Sus à la secte !
12e siècle. La secte des Henriciens fuit les persécutions et trouve refuge à Gavaudun.
Une secte fondée par un ermite, Henri, et qui refusait tout ce qui faisait le culte habituel : les églises en elles-mêmes, la messe, les rites, les chants, etc.
Mais de fanatiques, ils se transforment en pillards !
Alors, en 1165, l'évêque de Périgueux Jean d'Assida assiège le château, pour les forcer à se rendre.
Ce qu’ils font ! Et d’Assida fait raser le château.
La légende murmure que le trésor des Henriciens serait encore quelque part dans la forteresse...
Marguerite de Lustrac
C'est qui, la plus belle ?
Une certaine Marguerite de Lustrac naît au château, au 16e siècle... Marguerite ?
Une des plus belles plantes du moment ! Brantôme l'immortalise même dans ses Dames galantes.
Marguerite, donc, est la fille d'Antoine II de Lustrac et de Françoise de Pompadour.
Une beauté comme sa mère, amie de Marguerite d'Angoulême, la sœur de François Ier !
Lorsque Françoise meurt, les poèmes n’en finissent pas de fleurir.
L’un d’eux finissait par : « Des pleurs s'en est la Seine redoublée, Et je crois que moins n'en a fait la Garonne » !
Belle comme maman, terriblement ambitieuse, riche, Marguerite hérite du château.
Elle passe sa vie à la Cour, où on la place au rang des princesses, dans les plus belles tenues qui soient.
Ni cœur, ni main
Puis en 1544, Marguerite épouse Jacques d'Albon de Saint-André, capitaine des ordonnances du roi François Ier. Bon. Sauf que son mari meurt à la guerre !
Bah, elle en trouve un deuxième, Geoffroy de Caumont, un protestant.
« N’ayant ni cœur, ni main, ni jugement » dit Théodore de Bèze. Pas vraiment beau et pas fier pour un sou, dit Brantôme, qui ajoute que Marguerite a un jour épousé le plus beau et courageux des hommes (d’Albon), pour ensuite épouser tout son contraire !
Il est d'ailleurs empoisonné en 1574 par un des frères Commarque... avec des champignons !
Siège et croûtes gluantes
La pauvre Marguerite se retrouve enceinte et seule dans son château de Gavaudun. Bien seule !
Et toute déboussolée lorsqu’on l’assiège au moment des guerres de Religion.
Elle a recours à l'aide du futur Henri IV, qui lui envoie son fidèle serviteur, Geoffroy de Vivans... qui lui récupère son château.
Blessé, le sieur fait sa convalescence à Gavaudun, « où le chirurgien le fit demeurer huit jours sans boire ni manger que des gelées, des pruneaux et croûtes gluantes... » !
Marguerite se retire sur sa terre des Milandes et lègue sa terre à sa fille Anne de Caumont.
On sait la vie peu banale qu'a la demoiselle, au château de Castelnaud...
Malheureux au jeu
Au 17e siècle, le seigneur de Gavaudun, le sieur d'Auray de Brie, perd au jeu.
Sauf qu'il a eu la mauvaise idée de miser... son château !
On compose alors une petite chanson là-dessus, alors que le roi d'Angleterre Jacques II trouvait refuge en France chez Louis XIV...
« Le roi Jacques et Gavaudun Ont tous deux un sort commun : L'un vient de perdre l'Angleterre, Au jeu l'autre a perdu sa terre. »
Plusieurs propriétaires se succèdent ensuite... jusqu'à la Révolution.
Parait-il qu'à cette époque (en 1793), le château était encore debout, « parfaitement habitable. »
Sauf que l'on reçoit l'ordre de le démanteler et de vendre les ruines comme bien national. Gavaudun reçoit son classement en tant que monument historique en 1987 et aujourd'hui, il se visite !
On visite quoi, au château ?
Assis sur son bloc de 300 m de long et 40 de haut, le moins qu'on puisse dire, c'est que la forteresse de Gavaudun est imprenable !
Regardez un peu ces hauts murs...
Mis à part le donjon, tous les bâtiments sont en ruine : le donjon primitif remonte au 12e siècle, reconstruit au 14e siècle ; il compte 6 étages.
L'ancien corps de logis aujourd'hui ruiné mesurait 30 m de long sur 10 de large environ.
À l'intérieur, on trouvait un rez-de-chaussée et un étage.
Mais son mur extérieur n'avait que 0,70 cm d'épaisseur ! Bizarre, pour une forteresse défensive, non ?
Il semble que Gavaudun, imprenable de tous les côtés, n'avait pas besoin de puissantes murailles pour le défendre !
Car de toutes façons, qui aurait pu grimper ou atteindre le château d'un coup de canon... personne !
Source
- Philippe Lauzun. Le château de Gavaudun en Agenais : description et histoire. 1899.