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Petite histoire du palais du Louvre en 10 anecdotes

Quand : 1200 - 1857

Détail | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Château Palais du Louvre

1 - La salle Saint-Louis, la plus vieille partie du palais

La salle Saint-Louis se trouve dans la partie du palais appelée Louvre médiéval.

Elle porte ce nom, car elle a été construite sous le règne de ce roi.

C'est là qu'en 1313, on donne un grand festin en l'honneur des fils du roi Philippe le Bel, qui venaient de se faire adouber chevaliers. Isabelle sa fille, et son mari le roi d'Angleterre Édouard, ont aussi répondu présents.

Le roi prenait également ses repas, dans cette salle, et recevait ses invités de marque.

Salle St-Louis

Salle St-Louis | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

2 - Le Louvre, un nom à l'origine mystérieuse

1200. Le roi Philippe Auguste fait construire un château-fort, dont le donjon se trouvait sur l'actuelle cour Carrée.

Pour défendre le mur ouest de Paris, contre les invasions barbares !

Ce donjon, de 30 m de haut et 15 de large, entouré d'un fossé large de 10 et profond de 6, se composait de 3 étages.

A l’intérieur, une chapelle, des chambres, un magasin de vivres et un arsenal, mais aussi le comptoir du Trésor public : une salle composée de grandes tables recouvertes de bure, sur lesquelles on travaillait : de là l'origine... des bureaux !

Louvre de Ph. Auguste (H. Chapelle)

Louvre de Ph. Auguste (H. Chapelle) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Mais d’où vient le nom Louvre ? Un grand mystère !

  • De lower, « forteresse » en saxon ?
  • D’une léproserie ?
  • D’un chenil pour chiens chassant le loup (lupus en latin) ?
  • De plants de chênes (rouvres) ?
  • De lupara, nom d’origine celtique qui évoque la proximité d’un cours d’eau ?

Cette dernière hypothèse semble être la plus satisfaisante !

3 - Les vestiges du palais de Charles V

C’est ce roi de France qui transforme le Louvre défensif de Philippe Auguste en une vaste et superbe demeure de plaisance.

Regardez : les célèbres Très Riches Heures du duc de Berry (15e siècle) montrent le Louvre tel qu’il était, du temps de Charles V !

Le Louvre, Très Riches Heures du Duc de Berry

Le Louvre, Très Riches Heures du Duc de Berry | ©zeevveez / Flickr / CC-BY

Parmi les joyaux de ce palais, la librairie du souverain, qui comptait 973 ouvrages, en 1373.

La BNF et plusieurs autres grandes bibliothèques à travers le monde en conservent une partie.

Mais que reste-t-il du Louvre de Charles V ? Peu de chose ! Si ce n’est deux magnifiques statues du roi et de son épouse, la reine Jeanne de Bourbon.

Charles V et Jeanne de Bourbon

Charles V et Jeanne de Bourbon | ©Son of Groucho / Flickr / CC-BY

Ces deux extraordinaires statues, représentant le couple royal grandeur nature, décoraient l’une des deux entrées du palais.

Regardez :

  • le roi tient une petite Sainte-Chapelle entre ses mains ;
  • la reine une Bible.

Des objets détruits à la Révolution, rajoutés au 19e siècle…

4 - L’escalier Henri II, une première en France !

Il porte aussi le nom de Grand Degré... voici l'escalier dit de Henri II !

Reconnaissable entre mille, avec sa voûte à caissons sculptés signée Jean Goujon, couverts des monogrammes d'Henri II, d'amours, de chiens et de têtes de cerfs...

Mais savez-vous en quoi est-il exceptionnel ? Sa rampe droite est une nouveauté, en France, là où l'escalier à vis était la règle absolue !

Ce Grand Degré, inspiré de ce qui se faisait en Italie, sert ensuite de modèles à des hôtels particuliers, notamment l'hôtel de Sully (Paris).

Escalier Henri II

Escalier Henri II | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

5 - La Grande galerie... et ses écrouelles

C'est au premier étage de la Galerie que se déroulait la célèbre cérémonie du toucher des écrouelles, 4 fois par an.

Les écrouelles ? Une maladie d’origine tuberculeuse, provoquant des fistules souvent purulentes, au niveau des ganglions du cou.

Dès le Moyen Age, rois de France et d’Angleterre passent pour pouvoir guérir les écrouelles, en les touchant ! Les fameux rois thaumaturges : « faiseurs de miracles. »

Figurez-vous que les malades se pressaient jusqu’à 1500, dans cette galerie !

Le roi touchait les scrofuleux, en disant la formule : « Dieu te guérisse, le roi te touche ! »

Charles X sera le dernier roi à se plier à cette tradition, en 1825, lors de son sacre.

Grande Galerie

Grande Galerie | ©Mbzt / Wikimedi Commons / CC-BY

6 - La colonnade de Perrault et sa fabuleuse machine

Ce chef-d’œuvre du classicisme, long de 178 mètres, construit entre 1667 et 1670, porte le nom de colonnade de Perrault, du nom de l’architecte Claude Perrault.

En est-il le concepteur, ça, c’est un mystère ! Sont aussi évoqués les noms de Louis Le Vau et Charles Le Brun...

En attendant, une fois la colonnade achevée, ne restait qu’à élever le fronton central.

Perrault se met en tête de n’utiliser qu’une seule pierre, pour chaque côté de son fronton.

Colonnade du Louvre

Colonnade du Louvre | ©Szilas / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Il fait extraire une énorme pierre, des carrières de Meudon, qu’il fait scier en deux blocs longs de plus de 17 m.

On les amène à grand peine sur place, on les taille, puis, au moment de les hisser, problème ! On n’y arrive pas !

Perrault doit commander une immense machine au charpentier Ponce Cliquin, conçue exprès, à grands frais, achevée au bout de deux ans.

Machine utilisée pour la colonnade (1677)

Machine utilisée pour la colonnade (1677) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Les pierres sont finalement posées en 1674.

Mais aussitôt, crac : le gel les fend. Il faut, pour en assurer leur solidité, y insérer tiges et agrafes de fer... qui finissent par rouiller.

Décidément, quand ça ne veut pas ! Le travail sera à refaire entièrement en 1756 !

7 - 1793, l’inauguration du musée actuel

En 1793, le palais royal du Louvre devenait… le musée que l’on connaît tous, aujourd’hui !

Un an avant, en 1792, le ministre de l’Intérieur Roland ouvrait le palais au public, sous le nom de « Muséum des Arts. »

Y sont exposées des œuvres d’art issues des collections royales, tout comme celles confisquées aux nobles émigrés et au clergé.

L’inauguration a lieu dans la Grande Galerie, le 10 août 1793... anniversaire de la chute de la monarchie, bien sûr ! Le Muséum se transforme en novembre de la même année en musée permanent.

La semaine traditionnelle ayant été transformée par la Révolution en décade (10 jours),

  • les 6 premiers jours étaient réservés aux artistes et aux copistes ;
  • les 3 suivants au peuple, aux visiteurs ;
  • et le 10e jour au nettoyage !
Le Louvre vers 1800

Le Louvre vers 1800 | ©Rijksmuseum / CC0

8 - Le pavillon de Flore et le Comité de salut public

Bien que le pavillon de Flore actuel date du temps des travaux de Napoléon III, il rappelle la sombre époque de la Révolution, à l’heure où le Comité du salut public occupait ses murs...

Le Comité voit le jour en avril 1793. Il doit faire voter les lois majeures, à une époque où la jeune République est en danger, avec notamment la menace d’invasion des puissances européennes.

Le Comité se compose de 12 députés élus. Ils se réunissent dans ce pavillon, renommé pavillon de l’Égalité en 1793, dans les anciens appartements de la reine Marie-Antoinette.

Pavillon de Flore

Pavillon de Flore | ©Kimberly Vardeman / Flickr / CC-BY

9 - Napoléon III

Les rois de France l’avaient rêvé pendant des siècles : achever le Louvre, réaliser le « Grand Dessein »… Napoléon III l’a fait !

Dès 1851, le futur empereur charge l’architecte Visconti de relier les Tuileries au Louvre, et de créer un palais alliant fonction résidentielle, espace administratif et musée.

La salle du Manège est peut-être le plus méconnu des espaces Napoléon III, au Louvre.

Aménagée par l’architecte Lefuel entre 1855 et 1857, elle porte ce nom, car elle servait aux exercices équestres de l’empereur.

Une fonction rappelée dans le décor sculpté des chapiteaux, qui s’ornent de têtes de chevaux et d’animaux (ours, renards, hérons) ainsi que d’attributs de chasse.

On doit cet étonnant décor à de fabuleux sculpteurs animaliers :

  • Alfred Jacquemart (l’auteur des dragons de la fontaine Saint-Michel) ;
  • Emmanuel Frémiet (le saint Michel tout au sommet du mont normand du même nom, c’est de lui).
Salle du Manège

Salle du Manège | ©-JvL- / Flickr / CC-BY

10 - Le jardin de l’Infante... et ses momies

Connaissez-vous le jardin de l’Infante ? Il s’agit de cet espace orné d’un parterre de broderies de buis, entre le Louvre et la Seine.

Il porte le nom de la petite infante Marie-Victoire de Bourbon, éphémère fiancée d’un Louis XV adolescent.

Mais l’anecdote n’est pas ici… il s’agit d’évoquer les momies qui, un temps, se sont retrouvées inhumées dans ce jardin !

Des momies arrachées de leur tombeau égyptien par la campagne expéditionnaire et scientifique de Bonaparte en 1801, envoyées en France moisir (c'est le mot) sous les cieux humides de Paris.

Jardin de l'Infante

Jardin de l'Infante | ©Jason Riedy / Flickr / CC-BY

Elles se retrouvent en dépôt au Louvre. Mais les pauvres dépouilles, mal conservées, soumises à une humidité inconnue jusqu’alors, commencent à se décomposer !

Il faut les enterrer au plus vite.... alors, on creuse un grand trou dans le jardin, suffisamment profond pour contenir les mauvaises odeurs.

L’histoire n’est pas finie ! Les corps des victimes de la Révolution de 1830 viennent bientôt les rejoindre, dans la même fosse.

Il est prévu de les inhumer sous l’actuelle colonne de Juillet, place de la Bastille, achevée seulement en 1840.

A cette date, les corps des insurgés sont exhumés en même temps que les deux momies, le tout ré-inhumé sous le monument !

Sources

  • Geneviève Bresc-Bautier. Le Louvre : une histoire de palais. Musée du Louvre Éditions, 2008.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
  • Ludovic Vitet. Le Louvre. 1853.
  • Jacques Hillairet. Le palais du Louvre : sa vie, ses grands souvenirs historiques. 1961.
  • Georges Poisson. La grande histoire du Louvre. Perrin, 2013.
  • G. Lenotre. Paris révolutionnaire. 1895.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !