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Le panache blanc d'Henri IV : 8 choses à savoir sur la bataille d’Ivry !

Quand : 14 mars 1590

La pyramide, détail | ©Oblomov2 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Bataille Guerres de Religion Henri IV Pyramide commémorative de la bataille d'Ivry

Retour sur la bataille d'Ivry, en Normandie. Henri IV nous y attend : on y parle de météo, de blessures corsées... et d'un certain panache blanc !

1 - Quelle est la situation en 1590 ?

Henri III meurt assassiné le 1er août 1589. Henri de Navarre, son cousin, est l’héritier du trône de France.

Mais… un prétendant protestant dans un pays catholique, cherchez l’erreur… cela ne passe pas, pour la noblesse catholique française !

C’est la guerre entre Navarre et Charles de Lorraine, le frère cadet du duc de Guise et chef de la Ligue ultra catholique.

Les batailles se succèdent : Arques, Coutras, Fontaine-Française...

Le roi, une fois Poissy et Meulan délivrées, attaque Dreux, pour consolider ses conquêtes en Normandie, et priver les Parisiens des vivres qui leur venaient de ce coin du royaume.

Lorraine veut sauver Dreux à tout prix : il galope secourir la place avec ses 12 000 hommes et 4 canons, soit plus du double de l’armée royale.

Henri lève le siège. Il dit à ses officiers :

« Mes compagnons, il faut effacer la honte de lever un siège par le gain d’une bataille. Je n’ai pas besoin de vous en dire davantage, marchons à l’ennemi ! »

C’est parti pour la bataille d’Ivry !

Bataille d'Ivry

Bataille d'Ivry | ©The British Library / Public domain

2 - Supériorité numérique… tant mieux !

Arrive donc le 14 mars 1590. On est à Ivry, en Normandie, entre l’Eure et l’Iton.

Lorraine vient d’arriver avec ses 14 000 hommes : Henri n’a que 10 000 soldats, et 6 pièces de canon.

Belle supériorité numérique… quand un soldat fait remarquer la situation à Henri, celui-ci pouffe : « Tant mieux ! Plus de gens, plus de gloire ! »

Entre 10 et 11 heures, l’artillerie commence à pilonner les ligueurs : les canons de ces derniers sont mal dirigés et font peu de dégâts.

L'ennemi attaque alors l’artillerie royale, puis la cavalerie.

La première fois, échec cuisant ! L’attaque est repoussée. La deuxième... il s’en est fallu de peu pour que la charge réussisse : ce sont Biron et Montpensier, qui boutent tout ce petit monde hors de leur camp.

Après la charge de ces deux-là, Lorraine commence à encercler l’escadron royal, histoire de renverser le cours des choses.

La bataille tourne alors à la mêlée. Oh là là ! On croit même le roi mort…

Hé non, increvable, cet Henri : il remonte le moral de ses troupes à bloc, en leur lançant :

« Tournez visage, afin que si vous ne voulez combattre, vous me voyez du moins mourir ! »

Il parvient à arracher la victoire à l’ennemi, dans un dernier élan.

3 - La météo est du côté du roi !

En une heure, Henri va remporter la victoire. Il la doit notamment au fait de ranger son armée le dos au soleil et au vent.

Pratique ! Les bourrasques chassent la fumée épaisse des canons, qui n’incommode pas les soldats !

4 - De sacrées blessures !

Sully, maréchal de France et vieux compagnon d'armes d'Henri IV, raconte dans ses Mémoires les blessures graves qu’il a reçues, au cours de la bataille d’Ivry.

Un bel aperçu de ce qu’étaient les batailles, à l’époque : un choc barbare et sanglant…

« Au premier choc, mon cheval, blessé dans les naseaux et d’un second coup au cou, qui allait ressortir au défaut de la selle, s’abattit d’un troisième qui lui emportait deux pieds de la peau, et à moi un morceau du gras de la jambe. Je reçus un autre coup dans la main. Un coup de pistolet me fit une troisième blessure plus considérable ; la balle perça la hanche et sortit par le bas ventre. J’aurais péri indu si mon écuyer ne fût accouru à mon secours et ne m’eût amené un autre. À une seconde charge, mon cheval fut encore tué et dans le même moment, je reçus un coup de pistolet dans la cuisse et un coup d’épée dans la tête. »
Sully

Sully | ©Rijksmuseum / CC0

5 - On trouve de nombreux régiments étrangers aux côtés de l’armée d’Henri IV

La veille de la bataille, l’un d’eux, le colonel allemand Schomberg, s’était vu forcé, poussé par les siens qui s’étaient mutinés, de demander l’argent qui leur était dû.

Réponse d’Henri, sans le sou :

« Jamais homme d’honneur n’a demandé sa solde la veille d’une bataille ! »

Puis juste avant d'attaquer, Henri se rappelle ses mots cinglants. Schomberg est à ses côtés.

« Colonel, je vous ai offensé. Cette journée peut être la dernière de ma vie, je ne veux pas emporter l’honneur d’un gentilhomme. Je sais votre valeur et votre mérite, je vous prie de me pardonner. »

L’Allemand répond :

« Il est vrai que votre majesté me blessa l’autre jour et aujourd’hui, elle me tue. Car l’honneur qu’elle me fait m’oblige de mourir en cette occasion pour son service. »

Quelques minutes après, Schomberg était tué en plein combat, aux côtés du roi…

Henri IV et son panache

Henri IV et son panache | ©The British Library / Public domain

6 - L'histoire du mythique panache blanc

C’est pendant la bataille d’Ivry qu’Henri dit :

« Si vous perdez vos enseignes, cornettes et guidons, ne perdez point de vue mon panache blanc ; vous le trouverez toujours sur le chemin de l’honneur et de la victoire ! »

Aaah, le panache blanc, aussi mythique que le cheval blanc d’Henri IV ! Ce sont toutes les plumes qui ornent un couvre-chef.

Agrippa d’Aubigné rapporte la phrase, et plus tard, Voltaire la résume en « Ralliez-vous à mon panache blanc ».

Mais à quoi la célèbre citation fait référence ?

À un moment, quand la victoire est quasiment jouée, une rumeur folle se répand parmi les rangs : le roi est... mort… MORT ! Non… impossible !

On voit alors le jeune seigneur Pot de Rhodes sortir du combat au galop, comme une furie, sur un cheval déchaîné : ses rênes se sont cassées.

Il est gravement blessé aux yeux, quasi aveugle.

En fait, il porte un panache blanc comme le roi : l’ennemi l’a pris pour lui et a tiré !

Le désordre court dans les rangs, c’est là que le roi encourage tous ses soldats et ressert les rangs pour donner un dernier coup de collier et remporter la victoire.

La bataille d'Ivry

La bataille d'Ivry | ©Rijksmuseum / CC0

7 - Des bons mots

Après la victoire, le duc de Biron dit à Henri :

« Sire, vous avez fait aujourd’hui le devoir du maréchal de Biron, et le maréchal de Biron a fait ce que devait faire le roi. »

Sully, le lendemain, lui, lance :

« Vous avez fait, Sire, la plus brave folie qui fut jamais faite, car vous avez joué votre royaume sur un coup de dé. »

Oui, bon… le roi promet d’être plus sage, à l’avenir !

La pyramide

La pyramide | ©Oblomov2 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

8 - La pyramide commémorative

La pyramide commémorative a été construite à l’endroit exact où Henri IV se repose après la bataille.

Il est écrit sur le monument :

« C’est ici le lieu de l’ente où se tint le roi Henri IV, le jour de la bataille d’Ivry. »

Ente ? Oui ! Une jeune branche que l’on greffe. Ici, il s’agissait d’un poirier !

La pyramide date de 1804, construite sur ordre de Napoléon Bonaparte, pour remplacer deux précédents obélisques aménagés en 1758 et 1777.

Elle a été renversée par la tempête de 1999, puis relevée un an plus tard et restaurée.

Conclusion

La Ligue, déjà bien éprouvée par la bataille d'Arques, en 1589, est vaincue !

Mais Henri doit se faire une raison : il ne sera jamais accepté s’il ne se convertit pas au catholicisme.

Le 25 juillet 1593, à la basilique Saint-Denis, il abjure le protestantisme.

Le 27 février 1594, à Chartres, il est sacré roi !

Et en mars 1594, les portes de Paris lui sont enfin ouvertes.

Sources

  • Encyclopédie des gens du monde (volume 15, partie 1). 1841.
  • Auguste Poirson. Histoire du règne de Henri IV. 1865.
  • Édouard Hocquart. Premières leçons d'histoire de Dieudonné. 1821.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !