Késako ?
À Moret-sur-Loing (77), une spécialité très connue a vu le jour en 1638 : le sucre d'orge, créé par les sœurs de l'abbaye de Moret !
Ce petit bonbon brillant, ambré, est une préparation à base de sucre cuit dans une décoction d'orge.
À la base, les religieuses se servent de sucre de canne venu d'Espagne, remplacé depuis par du sucre de betterave.
On trouve le sucre d'orge sous forme de bâtonnets ou de berlingots.
Il reste de cet héritage une très belle maison à colombages, dite auberge de Saint-Jacques, où les sœurs ont inventé la recette et qui abrite la boutique de sucres d'orge !
Il existe même à Moret une confrérie depuis 1997, et un musée dédié à cette sucrerie !
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Le sucre d'orge des sœurs de Moret
Le secret de la sœur
La Cour du roi en raffole ! On le dit délicieux, bon pour la gorge et pour l'estomac aussi.
C'est un grand succès...
Mais en 1792, les sœurs quittent précipitamment le monastère et emportent la recette avec elles.
De toutes façons, en pleine Révolution, on ne pense pas vraiment à manger des sucreries...
Mais une religieuse repointe bientôt le bout de son nez, à Moret : la sœur Félicité. Elle a la recette !
Mais elle est bien âgée. Sur son lit de mort, elle confie sa précieuse recette à une amie, qui elle même la confie aux nouvelles religieuses.
Les sœurs désertent Moret à la fin du 20e siècle.
Avant leur départ, elles confient la recette à un confiseur de la ville, qui perpétue toujours la tradition !
Les Bénédictines de Moret
Les sœurs venaient du couvent des bénédictins de Moret, ou couvent Notre-Dame-des-Anges, fondé en 1638 par Jacqueline de Beuil et le marquis de Varde, son mari.
Les bâtiments conventuels se construisent petit à petit, pour que des jeunes filles de la noblesse y soient envoyées, afin de parfaire leur éducation.
La première abbesse s'appelle Élisabeth Pidoux : parente du célèbre Jean de La Fontaine !
C'est sous sa surveillance que le délicieux sucre d'orge voit le jour !
Pourtant, le couvent n'a jamais vraiment roulé sur l'or.
On sait juste que Mme de Maintenon donne une rente annuelle de 5 000 livres.
Malheureusement, les difficultés s'accumulent et même si en 1755, le couvent devient abbaye royale après son union avec l’abbaye de Villechasson, rien n'y fait !
Les dettes s'entassent, les bâtiments tombent en ruine.
Tant pis, la Révolution chasse tout ce petit monde loin de Moret...
Sources
- Laurence Caracalla. Le tour de France des 100 pêchés mignons. Le Figaro, 2017.
- Abbé Pougeois. L'antique et royale cité Moret-sur-Loing. 1875.