Le traité de Madrid, le point de départ
En pleines guerres italiennes contre Charles Quint, François Ier était fait prisonnier par l’empereur à la bataille de Pavie, le 24 février 1525.
Direction… la case prison, à Madrid ! Avant une hypothétique remise en liberté, il doit signer un traité, celui de Madrid.
- François doit renoncer (en tous cas sur le papier) à ses prétentions sur l’Italie, l’Artois, la Flandre ;
- Il s’engage surtout à céder la Bourgogne à Charles Quint, et à épouser la sœur de celui-ci, Éléonore d’Autriche.
Le Français compte bien ne pas tenir ses promesses, une fois dehors !
Charles Quint est-il dupe ? Pas vraiment ! Il exige donc du roi de France de retenir ses deux fils en otage (dont le dauphin, futur Henri II).
Et si, dans un délai de quatre mois, François ne ratifiait pas le traité, il s’engageait à retourner dans sa prison espagnole.
Faire face à un empereur tout-puissant !
François Ier, remis en liberté le 17 mars 1526, ne pense qu’à casser le traité de Madrid ! Et ne pas tenir ses engagements.
S’il épouse effectivement Éléonore l’Autrichienne, François Ier ne respecte pas les autres clauses du traité. Il compte bien garder la Bourgogne, par exemple. Et former un « bloc » face à l’empereur.
La mère du roi, Louise de Savoie, régente en l’absence de son fils prisonnier en Espagne, était parvenue à rassembler une coalition d’États européens, que la toute puissance de Charles Quint inquiétaient.
Il fallait arrêter cet empereur, mettre fin à ses guerres « qui désolent la chrétienté » et lui barrer « le chemin qui le mènerait à la monarchie de la chrétienté. »
La ligue de Cognac allait naître, au sein du château natal du roi de France !
La ligue de Cognac : qui fait bloc ?
Le roi Henri VIII d’Angleterre, désormais en paix avec la France, se déclare « protecteur » de cette ligue.
Autour de lui, on trouve la République de Venise, le duché de Milan, mais surtout le pape Clément VII.
De son vrai nom Jules de Médicis, il est le neveu du célèbre Laurent le Magnifique, parent de la future Catherine de Médicis !
Saviez-vous, d’ailleurs, qu’Henri VIII est à l’époque où nous parlons, obsédé par une idée (et cela a un rapport avec le pape) ?
Se débarrasser, « divorcer » de son épouse Catherine d’Aragon, la tante de Charles Quint. Pour pouvoir épouser sa nouvelle lubie, Anne Boleyn.
Clément VII, lui, n’a aucune intention de faire annuler le mariage !
De ce désaccord naîtra le schisme anglican ou Réforme anglaise, au cours de laquelle l’Église anglaise rompt avec l’autorité papale et l’Église catholique romaine.
La Bourgogne : la céder ? Et puis quoi encore !
Pendant ce temps, du côté de l’empereur, on commence à s’agiter. Quint envoie des émissaires à Cognac, rappeler au roi qu’il a des engagements à tenir.
L’un d’eux, Lannoy, écrit à l’empereur le 7 avril 1526 que le roi de France « prend délai à faire ce à quoi il est tenu. »
François Ier fait part de son désir de préserver son amitié avec celui qui était devenu son beau-frère. Il était même prêt, finalement, à respecter les clauses du traité de Madrid, sauf... celle de céder la Bourgogne !
Une perte trop lourde, pour la France... En échange, François se dit disposé à payer 2 millions d’écus.
À cette nouvelle, l’empereur entre dans une colère noire. Quel manque de parole ! Quelle défiance, en plus, et quel mépris !
Quint ne compte pas négocier : si François ne veut rien entendre, il doit retourner en prison, comme il s’y était engagé, si le traité n’était pas respecté !
La signature de la ligue, enfin
Pendant que François et Charles se prennent le bec, des ambassadeurs italiens (princes, seigneurs, prélats) arrivent en masse au château de Cognac, afin de féliciter le roi de sa libération, et l’encourager à ne pas respecter le traité de Madrid.
Au château débarquent également les députés aux États de Bourgogne... en présence des envoyés de Charles Quint, médusés. Des Bourguignons qui clament haut et fort leur désir de rester français !
Le 16 mai 1526, le conseil royal indique à Lannoy que le traité de Madrid a été signé sous la menace et la contrainte : il ne peut donc pas être respecté !
Et le 22 mai, tout ce petit monde signait la « Sainte Ligue » ou traité de Cognac, au château de Cognac.
La suite ?
Un troisième conflit commence immédiatement après la signature de la ligue de Cognac, contre Charles Quint.
La Paix des Dames ou Paix de Cambrai, signée en 1529, n’est qu’une étape de plus, avant la prochaine et énième guerre entre l'empereur et le roi de France !
Sources
- Janine Garrisson. Royauté, Renaissance et Réforme (1483-1559). Éditions du Seuil, 2014.
- Juan Carlos d'Amico, Alexandra Danet. Charles Quint : un rêve impérial pour l'Europe. Perrin, 2022.
- François Mignet. Rivalité de François Ier et de Charles-Quint (tome 2). 1875.