Le massepain d'Issoudun ou l'histoire de Balzac qui se fait pâtissier
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Amandes pilées, sucre, blancs d’œufs, le tout parfumé à l'eau de fleur d'oranger et glacé au sucre... vous le connaissiez, le massepain berrichon d'Issoudun (36) ?
En plus de sa recette garantie sans cochonneries, on le reconnaît à sa forme carrée ou rectangulaire, son moelleux et sa belle couleur plus ou moins dorée à l'intérieur...
La petite histoire
Bonnes sœurs et pâtisseries
Savez-vous d'où vient le massepain ?
On le dit créé par les Ursulines ou les Visitandines de la ville, au XVIIIe s. Le massepain se vend... comme des p’tits pains !
Du coup, après leur dispersion à la Révolution, les sœurs décident d'ouvrir une pâtisserie en ville, dans l'actuelle rue Danièle-Casanova.
Et au milieu du XIXe s, tout le monde en raffole : de la cour de Russie jusqu'au Vatican en passant par Napoléon III !
Malheureusement, la pâtisserie de la rue Casanova ferme ses portes à la fin des années 1960... Qui, pour reprendre le flambeau, quiiii ?
Un jeune du nom de Jaques Guyard récupère la recette originale, en 1989, et relance le massepain à Issoudun.
Aujourd'hui, le massepain se fabrique (toujours dans les règles de l'art) et se vend au restaurant La Cognette : allez-y les yeux fermés !
Balzac fréquentait déjà cette auberge...
Balzac met la main à la pâte
Augustin Cabanès rapporte dans ses Indiscrétions de l'Histoire... que Balzac se serait fait pâtissier !
Tiens donc... ça mérite une petite explication, non ?
L'écrivain parle de la sucrerie dans sa Rabouilleuse, (1842) un des romans composant La Comédie Humaine : il faut dire que l'action se passe à Issoudun !
Balzac peut la décrire, la ville berrichonne.
Il la connaît bien ! Il y passe du temps, caché chez des amis, pendant que ses vautours de créanciers le poursuivent...
En fait, l’écrivain a goûté les massepains.
Il les a adorés, même ! Et pour faire de la pub à son bouquin, il a l'idée de faire vendre les massepains à Paris par un pâtissier !
En se faisant passer pour ledit pâtissier, ben tiens...
On voyait alors cette pub partout dans la capitale, écrite par ses soins :
« Je viens d’ouvrir rue Vivienne, 38 bis, un magasin pour l’exploitation de ce produit dont la réputation, dans le Berry, a près d’un siècle d’existence et dont le plus remarquable romancier de notre époque (H. de Balzac) parle ainsi dans un de ses ouvrages : « C’est l’une des plus grandes créations de la confiturerie française et qu’aucun chef d’office, cuisinier, pâtissier et confiturier n’a pu contrefaire.
« M. de Rivière, ambassadeur à Constantinople, en demandait tous les ans de grandes quantités pour le sérail du sultan Mahmoud. » Cette pâtisserie unique, qui, jusqu’à ce jour, n’avait été faite que pour la table des riches, va être popularisée au moyen de la division adoptée pour la vente.
« On offrira au public parisien des massepains d’Issoudun depuis 60 francs jusqu’à 5 francs. Dans le but de faire apprécier les qualités hors lignes de cette pâtisserie, on en débitera des tranches de 50 centimes au magasin. »