XI et Édouard IV d'Angleterre signent le traité de Picquigny, tout près du château du même nom, le 29 août 1475 ? En quoi consiste-t-il ? À mettre fin à la terrible guerre de Cent Ans !
1 - Louis XI achète la paix avec l'Anglais
Les Anglais... débarquent
L'histoire se passe après la bataille de Castillon, en juillet 1453 : victoire des Français, cocorico ! Sur quoi la guerre de Cent Ans se met en hibernation. Une paix relative, Anglais et Français s’occupant de leurs petites affaires.
Maais... quand Édouard IV d'Angleterre envisage un débarquement à Calais, en juillet 1475, pour tenter la reconquête des anciennes terres des Plantagenets... Ne serait-ce pas le début d'une nouvelle étincelle après l'accalmie ?
De l'argent comme s'il en pleuvait !
Du coup, hop hop, Louis IX se dépêche d'acheter le rembarquement des armées anglaises à prix d’or… Contre la somme colossale de 75 000 écus d’or et une pension annuelle de 50 000 écus, Édouard IV accepte de rentrer en Angleterre avec son armée.
Et voilà. En faisant couler l'or à flot, Louis XI met fin à une guerre meurtrière. Oui, on est d'accord, de façon pas très glorieuse, mais rudement efficace !
2 - Le traité de Picquigny a été signé sur une île
En fait, l’entrevue des deux rois ne se déroule pas à proprement parler au château de Picquigny, mais à quelques pas de là. Plus précisément sur un pont qui mène à l’île dite de la Trêve, sur le fleuve Somme, spécialement construit pour l'occasion.
3 - Les deux rois se rencontrent... dans une cage
On a construit une « cage », sur le lieu de la rencontre (sur le pont de l'île de la Trêve, entre les deux rives de la Somme).
Histoire d'éviter tout incident... un meurtre, par exemple ! Le chroniqueur Commynes décrit : « Au milieu de ce pont fort solide fut aménagé un treillis de bois comme on en fait pour les cages de lions. »
Le jour J, le roi de France débarque le premier avec 800 hommes d’armes. Le roi anglais ne tarde pas à le suivre. Les deux s’embrassent, tant bien que mal, à travers les trous de la cage, et l’entretien a lieu en français.
On apporte un missel et une relique de la croix : les deux rois, une main sur le missel, l’autre sur la croix, jurent de respecter le traité.
4 - Un énorme banquet vaut mieux qu'une guerre
Les deux armées finissent la journée avec un bon gros banquet, organisé dans la campagne voisine du château de Picquigny. Grande bouffe, vin à foison, pâtés bien dorés… Le chroniqueur Commynes décrit le festin :
« Des tables chargées de viandes de toutes sortes, et les vins les meilleurs que l’on put adviser et des gens pour en servir. D’eau n’était point de nouvelle. À chacune de ces tables avait fait asseoir cinq ou six hommes de bonne maison, fort gros et fort gras, pour mieux plaire à ceux qui avaient envie de boire. »
« J'ai chassé les Anglais avec du vin et du pâté », rit Louis XI après coup, qui n'a pas eu besoin de faire la guerre, ce coup-ci !
Conclusion
Alors, ce traité ? Une trêve définitive à cette guerre interminable et sanglante qu'a été la guerre de Cent Ans ? Pas sûr ! Jusqu’au bout, malgré le traité, ils n’ont jamais renoncé : les Anglais avaient juré de rentrer définitivement chez eux. Pourtant, en France, ils conservent Calais jusqu’en 1558 !
Sources
- Antonin Roche. Histoire de France (Tome 2). 1867.
- Nouvelle biographie générale (tome 31). Firmin Didot, 1860.
- Voyage en chemin de fer de Paris à Boulogne. 1847.
- Jean Pagès. Manuscrits de Pagès, marchand d'Amiens sur Amiens et la Picardie (tome 3). 1858.
- Académie royale des lettres et Beaux-arts de Belgique. Mémoires couronnées et autres mémoires (tome 16). 1864.
- Pierre Champion. Le roi Louis XI. 1940.
- Traité de Picquigny. Encyclopédie Wikipédia, wikipedia.org.