8 petites histoires autour de la cathédrale de Soissons

De 286 à 1815

La cathédraleLa cathédrale | ©Thierry Bézecourt / CC-BY-SA

1 - Deux gothiques pour le prix d'un !

La cathédrale actuelle, construite dès 1176, est achevée au cours du siècle suivant.

Elle date de l'époque de la transition entre style gothique primitif et gothique classique...

Une rareté ! Le premier style se remarque dans la nef et le chœur, tandis que le second s'observe dans le bras sud du transept.

Transept sud, détailTransept sud, détail | ©Pierre Poschadel / CC-BY-SA

2 - Le sacre d'un roi des Francs

Saviez-vous que le sacre de Pépin le Bref, fils de Charles Martel, se déroule dans la cathédrale de Soissons, en 751 ?

Façade OuestFaçade Ouest | ©Eponimm / CC-BY-SA

3 - La cathédrale n'a qu'une seule tour

La cathédrale n’a qu’une seule tour, oui !

Elle était belle et bien prévue, mais avec la guerre de Cent Ans, on n’a jamais pu le faire, ni par la suite par manque de temps et d’argent.

Pire, les échafaudages sont vendus après le siège de 1414 au profit du trésor royal !

On consacre finalement la cathédrale actuelle en avril 1479.

4 - Une terrible explosion

Pillée durant la Révolution, dépouillée de son mobilier, transformée en magasin à fourrages puis en temple de la Raison, notre cathédrale n'en a pas fini...

Le magasin à poudre qu'elle héberge explose en 1815 : une partie des vitraux se brise et les portes se détachent de leurs gonds !

Heureusement, les magnifiques vitraux du 13e siècle n'ont pas souffert...

Vitrail de la cathédrale, XIIIe s.Vitrail de la cathédrale, XIIIe s. | Vitrail de la cathédrale, 13e s. | ©Miguel Hermoso Cuesta / CC-BY-SA

5 - Les deux orants

Ne pas manquer les deux très beaux orants de deux abbesses de l’ancienne abbaye Notre-Dame de Soissons : Marie de Crèvecoeur et Antoinette-Louise de Lorraine d’Aumale.

Assez impressionnantes, l’une est toute blanche, comme un fantôme surgi de l’ombre, l’autre à moitié noire et blanche...

Orant de Louise d'AumaleOrant de Louise d'Aumale | ©Pierre Poschadel / CC-BY-SA
Orant de Marie CrèvecœurOrant de Marie Crèvecœur | ©Pierre Poschadel / CC-BY-SA

6 - Un Rubens dans la cathédrale !

Un très, très beau, en plus !

Il s'agit de L’Adoration des Bergers, que la légende dit avoir été peinte par l’artiste flamand à Soissons même, en 1625 : un cadeau du peintre aux Cordeliers de la ville.

En fait, c’est plutôt l’évêque de Soissons qui l’achète au début du 17e siècle : preuve en est de ses armoiries apparentes sur la toile, en bas à droite.

L'Adoration des Bergers, RubensL'Adoration des Bergers, Rubens | ©Rolf Kranz / CC-BY-SA

7 - Les reliques de Crépin et Crépinien

Saint Crépin, dont on voit le reliquaire, est avec son frère Crépinien un martyr du 3e siècle.

Fraichement débarqués en Gaule, ces deux chrétiens de Rome atterrissent en Picardie à Soissons où ils doivent évangéliser la population.

Ils deviennent cordonniers, fabriquent des chaussures pour les pauvres gens, gratis, et pour les plus riches qui aiment la qualité de leur boulot.

Mais vers 286, c'est le drame ! De vils énergumènes les dénoncent aux Romains.

L’empereur leur ordonne de renier leur foi, ils refusent.

Crac, on les torture : on leur glisse des roseaux pointus sous les ongles... mais les roseaux grandissent d’un coup et blessent le bourreau.

Ensuite, on les jette dans une rivière avec une pierre autour du cou. Mais ils flottent !

On les jette dans une cuve pleine de plomb fondu, mais une goutte gicle dans l’œil du bourreau qui se retrouve borgne.

Encore une fois, les deux frères s'en sortent sains et saufs.

Enfin, on les jette dans de l’huile bouillante, mais deux anges les sortent de là in extremis.

Le bourreau au bord du burn out (et à court d'idées) finit par les décapiter.

Des chrétiens récupéreront leurs restes en cachette et les enterreront dignement...

Reliquaire de Crépin et CrépinienReliquaire de Crépin et Crépinien | ©jean-louis Zimmermann / CC-BY

8 - Saint Louis sacré chevalier

Tiens ? Que fait le roi de France ici ?

Figurez-vous qu'il a été armé chevalier dans la cathédrale picarde !

Louis est encore tout jeunot (9 ans) quand son grand-père, Philippe Auguste, meurt le 14 juillet 1223.

Son pater, Louis VIII, devient roi. Enfin, pas longtemps. Il meurt le 8 novembre 1226, 3 ans après.

Louis a 12 ans. En route avec sa mère pour Reims et son sacre, ils s’arrêtent à Soissons : Louis est fait chevalier dans la cathédrale.

Pour enfin être sacré roi dans la cathédrale de Reims le 29 novembre 1226…

Sources

  • La cathédrale Saint-Gervais Saint-Protais, Soissons. Label VPAH Hauts-de-France (Villes et Pays d'Art et d'Histoire), vpah-hauts-de-france.fr.
  • Société française d'archéologie. Congrès archéologique de France (session 78, tome 1). 1912.
  • Henry Martin. Histoire de Soissons. 1837.
  • Un chef-d’œuvre de Rubens dans la cathédrale de Soissons. L'Union, lunion.fr. 25/12/2016.