En préambule...
À Lugdunum Convenarum (ancien nom du bourg), saint Saturnin évangélise la population de bonne heure.
Peut-être y trouvait-on, déjà, la trace d'un petit lieu de culte primitif ?
En tout cas, après une longue période d'abandon, l'évêque Bertrand de L'Isle fait reconstruire une cathédrale et un cloître en 1082.
Ce monsieur laissera son prénom à sa mort à la petite ville ! Ses restes inhumés dans la cathédrale amènent une gigantesque foule de pèlerins.
Pour accueillir tous ces gens, un autre Bertrand (de Got), futur Clément V, décide de faire reconstruire l'église en beaucoup plus vaste !
Chose faite en 1350 : il s'agit de la cathédrale actuelle...
5 trésors à découvrir d'urgence !
Le tombeau de Bertrand : queue de mule et beurre
Un monument en forme de chapelle (15e siècle) abrite le corps de saint Bertrand de l’Isle, évêque de Comminges et fondateur de l’actuelle cathédrale et du cloître.
Des peintures partout, qui mêlent légende et histoire !
7 captifs libérés qui rendent grâce, un père reniant son enfant et subissant pour ça l’épreuve de l’eau avant d’être accusé de mensonge, une maison qui s’écroule sur des pécheurs non repentant...
Et surtout, des scènes de la vie de Bertrand, comme le miracle accompli pour son ami Sanche de Labarthe, prisonnier des Sarrasins en Espagne.
Truc dingue : Bertrand ouvre la porte de la geôle, s’élance de la muraille de la prison et s’envole avec lui pour le déposer chez lui !
Puis, le jour où Bertrand passe par un village de la vallée d’Arrens : les habitants coupent la queue de sa mule... sacrilège !
Bertrand jette l’anathème sur le village pendant 5 ans...
Entre guillemets, après ces 5 ans, Bertrand demande aux villageois, pour se faire pardonner, de donner à la cathédrale tout le beurre qu’ils fabriquent : une tradition vivace jusqu’à la Révolution !
Les stalles Renaissance
C’est Jean de Mauléon, 52e évêque de Comminges, qui fait aménager pratiquement tout ce que vous verrez dans la cathédrale.
Le plus beau ? Les stalles, aménagées entre 1523 et 1551.
Il l’aimait, sa cathédrale, Jean...
Pour preuve cette phrase gravée un peu partout : Omnis amor tecum, « Tout mon amour est pour toi » !
Le cloître et ses tombeaux : une rose qui sent !
Aaaah... Petite curiosité dans le cloître de la cathédrale !
Nous sommes ici dans la galerie des tombeaux.
Hé bien, regardez : un des tombeaux exposé contre le mur porte une inscription, l’épitaphe amusante du chanoine Vitalis d’Ardengost :
Hic jacet in tumba rosa mundi non rosa munda Non redolet sed olet quod olere nolet
« Ci-gît dans cette tombe une rose du monde, qui n’est pas une belle rose. Elle ne parfume pas, mais elle sent ce qu’elle doit sentir. »
Deux vers pas piqués des hannetons, inspirés de l’épitaphe de la célèbre Rosemonde (Rosamunda en V.O.), la maîtresse d'Henri II d’Angleterre !
Le trésor et son mystérieux coffret
Parmi les pièces, on a ce petit coffret en cuivre, dont vous verrez la photo ci-dessous.
Il a dû appartenir à saint Bertrand.
On y voit quoi ?
Un cavalier avec lance et bouclier qui galope vers un dragon. Devant lui, un grand oiseau, une femme.
La phrase en lettre gothique dit : PER L’AMOR DE MADONA ME COMBAT AB AQUESTA LIBRA, « Pour l’amour de ma dame, je combats sous cette livrée ».
Un sens un brin mystérieux ?
Il faudrait y lire que le saint, comme un chevalier, est prêt à défendre bec et ongles l’Église, la vraie dame de ses pensées... d’où la devise !
Le crocodile de Saint-Bertrand
Un crocodile à Saint-Bertrand de Comminges ? Non !
Hé oui ! Un ancien monstre, on ne vous en dit pas plus !
Sources
- Bernard Duhourcau. Guides des Pyrénées mystérieuses. Éditions Tchou, 2001.
- Louis de Fiancette d'Agos. Notre-Dame de Comminges : monographie de l'ancienne cathédrale de Saint-Bertrand. 1876.