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Petites histoires du château de Meillant

Le château | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Château Château de Meillant

Un Sancerre chez les rois

Meillant, antique Mediolanum, appartient d'abord aux seigneurs de Charenton, qui font construire une forteresse primitive à l'emplacement d'un oppidum gallo-romain.

Puis, Agnès de Charenton apporte la terre à son mari Raoul VII, prince de Déols au 12e siècle.

Puis voilà les comtes de Sancerre... Une puissante famille, ces Sancerre !

D'ailleurs, l'un d'eux, Louis, fidèle de Charles VI et connétable de France, aura le droit de reposer parmi les rois à Saint-Denis !

Les parties les plus anciennes du château actuel datent pourtant du début du 14e siècle, période durant laquelle il appartient à la famille de Sancerre.

Étienne de Sancerre fait alors construire une nouvelle forteresse flanquée de tours et de deux corps de logis, qui respectent le plan de la construction d'origine du 11e siècle.

Les vieilles douves sont draguées et de nouvelles murailles sont dressées pour former une enceinte polygonale, dont deux des côtés ont aujourd'hui disparu.

Les travaux des Amboise de Chaumont

Le cardinal chef de chantier

Passé au comte de Clermont et à Jean de Bueil, Meillant entre par alliance dans la maison d'Amboise de Chaumont en 1453, avec Pierre d'Amboise.

Charles Ier d'Amboise, grand favori de Louis XI, fait élever un nouveau corps de logis vers 1473, souhaitant rendre plus accueillante la vieille forteresse médiévale.

À sa mort, c'est son fils Charles II d'Amboise qui met en chantier la suite des travaux, entre 1490 et 1500.

Sauf que Charles II a d'autres chats à fouetter : occupé par la guerre, il laisse le chantier à son oncle, le puissant cardinal Georges d'Amboise...

Un rébus de pierre

Dans le prolongement ouest de la demeure élevée par Charles Ier, il fait construire une nouvelle aile d'habitation, qui tranche nettement avec le reste du château.

Plus haut d'un étage, le corps de logis possède une façade richement ornée de style gothique flamboyant, percée de fenêtres à meneaux et flanquée d'une tour d'escalier appelée tour du Lion.

Pourquoi ce nom ? À cause du lion doré tenant entre ses pattes le blason des Chaumont !

Oh, mais regardons un peu la tour, entièrement couverte d'une broderie de pierre digne du palais Jacques Cœur.

Avez-vous vu le rébus ? Pratique pour les illettrés, on savait chez qui on se trouvait : CHAUD MONT, une montagne enflammée pour Chaumont, et les C entrelacés de Charles...

Meillant et l'Italie

Milan fit Meillant

Charles II d'Amboise devient maréchal, amiral de France, lieutenant du roi en Italie, d'où les mauvaises langues diront qu'il a amassé un sacré paquet d'argent...

A-t-il vu les merveilles architecturales italiennes et les a-t-il ramenées à Meillant ?

Ah, c'est possible. En plus, pour son château berrichon, Charles a travaillé avec les meilleurs artistes italiens de l'époque, dont il était un ami : des proches de De Vinci comme Bernardino de Conti ou Solari...

Le cardinal Bibiena disait en tous cas « Milan fit Meillant », tant le château était beau.

Ça, c'est Brantôme qui nous le rapporte...

D'autant que Meillant, qui signifie « le milieu de la plaine », a ensuite donné le nom de... Milan !

Foutue boue !

Charles d'Amboise est aussi un fidèle de Louis XII.

Savez-vous ce que l'on raconte ?

Que Louis XII arrive un jour de 1505, au château, et ne trouve pas le châtelain présent. On le reçoit tout de même, mais Louis fait la tête.

Il laisse ce petit mot, avant de quitter les lieux :

« Je suis venu pour vous voir dans votre château de Meillant, je m'y suis embourbé : vous n'y étiez pas, mais que le diable m'emporte si j'y reviens jamais. »

D'ailleurs, pendant la visite du château, on peut voir dans une pièce une cheminée ornée du porc-épic du roi...

Sacrément fêlé du ciboulot !

Après la mort de Charles II d'Amboise en Italie en 1511, à l'âge de 38 ans (son fils unique Georges passe l'arme à gauche à la bataille de Pavie), c'est Catherine de Beaujeu qui hérite de Meillant.

Elle laisse le château à sa nièce, une La Rochefoulcauld, puis le château se transmet aux Gorge d'Antraigues.

L'un d'eux, Pierre-François, n'a pas vraiment fait briller le nom de sa famille.

Il voit mourir sa femme en couche en 1713, devient fou, se crible de dettes, vit dans le vice et la fange, avant de recevoir le titre de duc de Falari, en 1715.

Il se remarie, mais n'abandonne pas pour autant sa vie dissolue...

Rencontre avec un philanthrope

Sacrifier mon argenterie ?

À qui revient Meillant, alors après ?

Aux Béthune, ducs de Charost, au 18e siècle : les descendants du ministre d'Henri IV, le grand Sully !

En 1755, on a Armand-Joseph de Béthune. Oh, le nom ne vous dit peut-être rien, mais écoutez ceci.

Ce grand philanthrope né en 1738 à Versailles, fait une brillante carrière militaire, mais ne peut s'empêcher de porter secours aux blessés, allant même jusqu'à fonder des hôpitaux, à ses frais.

En 1758, il donne toute son argenterie à la Monnaie, en disant : « Je sacrifie ma vie pour ma patrie, je peux aussi sacrifier mon argenterie » !

Colza et moutons

Agronome à ses heures perdues, il fait terminer le canal du Berry, construit des routes, s'occupe des orphelins, établit des médecins dans les villages les plus reculés... et introduit des cultures nouvelles dans la région : colza, garance, tabac, mouton mérinos.

Louis XV le présente à la Cour en disant :

« Regardez cet homme, il n'a pas beaucoup d'apparence, mais il vivifie trois de mes provinces ! »

Armand entreprend ensuite d'assécher les marais autour du château. Le but ?

Aménager des jardins. Ça ne s'arrête pas là, il ira assécher beaucoup d'autres marais, en Berry...

Des larmes pour Armand

La population apprécie le geste, ce qui vaudra à Armand de sauver sa tête de la guillotine, à la Révolution, grâce à leur pétition... contrairement à son fils qui n'en réchappera pas !

Inconsolable, le duc finit sa vie au château en 1800, où il est enterré dans la chapelle castrale.

Sources

  • Louis Raynal. Histoire du Berry (tome 3). 1844.
  • D. de Mortemart. Meillant sous Louis XII. 1851.
  • Société Montyon et Franklin. Portraits et histoire des hommes utiles. 1838.
  • Article Le château de Meillant. Le Magasin pittoresque (18e année). 1850.
  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • François Marie Pérennès. Biographie universelle. 1833.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !