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Petite histoire des arènes de Lutèce en 6 anecdotes

Quand : 200 - 1942

Arènes de Lutèce | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Gallo-romain Arènes de Lutèce

1 - La toute première mention des arènes est anglaise

La plus ancienne mention des arènes de Lutèce date de 1180, avec le chanoine anglais Alexander Neckam, étudiant à Paris.

Il les décrit dans un poème en latin, paru dans son ouvrage Laus sapientia divinae :

« Indicat et circi descripto magna theatrum Cipridis ; illud idem vasta ruina docet ; diruit illud opus fidei devotio ; sancti Victoris prope stat relligiosa domus. »

Que l'on peut traduire par (traduction vue dans le livre Les arènes de Lutèce de Fernand Bournon, 1908) :

« Le large pourtour d'un cirque représente un théâtre en l'honneur de Vénus ; ses vastes ruines le révèlent. La dévotion de la foi a renversé cette construction ; auprès, se dresse la maison religieuse de Saint-Victor. »

Neckam a vu les dernières traces apparentes des arènes, déjà détruites à son époque.

Arènes de Lutèce

Arènes de Lutèce | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

2 - Ce n’est pas le plus vieux monument parisien !

En l’an 53 avant notre ère, Jules César mentionne Lutèce et son peuple des Parisii, dans sa Guerre des Gaules.

Puis, c’est au milieu du 1er siècle avant notre ère, que se développe une cité romaine sur la rive gauche, sur le mons Lucotitius.

Il reste de ce passé romain à Paris ces arènes, qui datent de l'an 200, rapport aux monnaies à l’effigie d’Adrien, retrouvées sur place.

Mais ce n’est même pas le plus vieux monument de la capitale !

Puisque il s’agit de l’obélisque de Louxor, sur la place de la Concorde, construit vers -1300, pour le célèbre temple égyptien éponyme...

Reconstitution des arènes (J.-C. Formigé, 1917)

Reconstitution des arènes (J.-C. Formigé, 1917) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

3 - Deux usages : amphithéâtre et théâtre

L’originalité des arènes de Lutèce, c’est son double usage :

  • une scène pour le théâtre ;
  • une arène pour les combats de gladiateurs.

Une spécificité particulière à la Gaule, que l’on retrouve sur les sites gallo-romains de Sanxay dans la Vienne, ou Drevant dans le Cher !

Les arènes de Lutèce pouvaient accueillir jusqu'à 17 000 personnes, pour les très grands évènements. L'architecte Formigé a compté :

  • 15 944 places assises ;
  • 24 dans les loges ;
  • 1500 debout.

Pour une population à Lutèce d’alors 20 000 habitants...

Le théâtre

S’y jouent comédies, tragédies, déclamations, récitations, danses ou mimes...

La cavea (rangées de gradins) mesure, à l’intérieur, 56 mètres sur 48 (comparativement, celle du Colisée de Rome fait 60 sur 25, celle des arènes de Nîmes 70 sur 40).

Les dimensions extérieures sont de 230 mètres sur 97.

Le cirque

Sur certains gradins étaient gravés les noms des « abonnés », pour qui leurs places étaient toujours réservées : Tetricus, Marcellus…

Les gradins supérieurs sont réservés aux femmes et aux esclaves.

Les fouilles de 1870 ont montré que le podium avait probablement un grillage de protection contre les fauves.

Arènes de Lutèce : gradins

Arènes de Lutèce : gradins | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

4 - Leur emplacement exact a été longtemps ignoré !

Il faut dire que le site des arènes a été enseveli pendant des siècles, notamment par les terres extraites du terrassement des fossés de l’enceinte de Philippe Auguste, dès 1356.

Un historien comme Dulaure prétendait même, au début du 19e siècle, que de toute façon, il n’en restait rien, car elles avaient été construites... en bois !

Les habitants les avaient en fait endommagées, vers 285, lors de l’invasion des Barbares, prenant des pierres des gradins pour construire un rempart protégeant l’île de la Cité : il était plus pratique de se servir là, que d’extraire et de tailler la roche ailleurs !

Ensuite, dès que le besoin s’en faisait sentir, on prélevait des pierres des arènes.

Au 5e siècle, Chilpéric trouve donc les arènes déjà très entamées, incomplètes. Il les fait niveler, en exhaussant le niveau pour pouvoir les réutiliser.

Au 14e siècle, on y jette les terres des remblais, puis le sol des arènes devient « butte aux gravois ». Des gravats...

Une couche de terre qui atteindra 20 mètres de haut !

Arènes de Lutèce

Arènes de Lutèce | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

5 - La redécouverte en 1870

Il ne subsiste plus qu’une partie des arènes, dont les gradins ont, en grande partie, été détruits par la construction d’immeubles, en bordure de la rue Monge.

Les deux moitiés des arènes, la première découverte en 1870, la seconde mise au jour dès 1883, se réunissent en 1915.

Cette redécouverte a été... riche en péripéties et en anecdotes !

Arènes de Lutèce, fouilles de 1870 (P. Emonts, 1870)

Arènes de Lutèce, fouilles de 1870 (P. Emonts, 1870) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

6 - La statue d'un grand préhistorien

Sur le site des arènes, dans l’actuel square, se trouve la statue de Gabriel de Mortillet.

Ce préhistorien français du 19e siècle a travaillé sur la première chronologie de la Préhistoire, la divisant en 14 grande périodes !

Si les noms de moustérien, acheuléen, magdalénien ou solutréen ne vous sont pas inconnus, on doit leur création à ce monsieur...

Un monument érigé en 1905.

Au sommet de la colonne se trouvait un buste, disparu en 1942, nous dit Le nouveau guide des statues de Paris (P. Kjellberg, 1988).

Les arènes : statue dédiée à Montillet

Monument à Mortillet : détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Sources

  • Marcel Banassat. Paris aux Cent Villages, n° 21. Éditions PCV, avril 1977.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du Vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
  • François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou, 1985.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !