La tour où est morte Louise de Savoie se trouve à Gretz-sur-Loing
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Quand : 22 septembre 1531
Louise de Savoie, régente et mère de François Ier, est morte dans cette tour francilienne, aujourd'hui ruinée !
L'origine du nom de la tour
Cette tour rectangulaire en ruine porte le nom de tour de Gannes.
Un nom (ou plutôt surnom) traditionnellement donné aux ruines de vieilles forteresses, notamment de vieux donjons quadrangulaires.
Son origine ? Il viendrait de Gannelon, célèbre, dans La Chanson de Roland, pour avoir trahi le neveu de Charlemagne !
Albert Pellerin explique, en 1895, dans La Normandie Monumentale et pittoresque :
« Son nom veut dire traître. C'est le château du traître, semblable à Gannelon, ce personnage exécré de tout le Moyen Âge, sur la foi des trouvères qui imputaient à sa trahison le désastre de Charlemagne à Roncevaux et la mort de Roland. De Ganne, Gannelon, engaigner et engaignerie, trahir et trahison, en vieux français. »
Tour de Ganne | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
L’histoire de la tour de Ganne
Une histoire un poil brumeuse entoure la tour de Ganne !
- Elle aurait été construite en 1127 par le roi de France Louis VI, alors qu'il fait fortifier plusieurs cités, dans la région ;
- Grez reste après cela cité royale : Blanche de Castille y vient fréquemment, on sait que Philippe le Bel y séjourne également ;
- Après la mort de Louise de Savoie, la tour est démantelée par Henri IV.
- À la Révolution, où elle est en ruines depuis longtemps, on la vend comme bien national ; elle avait été jusque-là propriété du duc d'Orléans.
Tour de Ganne | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
Qui est Louise de Savoie ?
Mais venons-en à celle qui meurt ici, en septembre 1531 !
- Par sa mère Marguerite de Bourbon, elle descend du duc bourguignon Jean sans Peur, et plus loin, du roi de France Jean II le Bon. Son père porte le titre de duc de Savoie ;
- Louise épouse Charles d'Orléans en 1488, avec qui elle a 2 enfants : Marguerite d'Angoulême (reine de Navarre grand-mère d'Henri IV), le roi de France François Ier ;
- Deux fois régente de France, Louise se révèle très active en politique et en diplomatie ; elle négocie notamment la Paix des Dames, en 1529, qui met fin à la 7e guerre d’Italie, entre François Ier et Charles Quint.
Tour de Ganne | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
La mort d’une régente
Panique ! Louise de Savoie venait de fuir la ville voisine de Fontainebleau, accompagnée de sa fille Marguerite de Navarre !
La raison ? Une épidémie de peste menaçait les habitants. Elles comptent se rendre à Romorantin, en Val-de-Loire : la résidence de cœur de la régente.
Louise souffre depuis longtemps de la goutte, mais aussi de calculs rénaux très fréquents et douloureux. Mais à 55 ans, elle tient encore debout. Enfin... plus pour longtemps.
Les deux femmes ont à peine parcouru 30 km, qu'elles doivent s'arrêter à Grez, où Louise, trop affaiblie, finit par mourir le 22 septembre 1531, dans cette tour dite de Ganne.
Tour de Ganne | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
Une histoire de comète !
Par le passé, le passage d’une comète annonçait de grands évènements, bons ou mauvais.
Ainsi, peu avant la mort de Louise de Savoie, on observe le passage de la comète de Haley, « l’estoile à la grand’queue » comme l’écrit Clément Marot.
On l’avait observée depuis la fin juillet, et tout le mois d’août.
Louise elle-même l’avait vue, et avait murmuré :
« Voici un signe qui ne paraît pas pour une personne de basse qualité : Dieu le fait paraître pour nous grands et grandes ! Refermez la fenêtre, c’est une comète qui m’annonce ma mort. Préparons-nous ! »
Tour de Ganne | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
Le dernier hommage de sa fille
La fille de Louise, Marguerite de Navarre, la fine poétesse, compose un poème, peu après la mort de sa mère. On les retrouve dans le livre III des Prisons.
Elle qui l'avait veillée jusqu'à la fin...
« Il est un village que l'on nomme Grez, Près de Paris, lieu rempli de regrets, Car là mourut Louise de Savoie, Qui de vertu avait suivi la voie, Mère du roi François, qui avait d'âge Cinquante-cinq ans, l'an de son voyage. Voyant la fin peu à peu approcher Loin de son fils qu'elle tenait tant cher, Laquelle fuyant la peste fut contraint De s'éloigner, dont il eut regret maint... »
Tour de Ganne | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA
Les larmes d’un fils
François Ier, le fils chéri, le dieu vivant, le César de Louise, n'est pas au chevet de sa mère mourante. Ravagé par le chagrin, il commande de somptueuses funérailles.
On porte le corps de Louise de Savoie à l'abbaye Saint-Maur-Des-Fossés, à 80 km au nord de Grez, pour y être embaumé.
Le 6 octobre 1531, le roi vient rendre un dernier hommage au corps de sa mère : une effigie de cire a été placée sur son cercueil, recouvert d'un drap d'or et d'hermine.
Le visage de cette effigie est tellement réaliste, que lorsque François soulève le voile qui cache les traits de sa défunte mère, il est pris d’un malaise et doit quitter la pièce, soutenu par des proches !
Il revient, mais il est tellement sous le choc, et en pleurs, que la cérémonie se poursuit sans lui.
On réserve à l'ancienne régente des funérailles exceptionnelles, digne d’une reine de France, à l’image de celles de l’épouse de François Ier, Claude de France ou celles d’Anne de Bretagne.
Elles se déroulent à Notre-Dame de Paris, suivie par l’inhumation à la basilique Saint-Denis, le 18 octobre 1531.
Sources
- André Châtelain. Châteaux-forts et féodalité en Île-de-France, du XIe au XIIIe siècle. Éditions Créer, 1983.
- Jean-Luc Déjean. Marguerite de Navarre. Fayard, 2014.
- Panneau touristique dans la ville de Grez-sur-Loing.
- Camille Flammarion. Récits de l'infini : lumen, histoire d'une âme. 1885.
- Collectif. Louise de Savoie (1476-1531). Presses universitaires François-Rabelais, 2015.