La Reynerie, le domaine du mari de Mme du Barry
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Quand : 1781 - 1811
L’ancien domaine a été construit par Guillaume Dubarry, de 1781 à 1783.
Le mari de la mythique Mme du Barry, maîtresse de Louis XV !
L’occasion de revenir sur la vie de cet homme que rien ne prédestinait à épouser la future favorite.
Des Reynier à Dubarry
Au 17e siècle, les Reynier laissent leur nom au domaine, avant qu’il ne passe entre les mains de Guillaume Dubarry, à la suite d’un échange avec le propriétaire.
Dubarry va complètement transformer le domaine et le laisser dans son état actuel.
Il faut dire qu’il a fait fortune. Oh, oh, mais comment ?
L'histoire se passe en 1768, à la suite de son mariage avec une certaine Jeanne Bécu... alias Mme du Barry !
On verra après pourquoi, mais Louis XV lui verse une grosse pension, lui donne le titre de colonel d’infanterie, le duché de Roquelaure et le château de Rieutort, près d’Auch.
À Toulouse, il est bien accueilli et mène une vie paisible, devenant même membre de l’Académie de Peinture.
Il démolit le vieux château des Reynier et construit le bâtiment actuel.
Parc du château | ©Caroline Léna Becker / CC-BY
Guillaume et sa fratrie
Guillaume naît en 1732 à Lévignac (31).
C’est un petit officier de marine qui vit avec ses trois sœurs et sa mère, assez misérablement, ma foi.
Il a un frère, Jean-Baptiste, des sœurs, donc, dont voici les deux plus célèbres : Claire-Françoise (dite Chon) et Jeanne-Marie (dite Bitschi).
Détail de la façade | ©Caroline Léna Becker / CC-BY
Guillaume et Madame du Barry
Jean-Baptiste Dubarry à Paris
Voilà donc Guillaume et Jean-Baptiste, les deux frères unis par la même femme : Jeanne Bécu, future Mme du Barry.
Mais tout commence lorsque l’aîné, Jean-Baptiste, épouse à 25 ans, en 1748, Ursule de Vernongrèse.
Il file à l'anglaise à Paris, à peine leur fils né, sous prétexte d’un voyage d’affaires : il disparaît dans l’agitation fiévreuse de la capitale...
Guillaume, célibataire, un poil fruste, vit lui près de Toulouse, à Lévignac.
En 1768, une lettre arrive de Paris : Jean-Baptiste, dont on n'avait plus de nouvelles, invite Guillaume à Paris.
Il lui a dégoté un « mariage inespéré », avec un beau parti !
Mais il fallait faire vite. Guillaume se met en route, une lettre de sa mère en poche, qui stipulait qu’elle l’autorisait à contracter une union quelle qu’elle soit... du moment qu’elle était bénie par un prêtre.
Alléchée, la famille attendait la bru, à Lévignac... Guillaume revient, sans femme, mais marié et heureux !
Il raconte que Jean-Baptiste fréquente le gratin et mène un train de vie de roi, quoique un chouia endetté !
Il fait de l’argent grâce à de jeunes dames recrutées dans les tripots et les bas-fonds de la capitale, les décrassait, leur redonnait une beauté, les éduquait et les vendait à de riches nobles et hommes d'affaires avant l'heure.
Le parc | ©Caroline Léna Becker / CC-BY
Jeanne Bécu, 18 ans
En 1763, Jean-Baptiste fait ainsi la connaissance de Jeanne Bécu, 18 ans, blonde, assez jolie.
Elle avait été femme de chambre, puis vendeuse dans une boutique de modes, avant de se retrouver à la rue.
À 19 ans, Jean-Baptiste lui demande de « tenir son ménage », dans l’actuelle rue d’Aboukir, et attire chez lui tous les vieux rogatons pervers de la cour.
Sur quoi Jean-Baptiste juge le moment venu de l’offrir à Louis XV... si triste, depuis la mort de Mme de Pompadour.
Il prête son nom à Jeanne, pour mieux entrer à Versailles : elle devient comtesse du Barry, en deux mots.
Le roi est ravi. Conquis ! Jean-Baptiste voit déjà les honneurs et la fortune déferler sur lui : mais pour que Jeanne devienne maîtresse royale, il fallait qu'elle soit mariée...
La noce à Paris, et puis...
Mais lui a déjà une épouse... il pense alors à Guillaume, ce grand célibataire devant l'éternel.
Hop, la noce est célébrée à Paris et Guillaume retourne le jour-même à Lévignac. La du Barry, elle, peut enfin être présentée à la cour et devenir la maîtresse en titre...
Voilà comment Guillaume revient à Toulouse, marié, avec sa pension de 5000 livres, qui lui permet d'acheter La Reynerie !
Mais son image est ternie par ce mariage avec la « première catin de France. »
Guillaume se retrouve veuf de Mme du Barry en 1793 (guillotine oblige) et se remarie en 1795 avec une petite modiste de Paris, Madeleine Lemoine, avec qui il a deux enfants.
Guillaume finit ses jours à La Reynerie en 1811, paisiblement, on n'en doute pas.
Un an plus tard, le domaine est vendu...
Sources
- Edmond et Jules Goncourt. La Du Barry. 1878.
- Paul de Casteras. La société toulousaine à la fin du 18e siècle. 1891.
- Marius Tallon. Les du Barry. 1892.