Unis contre l'Anglais
Tout commence lorsque la terre d'Aubigny se retrouve rattachée au domaine royal, au 12e siècle.
Le roi la donne en apanage au comte d’Évreux, son petit neveu, 2 siècles plus tard. Puis Aubigny passe au duc Jean de Berry.
Et nous voilà au moment charnière : quelques années après sa mort en 1416, le roi Charles VII va faire entrer Aubigny en Écosse...
Imaginez une horde de 30 000 Écossais, au temps de Jeanne d'Arc, venus prêter main forte au roi Charles VII, pour combattre les Anglais...
En remerciement, certains reçoivent des « lettres de naturalité »... Bye Bye Scotland ! Bonjour la France.
Un de ces Écossais nous intéresse : il s'agit de Jean Stuart de Derneley, qui arrive en France avec ses hommes.
Une pluie de récompenses
En mars 1421, Stuart contribue à la victoire de Baugé, où plusieurs grands personnages anglais trouvent la mort, comme le frère du roi Henry V le duc de Clarence.
En récompense de son grand courage, le roi promet à Derneley une rente annuelle de 2000 livres tournois.
Mais le trésor royal est à sec ! Le roi ne peut pas tenir son engagement... plutôt embêtant !
Il lui donne à la place les châteaux, villes et châtellenies de Concressault et de la Verrerie.
Mhhh... L’Écossais a de quoi faire la moue ! Un fieffé radin, ce roi, oui ! Ce n'est pas grand-chose par rapport à l'aide précieuse apportée...
Aussi, en mars 1423, Charles VII lui donne les ville, terre, château et châtellenie d'Aubigny-sur-Nère avec les revenus, rentes, justices et autres droits en dépendant.
Voilà qui est mieux !
Une pointure, ce Jean !
Mais Jean, déjà blessé à l’œil à la bataille de Crevant, meurt en 1429 après la bataille de Patay, lors de la journée des Harengs.
Mais vous savez quoi ? Son fils Jean II aura le droit de porter sur ses armes le lys de France !
Son fils à lui, Béraud Stuart, devient bailli du Berry et ambassadeur de France en Italie.
Il se retrouve combattant bravement en Italie, aux côtés de Charles d'Amboise, seigneur de Meillant... c'est un « preux chevalier » comme on le décrit alors dans les chroniques, un « chevalier sage, bon et honorable » comme dit Commynes, voire un chevalier « sans peur et sans reproche » en diront ses contemporains, comme Bayard !
Pour vous montrer l'importance du personnage, figurez-vous que le roi espagnol Ferdinand le Catholique, venu en pourparlers avec Louis XII en 1507, débarque en personne à Aubigny, pour le saluer !
L’Écossais n'a pas d'oursins dans la poche
Puis, la lignée des Stuarts se continue...
L'aspect actuel du château date probablement des travaux entrepris par Robert Stuart, comte de Beaumont-le-Roger au 15e siècle.
Il s'inspire d'ailleurs de son château voisin de la Verrerie, qu'il vient juste d'achever !
Robert, c'est un homme généreux.
Après l'incendie qui dévaste la ville d'Aubigny en 1512, il permet aux gens de se servir copieusement en bois, dans les forêts alentours !
Ce qui fait que les maisons du centre-ville ont été construites grâce à la générosité de notre Écossais...
Sources
- Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
- Lady Elizabeth Cust. Some Account of the Stuarts of Aubigny in France. 1891.
- B. Zeller. Louis XII, père du peuple : extraits du cérémonial français. 1889.