La petite vie de Voltaire à Cirey

De 1734 à 1749

Le châteauLe château | ©LaurPhil / CC-BY

Pauvre Voltaire ! La publication, en 1734, de ses Lettres Philosophiques, lui fait courir le risque d'un emprisonnement à la Bastille.

Le livre est vite interdit, et l'écrivain trouve refuge chez son amie la marquise du Châtelet, dans le duché de Lorraine, alors indépendant.

En arrivant à Cirey, Voltaire trouve le château dans un état de délabrement avancé.

Il fait alors les réparations, ajoute une galerie, un laboratoire et une nouvelle aile.

Il embellit les appartements, tout cela sur sa fortune personnelle, prêtant même au marquis 40 000 francs !

De grands scientifiques viennent nombreux, pour assister la célèbre marquise du Châtelet dans ses travaux, mathématicienne et physicienne hors-pair, auteure de la traduction françaises des Principes de Newton.

Une amie, Mme de Graffigny, qui vient souvent à Cirey, décrit les appartements.

Ceux de Voltaire, petite antichambre suivie d'une chambre tapissée de velours cramoisi, comporte « des lambris, des tableaux, des glaces, des encoignures de laque admirables, des porcelaines, des choses infinies dans ce goût-là, chères, recherchées... »

Voltaire dira d'ailleurs avec une pointe d'humour :

« Nous sommes des philosophes très voluptueux ! »

Ensuite, on a une galerie avec statues de Vénus et d'Hercule. Viennent les appartements de la marquise, en jaune et bleu. Mme de Graffigny dira :

« Je n'en reviens pas, les du Châtelet n'ont jamais été riches, pourtant. »

Pour cause, Voltaire est passé par là, et y a laissé son argent...

On a même une « chambre de bains » aux lambris vert céladon, « clair, gai, divin. »

Mme de Graffigny est elle logée dans une pièce ouverte à tout vent, dont elle dira :

« À Cirey, tout ce qui n'est pas de l'appartement de la dame et de Voltaire est d'une saloperie à dégoûter ! »

Voltaire et ses amis occupent leur journée en travaillant le matin, le soir, la nuit, aussi. On se voit à 11 h pour le café, puis après déjeuner, chacun rentre chez soi, jusqu'au souper à 21 h.

On s'amuse ensuite avec la lanterne magique, les marionnettes, mais surtout avec les pièces données dans le petit théâtre, sous les combles... pièces signées Voltaire, bien sûr !

Sources

  • Raoul d'Argental. Histoire complète de la vie de Voltaire. 1878.
  • Guillaume Lebrocquy. Voltaire peint par lui-même. 1868.
  • Gustave Desnoiresterres. Voltaire et la société au 18e siècle : Voltaire à Cirey (tome 1). 1871.
  • Mme de Grafigny. Vie privée de Voltaire et de Mme du Châtelet. 1820.