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Le roi au chapeau : 5 anecdotes sur la mort de Louis XI au Plessis-lès-Tours

Quand : 30 août 1483

Louis XI | The British Library / Public domain
Château Louis XI Château de Plessis-les-Tours

Louis XI n’a jamais eu une santé bien vaillante.

Il meurt d’une attaque le 30 août 1483, à 60 ans, au château du Plessis-lès-Tours, mais il a un lourd passif : hémorroïdes, maladie de peau, épilepsie...

Ce qui nous fait moult anecdotes : histoires de médocs bizarres, de talismans, de mot tabou... et d'un célèbre chapeau !

1 - Prédispositions mortelles

Louis meurt d'une artériosclérose, selon le psy Laignel-Lavastine :

« Artériosclérose d'origine goutteuse chez un hémorroïdaire avec réactions cutanées, ayant débuté par un état de dépression neuro-psychique avec idées de persécution, s'étant manifestée par un ramollissement cérébral. »

Ouch ! Lourd passif médical ! On voit ça tout de suite ?

Hémorroïdes et remèdes extra

Louis déguste. Des maux terribles. Des douleurs atroces à un endroit que la décence ne me permet pas de citer... des hémorroïdes !

Louis en souffre à cause de son hypertension.

Le remède est sympathique : on applique des sangsues sur l’hémorroïde, puis un onguent fait de jaune d’œuf et d’huile de rose.

Sinon, un suppositoire et au lit : suppositoire à base de racines d’iris enveloppé dans un morceau de laine, cousu et trempé dans du miel et de la myrrhe...

Maladie de peau et laitages

Louis développe une vilaine maladie de peau. D'origine psychologique ! On a vu qu'il déprime et qu'il se sent persécuté.

Aussi, il prend régulièrement des bains dans une étuve de cuivre.

Des bains... de sang de tortues, qu’il envoie chercher dans des mers lointaines : paraît-il que c’est souverain !

Quand il ne marine pas dans du sang, Louis surconsomme laitages et fromages, réputés pour guérir les maladies purulentes de la peau.

Il utilise aussi de la « farine de pois lupins », pour blanchir le teint et paraître à son avantage...

Épilepsie et tête à chapeau

Savez-vous pourquoi le roi porte toujours un chapeau épais ?

Pour amortir le choc en cas de convulsions et de chute sur la tête !

Oui. La plus terrible des maladies qui frappe Louis, c’est l’épilepsie. Il fait une première crise en 1480.

Le remède ? « Terribles et merveilleuses médecines », disent les chroniques, puisqu’il s’agit... de sang humain.

On choisit au mois de mai « de jeunes hommes sains et dont les cheveux ne sont pas roux » !

Comme cela ne marche pas, on dit à Louis de contracter la « fièvre quarte » (fièvre style paludisme, sympa). Pratique, un mal en chasse un autre !

Docile, Louis va jusqu’à prier la Vierge de lui envoyer ladite fièvre...

Attaques à répétitions : la mort, enfin

Louis finit par faire plusieurs attaques. En mars 1480, il s’effondre et perd parole et mémoire.

Il communique par signes pendant un moment, puis se rétablit. Nouvelle attaque.

Il perd la parole et reste immobile, allongé des heures.

On le voue à saint Claude, le patron des épileptiques. En vain.

Louis finit par faire plusieurs hémorragies cérébrales, provoquant hémiplégie et aphasie.

Et la mort à 60 ans, le 30 août 1483, « après de longues et dures incommodités de corps et d’esprit »...

2 - Les grigris de Louis

Pour soigner ses maux, puisque les médicaments ne marchent pas, Louis s’en remet aux talismans.

Superstitieux comme pas deux, il se fait ramener au Plessis toutes les reliques possibles, d’Europe.

Il court, même malade, faire tous les pèlerinages de France.

Les charlatans déboulent du coup à son chevet avec moult objets, censés le remettre sur pied (« une épée qui renfermait 180 petits glaives », par exemple).

À la fin, Louis appelle le célèbre saint François de Paule auprès de lui, au Plessis.

François a des écrouelles (vilains bubons purulents) : ça tombe bien, les rois ont le pouvoir de les guérir !

En échange, François va soigner Louis par la prière...

Mais aucun des deux ne guérit de rien du tout !

3 - Pantophobie au Plessis

Pantophobie. La peur de tout. Irraisonnée, vague.

À la fin de sa vie, Louis souffre mentalement et s’enferme dans la solitude glacée du Plessis.

Seul. Rongé par l’idée qu’il va mourir.

Et qu’il n’en a pas envie. Personne n’approche. Il craint tout le monde.

400 archers veillent, postés tout autour. Sa prison est hérissée de piques, de grilles, de verrous.

Rien n’est de trop pour repousser les fantômes qui le hantent...

Lui qui chassait, allait et venait dans ses châteaux ne bouge plus.

S’ennuie à regarder tomber une bruine grise comme son cœur.

Il finit par faire venir ses chiens chasser des rats que l’on lâche dans ses appartements...

4 - Le mot tabou

Louis interdit que l'on prononce le mot « mort » devant lui ! Du coup, il met en place un code.

Si jamais il devait mourir et qu’on devait le lui annoncer, le code serait qu’on lui dise : « Parlez peu. »

Il comprendra.

Mais quand le dernier moment vient, on oublie le code : on prononce le mot tabou...

Hé oui : tabou ou pas, Louis XI finit par mourir le 30 août 1483, au Plessis-lès-Tours.

5 - J'irai reposer à Cléry

Hé non, tout comme le roi Philippe Ier qui ne s’est pas senti digne de reposer dans la nécropole royale de Saint-Denis, Louis XI préfère sa basilique Notre-Dame de Cléry, dans le Centre de la France, où on l’inhume le 7 septembre.

Sources

  • Augustin Cabanès. Les morts mystérieuses de l’Histoire. 1923.
  • Louis Anquetil. Histoire de France (tome 2). 1861.
  • Auguste Brachet. Pathologie mentale des rois de France. Louis XI et ses ascendants. 1903.
  • Emmanuel Bourassin. Louis XI, homme d'État, homme privé.Taillandier, 1995.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !