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Montauban à l'origine de l'expression « faire les 400 coups » !

Quand : 17 août 1621 - 18 novembre 1621

Eglise St-Jacques, Montauban | ©Calips / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Église paroissiale Siège Expression française Louis XIII Église Saint-Jacques de Montauban

Des vestiges dans la pierre

L'église Saint-Jacques de Montauban garde les traces du siège de la cité, qui est à l'origine de l'expression « faire les 400 coups » !

Sur sa façade se voient les impacts de boulets de canons de ce siège, qui dura du 17 août au 18 novembre 1621, ordonné par le jeune Louis XIII.

Traces de boulets sur le clocher de l'église

Traces de boulets sur le clocher de l'église | ©BastienM / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Le contexte : des troubles religieux dans le royaume

Le père de Louis XIII, Henri IV, avait mis fin à 40 années de guerres sanglantes entre protestants et catholiques, avec l’Édit de Nantes, en 1598.

Celui-ci assurait liberté de cultes, ainsi que droits civiques et politiques aux protestants, tout en leur accordant plusieurs places-fortes, à travers le royaume. Dont Montauban et La Rochelle.

Mais ces cités protestantes allaient devenir de vrais États dans l’État... une menace, pour le pouvoir royal, vous voyez !

De plus, le roi veut imposer le catholicisme dans toute la région montalbanaise, ce qui provoque des émeutes.

Il faut aller mater ces révoltes ! Cap sur Montauban, donc.

Louis XIII en 1622

Louis XIII en 1622 | ©Rijksmuseum / CC0

Les forces en présence

Le 17 août 1621, le roi s'installe non loin de Montauban.

  • Il dispose de 25 000 hommes, 38 canons.
  • En face, derrière les remparts de la cité tarn-et-garonnaise, 6000 hommes et 40 canons.

Le siège de la ville peut commencer !

À la tête de l’armée royale, on trouve le connétable Charles d’Albert, duc de Luynes.

Luynes ! Le célèbre favori de Louis XIII !

Qui en fait à l’époque, n’est déjà plus le favori du roi, loin de là : il s’apprête, en plus, à connaître une belle défaite, à Montauban...

Le compte précis des coups de canons tirés !

Les canons tonnent dès le 1er septembre, sans discontinuer, les jours qui suivent.

Ce premier jour, la quarantaine de canons crache toute la journée... 804 boulets.

847 le jour suivant, 608 le troisième jour, d’après des notes consignées par un témoin de l’époque.

Au total, jusqu’au 1er novembre, ce sont 20 000 coups de canons qui tonnent !

Les fameux 400 coups auraient été tirés, de manière ininterrompue, le 20 septembre 1621, afin de venger la mort du duc de Mayenne au combat, raconte l’historien Georges Passerat.

Siège de Montauban (1621)

Siège de Montauban (1621) | ©Rijksmuseum / CC0

Les 400 coups et le moine espagnol

Une légende raconte que c’est un moine espagnol du nom de Domingo de Jesus Maria qui aurait « donné l’ordre » au roi de tirer 400 coups de canon.

Ce carme déchaussé « arrive précédé d’une grande réputation pour les avis et prédictions en fait de batailles. »

Celui que l’on considérait comme un saint et un prophète recommande ainsi à Louis XIII de faire tirer 400 coups de canons, dans la ville, histoire d'apeurer les habitants et les forcer à se rendre.

La méthode est in-fa-illible, précise-t-il ! Oui, bon...

Louis XIII ordonne à Bassompierre de tirer ces 400 coups. En vain !

Les assiégés résistent, bientôt ravitaillés et soutenus par le duc de Rohan, qui réussit à les rejoindre, en passant par l’arrière des remparts de la ville.

Montauban

Montauban | ©Didier Descouens / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La fin du siège de Montauban

Le siège de la cité protestante s'achève le 18 novembre 1621.

Au final : on compte 1500 morts côté Montauban, 15 000 du côté des armées du roi.

La résistance de la cité, face à une armée supérieure en nombre, a longtemps fait parler d’elle !

Il faut attendre le terrible siège de La Rochelle la protestante, en 1628, et la victoire du roi, pour que Montauban signe sa reddition, en août 1629.

Les remparts, qui avaient si bien résisté aux 400 coups des armées du roi, se font raser, pour ne jamais être reconstruits.

Quid de l'expression « faire les 400 coups ? »

L'expression est, en réalité, apparue au début du 19e siècle, basée sur l’histoire du siège de Montauban.

Le nombre de coups varie avec le temps, explique Jean Maillet dans son livre 500 expressions décortiquées (2019) !

  • 4 coups en 1792 dans le journal Le Père Duchesne : « A la porte des Jacobins, il faut être sans culotte, ressembler à un brigand et un scélérat, capable de faire les quatre coups » ;
  • 100 coups chez Balzac et son César Birotteau (l'expression apparaît dès le tout début du 19e siècle, dans les dictionnaires) ;
  • 119 coups en 1877, chez Zola et son Assommoir ou chez Proust dans A la recherche du temps perdu ;
  • 499 coups chez Labiche, en 1850 ;
  • 519 coups, carrément, pour le critique littéraire Désiré Nisard, en 1876 !
  • Qui dit mieux ? Balzac (encore lui), avec 100 000 coups, en 1835, dans le Père Goriot !

Sources

  • Alain Rey, Sophie Chantreau. Dictionnaire d’expressions et locutions. Le Robert, 2012.
  • Jean Maillet. 500 expressions décortiquées. Éditions de l'Opportun, 2019.
  • Abel Hugo. France historique et monumentale. 1843.
  • Article du quotidien en ligne La Dépêche. 400 ans des 400 coups à Montauban (9/11) : feu à volonté, 15 927 coups de canon. 09/09/2021.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !