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La visite des hospices de Beaune

Quand : 4 août 1443 - 1698

Hospices de Beaune | ©Falco / Pixabay
Nicolas Rolin Hospices de Beaune

La fondation des hospices

Nicolas Rolin et la misère humaine

La fondation des hospices de Beaune remonte à une époque de misère noire, de mort, d’épidémies terrifiantes, de guerres.

En Bourgogne, particulièrement, on meurt de famine à la pelle, ainsi que le rapporte le Manuscrit de Saint-Martin (15e siècle) :

« En 1439 mangèrent les laboureurs du pain de gland et de terre. Et trouva-t-on près l’église et abbaye de Saint-Martin d’Autun une veine de terre qui semble argile, de laquelle terre l’on faisait du pain, et en mangeaient les gens comme pour pain. »

Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne du duc Philippe le Bon, riche et puissant, est très touché par cette tragédie.

Peut-être parce qu’il n’a pas toujours été si puissant, lui, le petit avocat modeste d’Autun.

Il décide de consacrer une partie de sa fortune aux pauvres gens.

Rolin a 63 ans. Sent-il la mort arriver ? En tous cas, il se dépêche de lancer la construction des hospices, le 4 août 1443.

Il faudra 8 ans pour voir son rêve sortir de terre… Le 1er janvier 1452, les hospices ouvrent leurs portes aux vieillards, infirmes, orphelins et malades.

Des sœurs des Flandres

Rolin s’inspire de l’hôpital Saint-Jacques de Valenciennes, pour ses hospices.

Il fait d’ailleurs venir une religieuse de cette ville, dame Allardine Gasquière, pour tenir l’hôpital.

Suivent 6 sœurs venues des Flandres. Elles deviennent sœurs hospitalières, un ordre particulier créé par Rolin.

En effet, les dames gardent leur nom de famille, la gérance de leur argent, peuvent quitter l’ordre, se marier ou rentrer chez elles sur simple demande !

Salle Saint-Nicolas

Salle Saint-Nicolas | ©Arnaud 25 / CC-BY-SA

La visite des hospices

La salle Saint-Nicolas

On y prépare psychologiquement les mourants.

On y mettait aussi les cas les plus sérieux : à l’époque de Rolin, la salle porte le nom d'infirmerie des « malades qui sont en danger de mort » !

On y compte 12 lits seulement, où chaque malade reçoit un traitement privilégié :

  • on lui lave les pieds dans un bassin ;
  • on l’habille de vêtements fourrés ;
  • s’il a vraiment trop froid, on le place devant la cheminée « en une couche garnie d’un lit, coussin, couverte et lodier (couverture rembourrée, ndlr). »

En 1658, le jeune Louis XIV, en visite en Bourgogne, ordonne que l’on sépare les hommes et les femmes dans la salle jusqu’alors mixte. Grand prince, il donne une rente de 500 livres, pour de nouveaux aménagements.

À voir dans cette salle la maquette en paille offerte par un malade au 18e siècle, en « paiement » de son séjour à l’hospice.

À voir aussi : une plaque de verre permet de voir la rivière Bouzaize couler sous l’hospice ! Elle permettait l’évacuation des eaux usées.

Fondamental, pour un hôpital médiéval !

La maquette en paille du XVIIIe s

La maquette en paille du 18e s | ©Arnaud 25 / CC-BY-SA

La grande salle « des pôvres »

20 mètres de haut, 72 mètres de long !

En 1501, la grande salle comporte « 31 couches », assez larges pour recevoir deux malades.

Des couches entourées de courtines blanches, que l'on remplace les jours de fêtes par des « couvertes de hautes lisses faites à tourterelles, ornées des armes des fondateurs. »

Des verrières amènent la lumière du jour, et la nuit, « un grand chandelier et une lampe de cuivre » nimbent les boiseries de la salle.

De longues tables, de grandes armoires permettent de ranger ustensiles et linges pour les soins.

Les lits de la grande salle des Pôvres

Les lits de la grande salle des Pôvres | ©Velvet / CC-BY-SA

Quand la cloche sonne les repas, le malade s’assoit autour d’une table couverte d’une « nappe ouvragée, de bassins de viande, d’aiguières. »

Chacun dispose de « sa serviette, son écuelle plate, sa gobelle ». Tout est en « étain fin » !

D’habitude, dans un hôpital médiéval, les malades reposent sur des paillasses à même le sol.

Ici, grand luxe : on a des lits de chênes protégés du froid par des tentures, où les malades reposent à deux. Près du lit, une bassine de cuivre.

Et pour réchauffer les longs hivers rigoureux ?

L’eschauffeur, grand coffre d’étain rempli d’eau bouillante que l’on pose sur une table, et dans chaque lit « une couverture rouge, un lodier et une bouteille d’estain pour eschauffer les pieds des malades. »

Grande salle des Pôvres

Grande salle des Pôvres | ©SchiDD / CC-BY-SA

L'apothicairerie

Comme on peut le voir avec l’apothicairerie, la médecine oscille entre recettes de grands-mères et poudres de perlimpinpin.

Tisanes, saignées, lavements... on n’a pas de médecins à proprement parler, à l’époque.

Alors, le but de l’hospice ? Assurément pas de guérir, mais prêcher que l’âme est immortelle, et le corps, provisoire.

Il faut faire pénitence, et maintenir une peur constante avec le terrifiant polyptyque du Jugement Dernier, que les malades aperçoivent dans la chapelle, depuis leurs lits.

La chapelle

Guigone de Salins, l’épouse de Nicolas Rolin, repose « Seulle* » dans la chapelle des hospices.

Seulle*, c’est la devise de Rolin, que l’on retrouve partout ici.

En 1421, à 18 ans, on marie Guigone avec Nicolas, qui a plus de 45 ans.

Devenue veuve en 1462, elle continue de gérer l’hospice et de soulager les malades.

Ils se sont aimés... preuve en est cette devise Seulle*, référence à Guigone, seule dame des pensées de Nicolas.

L’étoile fait référence à l’astre qui lui montre la voie du salut…

À noter aussi que le polyptyque flamand du Jugement dernier de Van der Weyden est exposé ici !

Tombe de Guigone de Salins

Tombe de Guigone de Salins | ©Arnaud 25 / CC-BY-SA

La cuisine

Avez-vous remarqué ce petit personnage, Bertrand, l'automate sur le tourne-broche ?

Il date de 1698, œuvre de l’horloger Defresne !

Bertrand, sur le tourne-broche

Bertrand, sur le tourne-broche | ©Jebulon / Public domain

Sources

  • Patrice Boussel. Guide du Lyonnais et de la Bourgogne mystérieux. 1974.
  • Étienne Bavard. L'Hôtel-Dieu de Beaune : 1443-1880. 1881.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !