Un repos éternel guidé par les dieux, voyage paisible le long d’un Nil paresseux et majestueux... c’est cela, la vie après la mort, chez les pharaons égyptiens.
À moins que... quelques momies se sont échouées sur une certaine place de la Bastille !
D'un éléphant à une colonne... avec des caveaux dessous
La place de la Bastille devait accueillir une fontaine colossale en forme d’éléphant.
Alors pour cela, on avait creusé d’immenses galeries pour les tuyaux de conduite d’eau.
Mais on abandonne le projet pachydermique, pour finalement construire l’actuelle colonne de Juillet.
Lesdites galeries ne servant plus à rien... on les transforme en deux caveaux funéraires circulaires.
Des caveaux pour qui ? Pour les corps des victimes de la Révolution de 1830, à qui la colonne de Juillet est dédiée.
Ils sont 504, au total, enterrés aux quatre coins de Paris :
- dans le jardin de l’Infante (entre le Louvre et la Seine) ;
- au Champ-de-Mars ;
- dans les cimetières du Sud et de l’Est (actuels Montparnasse et Père-Lachaise) ;
- dans le jardin de la Bibliothèque Nationale...
La translation se déroule le 27 juillet 1840.
Mais parmi ces 504 dépouilles se sont glissées... 7 momies égyptiennes !
Méli-mélo funèbre
Des momies à Paris ? Oui !
Rapportées par les scientifiques qui accompagnent Napoléon Bonaparte, pendant sa campagne d’Égypte.
Mais une fois à Paris, problème : on ne sait pas où les conserver, ces momies.
Pire, elles vont s’abîmer ! Le climat humide de la France n’a rien à voir avec la chaleur sèche de l’Égypte...
Et voilà : après un passage par les salles basses du musée du Louvre, les pauvres momies ont la bandelette fatiguée. Elles pourrissent !
On décide alors de s’en débarrasser en les enfouissant sous le jardin de la Bibliothèque Nationale, avec aussi... les corps des victimes de juillet 1830, qui se trouvaient là au début dans des fosses communes !
Et quand on déterre ces corps pour leur donner une tombe décente sous la colonne de la Bastille, on déménage avec eux les restes des momies.
Voilà pourquoi celles-ci se retrouvent sous la colonne...
Source
- Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.