Les jardins du château de Canon

De 1760 à 1780

Les chartreusesLes chartreuses | ©isamiga76 / CC-BY-SA

On vient à Canon pour son parc ; pour ses chartreuses plantées autrefois d'arbres fruitiers, remplacés par des profusions de fleurs ; ses fabriques ; ses statues qui donnent un petit air d'Italie à ce bout de campagne normande...

Marbre de Carrare et vers de Boileau

Autour du château de Canon, construit par le célèbre avocat Jean-Baptiste-Élie de Beaumont, les pelouses s’animent de statues en marbre de Carrare, commandées en Italie : personnages mythologiques, de la comédie italienne…

Avec sa vue sur le miroir d’eau alimenté par le Laizon, le fronton de la façade du château était orné de ces vers imités de Boileau, qui évoquent à merveille les jardins :

« Ô rives du Laizon, Ô Champs aimés des cieux, Que pour jamais foulant vos prés délicieux Ne puis-je ici fixer ma course vagabonde Et, connu de vous seuls, oublier tout le monde. »

Jardins de CanonJardins de Canon | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Des fabriques typiques du 18e siècle

Ce qui fait le caractère remarquable des jardins de Canon, c’est d’avoir conservé intact l’ensemble de ses fabriques.

De petits monuments décoratifs très à la mode, au 18e siècle, sous l’influence de philosophes et d’artistes comme Watteau ou Hubert Robert.

  • Le Temple de la Pleureuse : Jean-Baptiste-Élie de Beaumont le fait construire à la mémoire de son épouse, décédée en 1783, et à laquelle il tenait beaucoup ;
  • Le colombier Renaissance remanié par Beaumont, avec son fronton triangulaire orné de l’inscription « deux pigeons qui s’aimaient d’amour tendre » ;
Kiosque chinois de CanonKiosque chinois de Canon | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
  • Le kiosque chinois, qui provient de l’ancien château parisien des Ternes, détruit en 1780 ;
  • Les 13 chartreuses sont aussi une création de Beaumont. C’est une enfilade de jardins fruitiers, coupés par de hauts murs, chacun percé d’une ouverture en plein cintre. À l’époque, chaque « salle » gardait la chaleur, faisant office de serres.
Colombier de CanonColombier de Canon | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Inspiration anglaise

Élie de Beaumont a rencontré en Angleterre le paysagiste William Kent.

Il est considéré comme l’inventeur des jardins à l’anglaise, mais aussi architecte du célèbre 10 Downing Street... Kent lui inspire la création des jardins de Canon.

Beaumont écrit à son jardinier en 1781 :

« Vous vous attachez toujours à me faire ce terrain uni comme une glace et point du tout de petites buttes par-ci, par-là ; loin de mal faire, elles feraient un bon effet dans le goût anglais et vous épargneraient bien des transports de peine et de terre. Vous feriez ces petites bulles avec de la pierraille mauvaise et deux bons pieds de bonne terre par-dessus, pour y mettre par-ci, par-là, du gazon, des arbrisseaux, des touffes de fleurs. Pensez bien à cela ! »

Beaumont fait planter, comme c’est la mode alors, des arbres venus de pays lointains : cèdre de Virginie, pin de Prusse.

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Moulin-Vicaire. M. Élie de Beaumont et le château de Canon de 1768 à 1786. Annales de Normandie, 1958 (8ᵉ année, n°3).
  • Un témoin du 18e siècle menacé : le château de Canon. Sites et monuments, janvier 1983 (n°100).