Les légendes et les fantômes du château de Blandy

Château de BlandyChâteau de Blandy | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Partons à la découverte des légendes et autres histoires de fantômes, qui hantent la forteresse de Blandy-les-Tours...

Le grand veneur

Commençons par la légende du grand veneur. Le comte de Soissons, Charles de Bourbon (propriétaire du château de Blandy), accompagne un jour le roi Henri IV, en forêt de Fontainebleau.


Soudain, un bruit. Un ronflement clair, parfois plus distant, porté par un vent glacial à l’odeur de mousse profonde. Des cors graves, des voix rauques de chiens de chasse. À mesure que la nuit tombe, le bruit devenait de plus en plus inquiétant. Bourdonnant. Le fantôme du grand veneur à la tête de sa chasse infernale, c’était lui !


Le roi veut en avoir le cœur net et se lance à la poursuite du bruit. Quand il revient, il est livide ! Il a cru voir l’ombre d’un géant, à travers les feuilles. Qui lui murmure : M’entendez-vous ? À l’oreille, distinctement. Trop clairement pour que l’on prenne ça pour la voix du vent. Et puis... plus rien.


Trois ans plus tard, le comte de Soissons meurt dans son château de Blandy : on murmurait le soir au coin d'un feu ronflant, que le fantôme du grand veneur entre dans sa chambre, pour son dernier soupir...

Les spectres de la Toussaint

À minuit, vers la Toussaint, on voyait un groupe de fantômes fendre les airs glacés et sombres, et faire plusieurs fois le tour des tours du château-fort de Blandy.


Les ectoplasmes finissaient par s’arrêter devant la tour ronde, à l’entrée du château, avant de se volatiliser... jusqu’à l'année suivante !

La légende de Marie d’Harcourt et Dunois

Au 15e siècle, l’héritière de Blandy s'appelle Marie d’Harcourt.

La plus belle des héritières du royaume, convoitée par tous les grands chevaliers de la cour de Charles VII. L’un d’eux, Erard de Montargis, organise un grand tournoi près de Romorantin, le 1er mai 1429. Marie y assiste, assise à côté de la reine.


Un homme se distingue : un certain Dunois, dit le Bâtard. Vous savez ? Le compagnon d'armes de Jeanne d'Arc ! Le combat entre Erard et Dunois est féroce. Combat à mort. Un cri, soudain, dans les tribunes. Marie... elle s’est évanouie... elle a eu peur... elle aime Dunois de tout son cœur, en secret ! Et ça... ça met Erard hors de lui ! Il a vu, l’amour que Marie porte à Dunois, le jaloux ! Alors, imaginez quand Dunois triomphe d'Erard...


Pour se venger, ce dernier décide d’assiéger Blandy. Avec Marie seule dedans, réfugiée dans la tour carrée. Poursuivie par Erard, arrivée en haut du donjon, prise au piège, elle se jette dans la gueule béante du vide.


Heureusement, entre temps, deux vassaux étaient partis prévenir Dunois. Il hurle de douleur... arrive-t-il trop tard ? Il pense que Marie est morte. Il tue Erard et sa garde et la trouve finalement étendue à terre, saine et sauve : une épaisse couche d'herbes avait amorti sa chute... Et un mois plus tard, Marie épousait Dunois !

La légende de l’arbre maudit

Revoilà Dunois, pour cette dernière légende ! Qui, après avoir épousé Marie d'Harcourt, on vient de le voir, part un temps loin de Blandy. Pendant son absence, c’est un certain Gavi, qui s’occupe des affaires courantes. Un vilain, cupide, qui volait les revenus de son seigneur et faisait pendre tous ceux qui se dressaient contre lui !


Il passait ses journées seul avec son gros molosse, dans les bois voisins. Seul, des heures entières, assis au pied d’un gros chêne frappé par la foudre, que les gens du coin appelait l’arbre maudit. C’était là qu’un des barons de Blandy avait été tué par son frère, autrefois...


Depuis ce meurtre, on voyait errer l’âme du mort, la nuit tombée : ses gémissements rauques et sinistres s'échappaient du tronc de l’arbre mort... Ah ? Vraiment ? En fait... pas tout à fait ! Je vous le confesse : ces gémissements ont une explication rationnelle.


Gavi s’était fait la belle, avec l'argent de Dunois. Disparu, Gavi. De retour à Blandy, plus tard, Dunois décide un jour de faire abattre le chêne maudit, redouté par tous. Et là... On découvre un corps dans le creux de l’arbre, avec un coffre portant l’écu de Dunois : Gavi ! Il avait fui château et s’était réfugié dans l’arbre. Le vieux tronc s’était écroulé sur lui et coincé, il était mort dedans. D’où les gémissements...

Sources

  • Alexandre Bailly. Mystères des vieux châteaux de France ou amours secrètes des rois (volume 2). 1848.
  • Patrice Boussel. Guide de l’Ile-de-France mystérieuse. Éditions Tchou, 1969.