Zoom sur le plus célèbre seigneur du château de Pibrac, Guy du Faur : diplomate et poète, chancelier de la reine Marguerite de Valois !
Un château de briques
Ce château de briques rouges de style Renaissance italienne sort de terre en 1540. Vous connaissez peut-être l’architecte : il s'agit du très célèbre Nicolas Bachelier, auteur à Toulouse de l’illustre hôtel d’Assézat !
C’est le seigneur de Pibrac d’alors, Pierre du Faur, qui lui en fait la demande.
Son épouse, Gauside Doulce, lui apporte la terre de Pibrac en dot, lors de leur mariage.
En 1540, le château est encore « une maison vieille »... Ils s’occupent de la faire « réparer et bâtir », c’est-à-dire faire construire le château actuel !
Mais ces deux-là sont les parents du plus illustre occupant du château… j’ai nommé Guy du Faur de Pibrac, conseiller de Catherine de Médicis et de sa fille Margot !
Le château... des plaisirs rustiques
Guy du Faur de Pibrac, quatrième enfant de Pierre du Faur, naît au château en 1528.
Poète à ses heures perdues, il évoque, dans Plaisirs de la vie rustique (1576), son château chéri et la campagne alentour :
« Pibrac, je te salue, et toi, Bouconne sainte (forêt voisine, ndlr), et vous, coteaux vineux, qui d’une double enceinte emmuré le terroir. Je vous salue aussi, ô nymphes de ce lieu, et de ce mien château, ô tutélaire dieu, qui seul a conservé par ta soigneuse garde tout ce qu’en ce pourpris (clôture, ndlr) maintenant je regarde. Je suis ores au lieu où enfant je me vis Par les mains de Pitho (divinité grecque, ndlr) dans le berceau ravi... »
C’est au château, dans le cabinet dit des Quatrains, orné de figures mythologiques, que Guy compose ses Quatrains moraux.
Les nombreuses facettes d'un diplomate
Juriste, humaniste d’une très grande culture, Guy de Pibrac :
- est député aux États-Généraux d’Orléans en 1560 ;
- représente le roi Charles IX au concile de Trente, en 1562 ;
- devient président au Parlement de Paris en 1565 ;
- est nommé conseiller d’État en 1570, sur recommandation du grand Michel de L’Hospital « qui l’estimait beaucoup. »
Enfin, il devient le conseiller de Catherine de Médicis et le chancelier de sa fille, Marguerite de Valois.
La reine Margot bien connue !
La visite de la reine
En 1578, Guy reçoit à Pibrac Marguerite de Valois et sa mère Catherine de Médicis.
Le beau portail sur la route serait en fait l’arc de triomphe monumental, construit exprès par Guy du Faur, en souvenir de cette visite…
Catherine est ravie de l’accueil réservé par du Faur !
Malheureusement pour nous, les chroniques du temps n’ont pas gardé de détails sur la réception des deux femmes à Pibrac...
1581, l'année de la disgrâce
En 1581, Marguerite se fâche avec Guy du Faur. Une brouille, soudaine comme des nuages d’orage dans un ciel clair d’été.
La lettre de reproches de la reine commence ainsi :
« Monsieur, je m’étonne infiniment que sous une si douce apparence, il puisse y avoir tant d’ingratitude et de mauvais naturel... »
Aïe ! Marguerite accuse Guy, entre autres, d’avoir eu des sentiments pour elle, et de lui avoir déclaré sa flamme.
Mais aussi d’avoir voulu la brouiller avec son mari, Henri (futur IV), à Pau.
Quelle est la vérité dans cette histoire ? Difficile de le dire !
La brouille a sans doute d’autres origines, politiques notamment : il faut dire que Pibrac est alors au service de Marguerite, de sa mère Catherine et de son frère Henri III, tous trois ne faisant que se déchirer.
Cerise sur le gâteau, Marguerite a montré à tout le monde les lettres où Pibrac lui déclare sa flamme...
Guy du Faur sort meurtri de cette affaire, moqué par toute la cour et le peuple.
En attendant, Marguerite renvoie Pibrac.
L'exil sur ses terres de Pibrac
Guy se retire au château de Pibrac, qu’il aimait tant.
Délivré des apparences trompeuses et des venins de la cour ? Il écrit :
« Ô bienheureux celui, qui loin de courtisans et des palais dorés, plein de soucis cuisants, sous quelque pauvre toit, délivré de l’envie, jouit des doux plaisirs de la rustique vie ! Se contente de peu, simple et droit en son cœur, déteste la malice, hors de crainte et danger, au long des clairs ruisseaux, élague de sa main les touffus arbrisseaux... »
Il reviendra à Paris, un temps, où il meurt en 1584.
Son ami Montaigne pleure un « esprit si gentil, des opinions si saines, des mœurs si douces. »
Son ami de Thou écrit :
« Il était d’une probité incorruptible, il avait un véritable zèle pour le bien public, le cœur élevé, l’âme généreuse, beaucoup d’agrément et de douceur d’esprit. »
Source
- Alban Cabos. Guy du Faur de Pibrac. 1922.