1 - Le plus haut passage de Paris !
Avec ses 12 mètres, le Grand-Cerf est le passage le plus haut de la capitale.
Contrairement aux autres passages et galeries parisiens, on a trois niveaux, entièrement vitrés, donc... l'endroit est très lumineux !
Le troisième niveau sert d’habitation : une disposition qui montre que le passage servait à la production et à l’artisanat plutôt qu’à la vente, indique Le Guide des passages de Paris de Patrice de Moncan.
2 - D’où vient son nom ?
D’une hôtellerie du Grand-Cerf, d’où partaient, avant la Révolution, des voitures des « Messageries royales, diligences, coches d’eau et roulage de France » !
Le passage a été percé en 1825 sur l'emplacement de cette hôtellerie.
Ces messageries, en 1779, se composaient de quatre corps répartis en quatre régions :
- le sud-est à l’Hôtel de Sens ;
- le Centre à l’auberge du Cheval-Blanc (actuelle rue Mazet) ;
- l’est au Grand-Cerf, et l’ouest place Saint-Michel.
3 - Le passage a été le témoin d'émeutes sanglantes en 1827
Du sang ! Des corps ! Partout ! Attention, ne faites plus un pas, vous êtes cernés…
Le Dictionnaire historique de Paris d’Antoine-Nicolas Béraud (1828) raconte :
« Les malheureux qui s’étaient retirés dans le passage de l’ancien Grand-Cerf sont frappés par une double décharge de mousqueterie. Ceux que la fluctuation refoule vers les grilles sont atteints par les sabres et les baïonnettes. Les mêmes scènes se renouvelèrent le lendemain à la même heure, 11 h du soir. Le lendemain, on fut obligé de laver le passage, il était inondé de sang. On ne sait pas précisément quel a été le nombre des blessés et des morts. Des cadavres avaient été enlevés pendant la nuit, mais les noms de toutes les victimes n’ont pu rester ignorés, les feuilles publiques les ont signalés. »
Car c’est ici, dans la galerie du Grand-Cerf, qu’a lieu des émeutes, en 1827. Émeutes qui mettent une sacrée pagaille, dans tout le quartier !
Des barricades dressées à la va-vite poussent comme du chiendent dans les rues.
Et les insurgés viennent se cacher dans le passage… pour se faire surprendre et tuer.
4 - Le rachat du passage
En 1862, le passage est cédé à l’Assistance Publique. Qui décide à son tour de s’en débarrasser, en 1896.
L’organisme ne trouvera acquéreurs... qu’en 1985 !
Ils sont deux :
- Schwartz de la société P.I.I. (Patrimoine et Investissement immobilier) pour le rez-de-chaussée et le premier étage, soient les parties commerciales ;
- la société des HLM, pour les niveaux supérieurs d’habitation.
Ce sont les premiers qui rénovent la galerie, à la fin des années 80.
Sources
- Antoine-Nicolas Béraud. Dictionnaire historique de Paris. 1828.
- Patrice de Moncan. Guide des passages de Paris. Éditions Le Mécène, 2011.
- Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.