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Petite histoire de Saint-Trophime d'Arles en 8 anecdotes

Quand : 1152 - 1888

Clocher et cloître de Saint-Trophime | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA
Église paroissiale Église Saint-Trophime d'Arles

1 - Les secondes noces du roi René

3 septembre 1455. Un mariage va avoir lieu à Arles. À Saint-Trophime !

Les noces de René, duc d’Anjou et comte de Provence, et de la Bretonne Jeanne de Laval.

Toute la cour provençale du roi est là, chevaliers, barons.

La chronique dit que dès le matin de la cérémonie, les cloches sonnent dans toutes les églises de la ville.

On a installé une belle décoration dans les rues, pour le cortège qui se rend à Saint-Trophime : des arcs de triomphe, des salles de verdures et de fleurs...

La foule jette des pluies de fleurs fraîches sur le passage du couple ; les façades des maisons sont recouvertes de drapeaux multicolores.

Des fontaines de vin et d’hydromel coulent à flots, à chaque coin de rue !

Les fêtes durent un mois : tournois, danses, courses de chevaux, illuminations de torches et pièce de théâtres.

On organise même un combat de lions dans l’arène voisine !

Cloître de Saint-Trophime

Cloître de Saint-Trophime | ©Guy Dugas / Pixabay

2 - Le mariage du fils du roi René

Le 2 décembre 1400, les parents du roi René d’Anjou, Yolande d’Aragon et Louis II d'Anjou, se marient eux aussi dans l'église !

Saviez-vous que l’on tend la célèbre tenture de l’Apocalypse, à l’intérieur de l’archevêché d’Arles, à l’occasion de leur mariage ?

Un bourgeois de la ville d'Arles note : « Il n’est homme qui puisse raconter la valeur, la beauté, la noblesse de ces tissus. »

On la trouve aujourd’hui exposée au château d’Angers. Ce qui est normal, vu que Louis II est duc d’Anjou, et que le château angevin est une des résidences de ces ducs !

3 - Le couronnement d'un empereur

Le 30 juillet 1178 a lieu le couronnement de l’empereur romain germanique Frédéric Ier Barberousse, en tant que roi d’Arles.

Frédéric est élu roi des Romains en 1152 : c’est un peu l’héritier de Charlemagne, à la tête d’un empire englobant l’Allemagne, l’Autriche, une partie de l’est de la France et le nord de l’Italie…

Quid du royaume d’Arles, alors ? C'est un état qui existe du 10e au 14e siècle, incorporé au Saint Empire germanique.

Il comprend entre autres le Dauphiné, la Savoie, la zone autour de Valence, Orange… et la capitale, Arles !

Saint-Trophime

Saint-Trophime | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

4 - Les sarcophages de Saint-Trophime

Les anciens quartiers des Alyscamps et de Trinquetaille, à Arles, ont fourni quantité de sarcophages antiques.

Ce sont deux importantes nécropoles de l’époque romaine, Alyscamps voulant dire Champs-Élysées en provençal : le lieu où les morts vont, dans la mythologie grecque.

Si la majorité de ces sarcophages se trouve essentiellement au musée de l’Arles et de la Provence antique, on en voit aussi à Saint-Trophime.

Ils ont été convertis en autel. Les plus beaux restent ceux :

  • du « passage de la Mer Rouge », qui doit son nom à son décor sculpté (4e siècle) ;
  • de Geminus (début du 5e siècle), en marbre de Carrare, du nom de Paulus Geminus, gouverneur des Neuf provinces.
Sarcophage du passage de la mer Rouge, détail

Sarcophage du passage de la mer Rouge, détail | ©Sailko / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Sarcophage de Paulus Geminus

Sarcophage de Paulus Geminus | ©Finoskov / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

5 - Le cloître

Il date des 12e (parties Nord et Est) et 14e siècles (Sud et Ouest).

Les chapiteaux romans y sont magnifiques !

On voit notamment la Tarasque, mythique monstre provençal, avec ses 6 pattes et sa queue de crocodile, mais aussi de jolies scènes religieuses, comme cette Nativité remplie de petits détails...

La Nativité (à gauche)

La Nativité (à gauche) | ©Thérèse Gaigé / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

6 - Les tapisseries

Sur les murs de la nef de Saint-Trophime, de superbes tapisseries d’Aubusson illustrent la vie de la Vierge Marie.

Elles datent du 17e siècle.

Scène de la vie de la Vierge : l'Annonciation

Scène de la vie de la Vierge : l'Annonciation | ©Sailko / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

7 - Hercule sur le portail !

L'incroyable portail roman de Saint-Trophime date de la toute fin du 12e siècle. Parmi tous les magnifiques décors sculptés, on y voit... deux Hercule.

Oui ! L’équivalent romain du demi-dieu grec Héraclès !

Ce n’est pas étonnant de le retrouver ici : Arles a été gallo-romaine ; le mythe d’Hercule a été largement diffusé, avec ces héros païens remodelés pour nourrir à leur tour la religion chrétienne.

Ainsi, on a un premier Hercule qui saisit la patte du lion de Némée (le démon) d'une main, une massue dans l’autre main.

On le retrouve au-dessus, de dos, nu, coiffé d’un genre de bonnet phrygien, soulevant deux hommes la tête en bas : ce sont les fameux Cercopes.

Dans la mythologie grecque, il s'agit des deux fils du titan Océanos, qui, après avoir tenté de voler les armes d’un Hercule endormi, se retrouvent capturés par ce dernier et pendus par les chevilles, la tête à l’envers !

Portail de Saint-Trophime : Hercule

Portail de Saint-Trophime : Hercule et les Cercopes | ©Ponyterr / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

8 - Le portail roman... et Vincent Van Gogh !

Vincent Van Gogh, qui se trouve à Arles début 1888, découvre la Provence.

La région lui rappelle le Japon par ses couleurs vives et la pureté du ciel, de l’air, indique La vie et l'œuvre de Vincent van Gogh de Jean-François Barrielle (1984).

Devant Saint-Trophime, le peintre écrit ceci :

« Il a ici un portique gothique que je commence à trouver admirable, le portique de Saint-Trophime. Mais c’est si cruel, si monstrueux, comme un cauchemar chinois, que même ce beau monument d’un si grand style me semble d’un autre monde. »
(Mercure de France, août 1893)
Portail, Saint-Trophime

Portail de Saint-Trophime | ©Djedj / Pixabay

Portail de Saint-Trophime, détail

Portail de Saint-Trophime, détail | ©Ponyterr / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Un peu d'histoire, pour conclure

Qui est saint Trophime ? Un disciple de saint Paul qui évangélise la ville d'Arles. Quoi de plus normal donc, de lui dédier cette église en 1152 ?

Construite selon le plan des églises romanes, elle est réédifiée de 1421 à 1450 par le cardinal Alleman.

Réédifiée, oui, car Saint-Trophime est de fondation ancienne, vouée d'abord à saint Étienne, détruite pendant l'invasion des Sarrasins au début du 8e siècle.

On refait le transept et la travée voisine de la nef à la fin du 10e siècle, on remanie toute la nef de 1140 à 1152.

La crypte date de cette époque, l'abside et les absidioles sont détruites au 15e siècle pour construire un nouveau chœur avec chapelles rayonnantes.

Des chapelles latérales à la nef sont élevées à la fin du 13e siècle.

Sources

  • Louis Jacquemin. Guide du voyageur dans Arles. 1835.
  • Francis Salet. La légende d'Hercule à Saint-Trophime d'Arles (compte-rendu) dans Bulletin monumental, tome 109. 1951.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !