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Bienvenue à Lévignac, chez la famille Dubarry

Mme du Barry (E. Vigée-Lebrun, 1782) | ©National Gallery of Art / Public domain
Château Mme du Barry Château Dubarry

Le fief de la famille Dubarry ! Jean-Baptiste le proxénète qui laisse son nom à Jeanne Bécu, future madame du Barry par un petit arrangement avec son frère Guillaume, on va le voir...

Des seigneurs sans le sou

Aller à Lévignac, c’est partir sur les traces de la famille Dubarry...

Oui, comme la comtesse du Barry, dernier maîtresse de Louis XV avant son exécution en 1793 !

Née Jeanne Bécu, d’origine modeste, sans le sou, elle avait fait la rencontre de Jean-Baptiste Dubarry qui devient son amant, la prostitue et la marie avec son propre frère, pour qu’elle devienne la maîtresse du roi.

Les Dubarry sont connus dès le 15e siècle, dans les environs de Toulouse.

Peu de ressources, chez cette famille (une dynastie, on a envie de dire), mais un gros appétit, de gros besoins !

Le château côté jardin

Le château côté jardin | ©FHd / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La famille Dubarry

Les parents du terrible Jean-Baptiste, je vous les présente : le paternel s'appelle Antoine Dubarry, capitaine au régiment d’Île-de-France, la mère Marguerite-Thérèse de La Caze.

Il y aura trois fils et trois filles : Jean-Baptiste (né en 1722), Guillaume (né en 1732), Hélie (né en 1740) , Claire-Françoise dite Chon (née en 1733), Jeanne-Marie dite Bitschi et la dénommée « Catin. »

Jean-Baptiste et Guillaume Dubarry

Pour retrouver toute leur histoire, rendez-vous à Toulouse, chez Guillaume...

Jean-Baptiste, surnommé le Roué, se retrouve à Paris deux jours après la naissance de son fils.

Il rêve de diplomatie, d’espionnage, écume les tripots, les maisons de jeu, les lieux de plaisir, puis renonce à ses rêves pour un travail plus facile.

Le voilà proxénète. Oui. N’ayons pas peur des mots. Il s’y met d’ailleurs avec Lebel, « agent secret des plaisirs de Louis XV. »

Mme de Pompadour morte, il fallait de la chair fraîche au vieux Louis XV.

C’est dans un salon à la mode que le Roué rencontre Jeanne Bécu, 18 ans, alors simple petite vendeuse dans une boutique de mode. Ils deviennent amants.

Jean-Baptiste, sans aucun scrupule, la prostitue.

Lui et Lebel conviennent que l’on ferait souper Jeanne avec le roi. Mais comment la présenter… elle n’était ni noble, ni mariée.

Hé bien figurez-vous... qu'il marie son ancienne maîtresse à son frère Guillaume ! Et lui donne le nom de comtesse du Barry (en deux mots, noblesse oblige).

La du Barry bien en cour, c’est là qu’il fait intervenir ses deux sœurs vieilles filles, histoire de garder un œil sur Jeanne, qui pourrait encore lui rapporter gros.

Bientôt, « le Trésor royal est sa caisse et celle de toute sa famille. » Il dépense tout ! Le jeu, la bonne chère, son hôtel de Toulouse, sa maison familiale de Lévignac…

Mais en 1774, tout s’effondre, avec la mort du roi. La du Barry entre au couvent, le Roué prend la fuite. Les créanciers lui prennent tout.

En exil en Suisse et en Allemagne, il revient en France sur la pointe des pieds, en 1775. Il a 54 ans, une santé qui décline.

Son épouse étant morte, il se remarie avec Mlle de Rabaudy et vit dans son luxueux hôtel de Toulouse.

Il dépense. Trop. Pourtant, il a de l’argent de côté, avec les terres que lui avait données le roi. Mais il s’endette quand même.

À la Révolution, il n’émigre pas, joue au patriote et entre dans la garde nationale. Crac ! On l’arrête, « prévenu d’intelligence avec les ennemis de la République. »

Sur l’échafaud, place du Capitole, en janvier 1794, il trouve le moyen de plaisanter : « Le bourreau sera bien attrapé lorsqu’il voudra me pendre par les cheveux, car mon toupet lui restera dans la main. »

Le château côté rue

Le château côté rue | ©FHd / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Chon Dubarry

Claire-Françoise dite Chon, abréviation de Fanchon : la préférée de Mme du Barry, à Versailles.

Laide et bossue, un peu boiteuse, mais très intelligente, arrachée de sa morne vie provinciale pour monter vers les dorures versaillaises, elle dirige et surveille Jeanne du Barry, sa belle-sœur.

« C’est un mentor qui formerait à l’intrigue la femme la plus inepte, elle animerait un marbre », dixit son frère Jean-Baptiste (et les Mémoires du maréchal duc de Richelieu).

Bitschi Dubarry

De son vrai prénom Jeanne-Marie. Fade, contrefaite, elle jouait « le rôle d’emplâtre auprès de Chon », racontent les Goncourt dans leur biographie de Mme du Barry.

Les deux sœurs à Versailles

Une fois Jeanne à la cour de Versailles, Jean-Baptiste fait venir ses deux sœurs vieilles filles, histoire de veiller sur leur jeune belle-sœur.

Elles sont logées à côté de chez Jeanne, au second étage.

Bitschi, borgne, a toujours des coliques et se montre peu. Chon tient salon tous les dimanches.

Elle y gagne quelques prétendants, mais son frère décline les propositions de mariage, jugeant les unions peu flatteuses pour elle !

Elle veille en tous cas sur Jeanne, et tous se retrouvent le soir « entre soi en famille. »

Le roi prend même plaisir à faire sauter Chon sur ses genoux, qui lui racontait les derniers potins de Toulouse… La famille appelle le roi « le frérot », dans l’intimité, vous imaginez ? Non mais, je vous jure...

Les deux sœurs reçoivent une belle pension de 30 000 livres de rente, des cadeaux, des toilettes, des bijoux… et Jean-Baptiste soutire de l’argent à Jeanne et se fait construire des châteaux en veux-tu en voilà.

Hélie Dubarry

Hélie, le seul honnête homme de la famille (assez incroyable pour être notifié), obligé de changer de nom, après la mort de Louis XV.

Il s'agit du frère cadet, qui s’engage dans les armées contre-révolutionnaires après avoir émigré.

Il regagne la France en 1801 et vite entre Toulouse et Paris. Il se remarie à 60 ans passés.

Il meurt en septembre 1820 à 79 ans, après un procès de 20 ans contre son ex belle-famille, qui réclame le remboursement de la dot.

Mme du Barry, d'après Drouais

Mme du Barry, d'après Drouais | ©Rijksmuseum / CC0

La fin des Dubarry

La Révolution guillotine donc Jean-Baptiste (tout comme Mme du Barry, au passage) et emprisonne les deux sœurs et Guillaume.

Ils en réchappent, récupèrent des bribes de leur fortune passée.

Au début du 19e siècle, les demoiselles Dubarry vivent à Toulouse une vie morose, avec la mélancolie d’un passé doré à Versailles... Les deux vieilles célibataires vivent ensemble.

Bitschi meurt en 1801, à 63 ans, Chon en 1809. Elle lègue sa fortune aux œuvres charitables de Toulouse.

Quid de Lévignac ?

Deux mots sur Lévignac et sa maison dite du Barry, au cœur du village !

C'est une maison du 18e siècle, construite en briques, matériaux typiques de la région de Toulouse.

Malheureusement, c'est à l'heure actuelle une propriété privée, qui ne se visite pas...

Sources

  • Dominique Muller. Une traînée de poudre : Jeanne du Barry, la dernière favorite. 1990.
  • Adrien Fauchier-Magnan. Les Dubarry : histoire d'une famille au 18e siècle. 1934.
  • Étienne Psaume. Biographie moderne. 1816.
  • Edmond et Jules de Goncourt. La Du Barry. 1878.
  • Jeanine Huas. Madame du Barry. Éditions Tallandier, 2013.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !