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Le gisant de Rollon, le fondateur du duché de Normandie

Quand : 932

Rollon | Man vyi / Public domain
Cathédrale Lieu de sépulture Rollon Cathédrale Notre-Dame de Rouen

Deux, trois infos sur Rollon

Commençons par quelques anecdotes, pour se mettre dans le bain, histoire de savoir à qui l'on a affaire !

  • Rollon naît quelque part en Scandinavie, vers 846… Son nom, en vieux norrois ? Hrolfr ! Son surnom de Hrólfr-Gangr, le Marcheur, lui vient d’une histoire qui raconte qu’aucune monture ne pouvait supporter son poids et sa stature de géant… il devait se déplacer à pied !
  • Il est le trisaïeul du mythique Guillaume le Conquérant.
  • Au 8e siècle, le royaume franc se fait attaquer par des raids scandinaves. Sans relâche, sanglants, brutaux… les Francs se montrent bien incapables d’enrayer le rouleau compresseur viking. Jusqu’à ce que le roi Charles le Simple se décide à conclure avec un de leurs chefs, Rollon, un accord en 911 : un traité qui lui remet une partie de ce qui s’appelait encore Neustrie, à condition qu’il se fasse baptiser. Et la Neustrie devient Normandie, terre des nordman, les hommes du Nord. Rollon devenait son premier duc.
  • Lors du traité de Saint-Clair-sur-Epte, en 911, Rollon doit prêter hommage au roi en lui baisant le pied, à genoux. Il refuse, on envoie un proche à sa place. Mais celui-ci ne s’agenouille pas plus... il lève le pied du roi si haut, que celui-ci tombe à la renverse ! Des éclats de rire secouent la foule...
Rollon (BL King's 396, f. 4v)

Rollon (BL King's 396, f. 4v) | ©The British Library / Public domain

La mort de Rollon : un mystère ?

Brouillard normand, brumes scandinaves sur les derniers moments de Rollon !

On ne sait pas exactement quand, et comment meurt Rollon.

La tradition a longtemps voulu que ce soit en 925, au siège du château d’Eu.

Le moine Richer, dans ses mémoires, écrit sur la mort de Rollon à Eu qu’il est étranglé puis a les yeux crevés.

Mais la réalité, la voilà ! Un autre historien, Frodoard, fait mourir Rollon de vieillesse en 932, cinq ans après avoir abdiqué en faveur de son fils Guillaume Longue-Epée, que l’on voit en 927 faire hommage au roi de France...

Détail du gisant de Rollon

Détail du gisant de Rollon | ©Jelle / Flickr / CC-BY-SA

Son tombeau à Rouen

Le gisant actuel date du 19e siècle, c’est une copie du gisant d’Henri le Jeune, un des fils d’Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine (donc descendant de Rollon), mort bien après en 1183, à 28 ans.

Le gisant de Rollon a en effet disparu lors des bombardements de 1944, explique le livre Rouen : la cathédrale Notre-Dame d’Yves Lescroart (2001).

L’épitaphe sur la pierre du tombeau dit :

IN SINV TEMPLI ROLLO QVIESCIT
A SE VASTATAE CONDITAE NORMANNIAE PATER AC PRIMVS DVX
LABORE QUI FRACTVS OCCVBVIT OCTOGENARIO MAIOR AN CM XXXIII
« Dans ce temple repose Rollon, père et premier duc de la Normandie, qu'il dévaste puis relève.
Usé par cette tâche, il succomba en 933, octogénaire. »

Le tombeau précédent était « un sarcophage en stuc noir veiné de jaune », avec sur le dessus un gisant du 15e siècle : il portait les attributs royaux, sceptre et couronne, deux petits anges soutenaient un coussin sous sa tête, un chien symbole de fidélité sous ses pieds. C'était une statue polychrome, avec manteau rouge et tunique dorée.

Ses os, inhumés dans la toute première cathédrale (qui correspond au haut de la nef actuelle), ont été déposés ici par Maurile, archevêque de Rouen, en 1063, lors de l'agrandissement de la cathédrale.

L’ancienne épitaphe disait :

« Rou (Rollon) fut mis en sépulture en la mère église de Rouan en costé devers midi en l’an de grâce IXe XVII, ou costé du mur en la dicte chapelle, où il fut enterré sont de lui escrips ces vers : Le duc des Normands, le type de ce qu’il y a de bien, Rollon l’intrépide le fort, que la gent normande invoque à l’article de la mort, est enfermé dans ce tombeau. »

Notez que l’on voit le tombeau, dans la cathédrale, de son fils Guillaume Longue-Epée, quasiment identique à celui de son père, mort assassiné en 942.

Mais aussi celui de son descendant, Richard Cœur de Lion !

Sources

  • Achille Deville. Dissertation sur la mort de Rollon. 1841.
  • Achille Deville. Tombeaux de la cathédrale de Rouen. 1841.
  • Louis Esnault. La Norvège. 1857.
  • Jean-Charles de Sismondi. Histoire des Français, vol 2. 1836.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !