Sel et Anglais
L'enceinte qui entourait autrefois Thouars, construite au 13e siècle, était colossale : 10 m de haut, 4 km de long, 40 tours !
Et elle existe encore en partie. Le plus beau vestige reste la tour du Prince de Galles (12e siècle), un ancien entrepôt à grain.
Elle sert même un moment de prison, pour les contrebandiers de sel, au 17e siècle : les faux-sauniers.
Les cages de bois que l’on voit toujours aujourd’hui datent de cette époque.
On a aussi la porte au Prévost : la porte que le vicomte de Thouars Amaury est forcé d’ouvrir à du Guesclin, le 30 novembre 1372, après 5 mois de siège.
Un siège qui s’est déroulé entre la porte Prévost et la tour du Prince. C’est parti !
Le siège de Thouars de 1372
Ils sont partout !
Petit retour en arrière. À l’époque, la région de Thouars, le Poitou, appartient aux Anglais.
Et du Guesclin se fait envoyer par le roi de France pour reconquérir la ville, avec ses 30 000 hommes...
On est en pleine guerre de Cent Ans. En ce milieu de 14e siècle, l’Angleterre d’Édouard III contrôle une grande partie de la France. Thouars y compris, avec tout le Poitou.
À cause du traité de Brétigny (1362). Une trêve de 10 ans pendant la guerre, oui, mais qui cède aux Anglais Guyenne, Gascogne, région de Calais, Poitou, Périgord, Limousin, Angoumois (région d’Angoulême) et Saintonge (actuelle Charente-Maritime).
Bref, une énorme partie du Sud-Ouest de la France. Alors voilà.
Le roi de France n’a pas dit son dernier mot. Il compte bien récupérer ses terres, petit à petit.
Machines de guerre
Et pour cela, il peut compter sur son armée et surtout son fidèle du Guesclin.
Qu’il envoie en juin 1372 à Thouars, avec ses 30 000 hommes.
Dont de célèbres et puissants combattants : Olivier de Clisson, Philippe le Hardi duc de Bourgogne, le duc Jean de Berry...
Mais la ville de Thouars est très bien protégée.
Ses remparts, ses fossés sont si profonds et si larges, qu’il faut des semaines rien que pour les combler et installer les machines de guerre.
Le chroniqueur Froissart raconte :
« Les assiégeants avaient fait faire à Poitiers et à La Rochelle grands engins et canons, dont ils assaillirent et travaillèrent grandement ces Poitevins. »
Mais les machines sont toutes faiblardes, face aux remparts puissants de Thouars !
D’autres machines leur permettent d’ouvrir une large brèche : les deux camps peuvent enfin se taper dessus...
La tempête qui fiche tout à l'eau
Mais des milliers de morts plus tard, on n’aboutit toujours à rien, des mois après le début des hostilités.
Un traité est signé : on décide que quoi qu’il arrive, la ville se rendra le 30 novembre suivant.
À condition, of course, qu'elle ne se fasse pas secourir par le roi anglais...
Le roi en question, Édouard III, file alors illico sauver Thouars des griffes françaises.
Il ne rentrerait pas chez lui « sans avoir reconquis tout ce que perdu avait, ou perdu tout le demeurant. »
Mais des tempêtes successives l’empêchent de traverser la Manche...
Il reste 9 semaines dans la flotte, avec ses 14 000 hommes.
Et comme il n’allait pas arriver à temps, il rebrousse chemin, « le cœur moult courroucé » ! Et voilà.
On est le 30 novembre 1372, au coucher du soleil.
Après ces 5 mois de siège, la ville de Thouars se rendait et se faisait définitivement rattacher au royaume de France.
Sources
- L. H. Martin. Histoire de France. 1840.
- Chroniques de Froissart.
- Article Puissance des vicomtes de Thouars. Revue anglo-française (tome 5). 1837.