Quand Pauline Bonaparte retrouve son chéri à l'hôtel de Forbin

L'hôtel de Forbin

L'hôtel de Forbin accueille la princesse Pauline Borghèse, du 22 mai au 2 juin 1807...

Ah, Pauline ! Paolina Bonaparte, la sœur préférée de Napoléon, la plus belle femme de son temps !

Le bel hôtel sert surtout de cadre aux amours de la jeune femme et de son amant, le comte Auguste de Forbin...

Allez, remontons le temps, histoire d'en savoir plus !

Les Forbin-La Barben

César de Milan, seigneur de Cornillon et de Confoux, conseiller au Parlement, fait construire l'hôtel en 1656.

Son fils, Claude, épouse en 1672 Gabrielle de Forbin et l'agrandit. Puis l’hôtel passe par alliance aux Forbin-La Barben, en 1775.

Une grande famille provençale, noble et très ancienne, ces Forbin, divisée en plusieurs branches : Janson, La Gardane, La Barben...

La crème de la crème, si vous voulez : on ne compte, depuis le 14e siècle, que des ambassadeurs, des sénéchaux, des présidents au Parlement !

Auguste de Forbin (Dantan, 1831) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Et Auguste dans tout ça ?

Lui fait partie de la branche des La Barben : né en 1779, Louis-Nicolas-Philippe-Auguste a tout pour lui.

Cultivé, poète et romancier, peintre aussi (il a été l'élève de David), il devient directeur général des musées de France puis directeur du Louvre, dès 1816.

Il agrandit considérablement le musée, faisant même l'acquisition du Radeau de la Méduse en 1824, juste après la mort de Géricault, après des années d'insistance !

Mais en plus de sa fibre artistique, Auguste plaît aux femmes : le vicomte Siméon, son ami, parle (avec une pointe de jalousie ?) de sa « tournure élégante et noble », de « ses beaux yeux », de « sa taille élevée », de son « esprit vif et enjoué. »

Les femmes craquent ! Mais une seule fait vraiment battre son cœur... Pauline !

Pauline et Auguste

Petit protégé des Bonaparte en Italie (où il part étudier l'art), Auguste devient le chambellan de Napoléon, puis celui de Pauline.

Les deux jeunes gens deviennent amants, bien que mariés : elle au prince italien Camille Borghese, lui à Mélanie de Dortan

C'est l'amour fou, entre eux deux !

Pauline Bonaparte en Provence

Pauline vient à Aix en mai 1807 pour les eaux thermales, logée à l’hôtel de Forbin, où elle en profite pour retrouver Auguste.

Arrivée en palanquin (chaise à porteurs) dans la ville le 22 mai, on ne la voit plus utiliser un autre moyen de transport, à Aix.

Elle reçoit à l’hôtel peu de visites, hormis celles des hauts fonctionnaires des grandes villes voisines et des préfets et maires d’Aix : normal, elle est là incognito, elle voyage sous le nom de comtesse de Rossano, l'une des terres de son mari !

On la convie à la Fête-Dieu et sa procession, des « jeux », ses pièces de théâtres, avec de magnifiques cortèges qui défilent devant le balcon de l’hôtel, où se tient la princesse.

Un jeune étudiant en droit avait été chargé, au début de la fête, d’offrir un bouquet de fleurs à Pauline. On assure qu’il s’est ruiné en vêtements, pour l’occasion. Alors, quand on l’invite à dîner chez la princesse, pour le lendemain, la joie ! Sauf que ce jour-là, Pauline se trouve indisposée. Dîner annulé. Le jeune n’a plus qu’à manger avec les dames d’honneur et les écuyers !

On dit qu'elle se plaint de la pauvreté de la décoration de la cour de l’hôtel. Elle y fait venir des plantes, des vases et des arbustes en pots (qui fanent au bout de quelques jours)... décoration éphémère pour un passage éclair !

Et quand ce n'est pas à Aix, c'est au château de La Barben (propriété de la famille de Forbin) ou à La Mignarde que se retrouvent nos deux tourtereaux !

La Mignarde, où des gens du coin sont réquisitionnés pour battre l'eau des mares avoisinantes avec des bâtons, pour faire taire les grenouilles : leurs croassements gênent madame...

Mais en octobre 1807, leur histoire passionnée se termine brutalement... peut-être que le mari de Pauline, le comte de Borghèse, avait appris la liaison de sa femme ?

En attendant (coïncidence ou pas), Auguste est brusquement envoyé au Portugal servir dans l'armée...

Et bien que marié à la riche et belle comtesse de Dortan, il n'oublia jamais sa Paolina...

Sources

• Roux-Alphéran Les rues d'Aix : recherches historiques. 1848.
• Collectif. Le guide Napoléon : 4000 lieux de mémoire pour revivre l'épopée. Éditions Tallandier, 2005.