Le château de La Turmelière ou la douceur angevine de Joachim du Bellay !

De 1525 à 1545

Statue de du Bellay à LiréStatue de du Bellay à Liré | ©Emmanuelc / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Le poète Joachim du Bellay naît ici à Liré, et passe à La Turmelière les 20 premières années de sa (courte) vie !

Des années sombres et dures, pour le membre de la Pléiade et auteur du mythique sonnet Heureux qui comme Ulysse...

Les premières années

Orphelin à 10 ans

Joachim (prononcez Joachin) naît dans ce « petit Liré », en ce vieux château de La Turmelière, aujourd’hui ruiné.

Cela s'est passé en l’année 1525. Ah, oui, désolée, pas plus de précision que cela ! On ne tenait pas vraiment les comptes.

Il est le fils cadet de Jehan du Bellay, seigneur de Gonnor, capitaine de 40 hommes d’armes, gouverneur de Brest, et de Renée Chabot, dame de Liré et de La Turmelière.

Il a deux frères et une sœur.

Très vite, il est confronté à la mort, hideuse, qui lui arrache ses parents. Il est encore bien petiot, Joachim, 10 ans seulement !

Tuteur pour son neveu et procès épuisants

Les soucis commencent. Il se retrouve sous la tutelle de son frère aîné René. Abandonné à sa merci, plutôt !

Et ce sont ses propres mots : il écrira dans une élégie que sa « première jeunesse » fut « perdue comme en un vert jardin la fleur que nulle onde n’arrose, que nulle main ne cultive. »

Son frère mort, « parvenu à l’âge d’homme », Joachim se retrouve à devoir servir de tuteur à son neveu, le fils de feu son frère.

« Je prends donc à regret le fardeau de l’enfant et de la maison embarrassée de procès... »

Procès, oui : un violent litige opposait René et le seigneur d’Oudon…

Des procès nombreux qui ruinent la famille et la santé du futur poète, qui s’effrite en petits lambeaux, doucement, mais sûrement…

« C’est ores, Que de tous les chétifs le plus chétif je suis, Et que ce que j’étais, plus être je ne puis, Ayant perdu mon temps, et ma jeunesse encore. La pauvreté me suit, le souci me dévore, tristes me sont les jours, et plus tristes les nuits. »

La maladie, puis la guérison par les mots

Trop de coups durs ! Du Bellay finit par tomber malade :

« Tout à coup surviennent des maladies et des cruelles souffrances qui me mettent aux portes du trépas. Ce mal m’enleva ma force accoutumée, me tourmenta deux ans et me cloua sur un lit de douleur. »

La guérison ? Dévorer, étudier les poètes latins et grecs ! Pour pallier à l'éducation quasi nulle dispensée par son frère, aussi...

À 20 ans, Joachim quitte Liré, La Turmelière et son enfance trop sombre, pour étudier le droit à Poitiers.

Mais c’est l’écriture qui le fait soulever des montagnes. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard à Paris est déterminante, à l’origine de la création de la Pléiade… mais ça, c’est une autre histoire !

Les ruines du château natal de du BellayLes ruines du château natal de du Bellay | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Du Bellay et Liré : la mythique douceur angevine

Le château de La Turmelière et Liré ont toujours inspiré notre poète !

Joachim a 25 ans, quand il écrit Les louanges d’Anjou. Il y fait notamment part de son désir d’être inhumé sur les bords de Loire.

Son vœu ne se réalisera jamais : il a été enterré quelque part dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, mort à seulement 37 ans en 1560, sans jamais avoir revu son Liré natal, ni sa maison de La Turmelière.

Il évoque aussi Liré dans Les Regrets, avec son célèbre sonnet XXXI (31) Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage : l'inspiration lui vient après un séjour à Rome, en 1553.

Il accompagne son oncle le cardinal du Bellay : le poète, fana de la Rome antique, a de belles images plein la tête.

Mais la cité qu’il découvre a bien changé… finalement, Liré et La Turmelière ne seraient-ils pas son paradis sur terre ?

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge. Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine. Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la douceur angevine. »

Les ruines du château natal de du BellayLes ruines du château natal de du Bellay | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Deux mots sur La Turmelière

Du château natal de Joachim du Bellay, il ne reste que des ruines.

L’ancien colosse a été ravagé par les guerres révolutionnaires de Vendée, la Seconde Guerre mondiale…

Il doit son nom aux tours meulières que l’on trouve en abondance, dans les environs.

Il date du 13e siècle, modifié au cours du 15e siècle par l’ancêtre de Joachim du côté maternel, Perceval Chabot.

Il existe un autre château sur le domaine, plus récent, construit en 1887.

Sources

  • Léon Séché. Joachim Du Bellay : documents nouveaux et inédits. 1880.
  • Charles Marty-Laveaux. Notice biographique sur Joachim Du Bellay. 1867.