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Les histoires cachées derrière les coucougnettes du Vert Galant

Quand : 1998

Coucougnettes | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Spécialité Henri IV

Késako ?

Que se cache-t-il derrière cette gourmandise rose et ronde, spécialité culinaire de la ville de Pau ?

Une amande grillée au chocolat, enrobée de pâte d'amande à la framboise et à l’armagnac...

Une confiserie créée par Francis Miot, un confiseur qui a aussi sorti les tétons de la reine Margot...

La petite histoire

Des maîtresses en pagaille

Des coucougnettes pour un roi amateur de belles femmes !

Un roi que l'on surnomme le Vert Galant, vous le savez.

Mais d'où vient ce surnom ? Vert galant désigne un homme d'un certain âge, entreprenant envers la gente féminine.

Il est vrai qu'Henri a eu une cinquantaine de maîtresses (je ne vous parle même pas des enfants illégitimes) :

  • Charlotte de Sauve, « la cuisse longue et la fesse alerte » dit une mauvaise langue !
  • la belle Rouhet ;
  • Louise Borré ;
  • Esther Imbert, la belle Rochelaise ;
  • la belle Corisande ;
  • sans oublier les plus connues, Gabrielle d'Estrées, Charlotte des Essarts et Henriette de Balzac d'Entragues.

Des conquêtes qui coûtent cher au roi : bijoux, vêtements... ces dames ont des besoins luxueux, qu'il satisfait à grands coups de pensions.

Tenez, prenez Henriette d'Entragues. Elle arrive 2 mois à peine, après la mort de Gabrielle d'Estrées.

Ça ne rate pas : Henri en tombe fou amoureux !

Favorite royale, d'accord, mais la jeune femme négocie 100 000 écus de rente et la promesse écrite de son royal amant, qui dit qu'elle montera sur le trône, si elle accouche d'un garçon avant un an...

Un amant qui sent bon l'ail

Boire, manger, aimer, le roi n'en rate pas une !

Il est comme ça, Henri : il a eu la bouche frottée avec de l'ail et du jurançon par son grand-père, à sa naissance (ça vous fortifie un bébé).

On l'a élevé dans les montagnes sauvages des Pyrénées-Atlantiques dans le château de Coarraze, avec les gamins du coin.

Il a besoin de longues chevauchées à cheval, de bonne chère, de banquets... et de femmes !

Il a l’œil vif, la barbe qui frise, une fière allure, le Béarnais ! Alors oui, les femmes craquent...

Ah, pourtant, c'est qu'il pue comme une charogne, comme le rapporte l'une de ses maîtresses !

Oui, il pue, ne prend jamais de bain, aime l'ail plus que tout, et à la fin de sa vie arbore une vilaine bouche remplie de chicots un peu gâtés...

Mais que voulez-vous, l'amour, ça ne se commande pas...

Allez, parlons de quelques unes de ses maîtresses !

La belle Corisande

La belle Corisande, férue de poésie, trouve son surnom dans un roman de chevalerie.

Le poète sarladais Étienne de La Boétie lui dédie 29 sonnets !

De son vrai nom Diane d'Andouins, vicomtesse de Louvigny, c'est la fille unique de Paul d'Andouins et de Marguerite de Cauna.

Née à Hagetmau en 1554, c'est une belle brune piquante, intelligente.

Tout pour faire bouillonner le sang d'Henri ! Nous sommes en 1580 ; le mari de la belle, Philibert de Gramont, vient de mourir au combat.

La voilà donc veuve à seulement 26 ans !

C'est à Bordeaux qu'elle croise le regard du roi. Le coup de foudre immédiat...

Diane, pour son amant, vend tous ses biens, donne toute sa fortune pour soutenir sa cause, celle des protestants.

Elle lève des armées pour lui, à ses frais. Henri signe même de son sang une promesse de mariage.

Diane n'en croit pas ses yeux ! Ils s'aiment tellement, ces deux-là...

Écoutez un peu Henri, dans sa lettre dite de Marans, écrite à sa Corisande chérie, le 17 juin 1586 :

« Mon amie, tenez-moi en votre bonne grâce ; croyez ma fidélité être blanche et hors de tache : il n’en fut jamais sa pareille. Si cela vous apporte du contentement, vivez heureuse. Votre esclave vous adore violemment. Je te baise, mon cœur, un million de fois les mains. »

Mais avec le temps, Diane se fane...

Et voilà qu'Henri aperçoit la belle et jeune Gabrielle au château de Coeuvres, un beau jour de novembre 1590...

Sombre jour, où tout à un coup la pauvre Corisande a subitement disparu des pensées royales.

Elle meurt seule et oubliée de tous, à l'âge de 66 ans, dans son château d'Hagetmau...

Gabrielle d'Estrées

Et que dire de la fin horrible et sanglante de la pauvre Gabrielle, alors ?

A-t-il aimé, plus que toutes les autres, la belle d'Estrées ?

Voyez plutôt ces quelques extraits des lettres enflammées d'Henri à sa belle :

« Que ne puis-je partir en croupe derrière le messager que je vous envoie ! Je pourrais au moins baiser un million de fois vos belles mains. »

Ou encore :

« Je vous écris, mes chers amours, des pieds de votre peinture que j'adore seulement pour ce qu'elle est faite pour vous, non qu’elle vous ressemble. J'en puis être juge compétent, vous ayant peinte en toute perfection dans mon âme, dans mon cœur, dans mes yeux. »

À l'heure de sa mort violente (une crise d'éclampsie au moment d'accoucher), le Journal du roi dit qu'elle « était devenue si hideuse qu'on ne pouvait la regarder sans effroi. »

On ne prévient donc pas Henri immédiatement. Quand il apprend la nouvelle, il tombe, effondré, pleure, se dit « seul sur terre. »

Il porte le deuil ostensiblement, pendant de longues semaines, même si l'étiquette l'interdit !

Le peuple, lui, la détestait. Les gens vont littéralement cracher sur la tombe de Gabrielle !

Et quand on aperçoit ses 6 sœurs dans le cortège, voilà la chanson qui court :

« J'ai vu passer sous ma fenêtre Les 6 péchés mortels vivants Conduits par le bâtard d'un prêtre, Qui tous les 6 allaient chantant Un requiescat in pace Pour le septième trépassé... »

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !