Aujourd'hui musée national de la Légion d'honneur, voici l'hôtel de Salm, construit entre 1782 et 1787. Le prince de Salm ou l'histoire d'une folie des grandeurs !
Comte du Rhin
Mais alors, Salm... qui est-ce ? Un monsieur du nom de Frédéric III, rhingrave (comte du Rhin) de Salm-Krybourg. Le sieur s'ennuie ferme, chez lui ! Paris lui semble le lieu idéal, où venir habiter.
Ni une ni deux, il lance les travaux de son hôtel à lui : on raconte qu'il se ruine, à tel point qu'il se voit obligé de vendre aux enchères des terrains et des maisons, qu'il possède dans les Vosges. Pire, un an à peine après, Frédéric doit louer son hôtel... à son architecte, qui n'avait pas reçu son salaire !
Le Salmigondis
Pourtant, la fête d'inauguration de l'hôtel de Salm a été génialissime, à en croire les récits de l'époque ! Une foule gigantesque se presse sur le quai d'Orsay : si je vous dis que Frédéric ne connaît pas le tiers de ses invités... « Beaucoup de personnes qui sont ici peuvent aussi me croire invité au bal », dit-il en souriant.
Du bruit, du bruit encore du bruit : Salm transforme sa maison en club à la mode, à tel point que dans les années qui suivent, on surnomme l'hôtel le Salmigondis !... qui désigne un truc disparate et confus.
Les fosses de Picpus
Mais la Révolution arrive : avec elle des temps plus sombres... Arrêté, jugé devant un tribunal révolutionnaire, on reproche à Frédéric sa complicité, dans une soi-disant affaire de conspiration.
Le soir-même, il perd la tête place du Trône, avec une cinquantaine d'autres collègues... et se fait inhumer par une nuit froide dans une fosse commune du couvent de Picpus.
Picpus ? Oui ! C'est sa sœur, la princesse de Hohenzollern, qui fonde le célèbre cimetière de Picpus. Elle achète le terrain, quand elle apprend que le corps de son frangin repose là, dans une fosse commune...
L'après prince de Salm
1795. Un perruquier du nom de Lieuthraud gagne l’hôtel de Salm à la loterie. Pas mal, pour un fils de notaire bourguignon, qui se faisait appeler « marquis de Beauregard » !
Après plusieurs escroqueries et un beau magot mis de côté, le faux marquis, faussaire à ses heures perdues, se fait condamner à 4 ans de fers, en 1798. On sait seulement qu’il échappe à la sentence et qu'il disparaît de la circulation...
Sources
- Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
- Guides Bleus Paris. Hachette, 1994.
- François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou, 2011.