Késako ?
Oh, Montargis ville polluée ? Non, rassurez-vous... Et puis ce ne sont pas les crottes DE chien, mais les crottes DU chien de Montargis, célèbre toutou qui a sa légende !
Spécialité inventée en 1968, on a là un praliné enrobé d'une coque de nougatine trempée dans du chocolat noir.
La petite histoire
La légende en marche
Bon, je vous ai déjà parlé de la légende : un gentilhomme se fait tuer par un ami jaloux de son statut de favori auprès du roi. Son chien le venge en combattant l'assassin au cours d'un duel. Alors, histoire vraie ou pas ?
À la base, c'est une chanson de geste de 1170, la Chanson de Macaire, dont l'unique manuscrit a été retrouvé à Venise. L'histoire se déroule sous le règne de Charlemagne, en 770 : le futur Charlemagne, le roi Charles, a pour épouse la fille du roi de Byzance, Sibylle.
La belle jeune femme intéresse le chevalier Macaire. Sauf que son ami, le favori du roi Aubry de Montdidier, ne l'entend pas de cette oreille ! Macaire l’emmène au fond de la forêt de Bondy et le tue. Il l'enterre, mais son chien fidèle vient veiller le corps.
Dans cette histoire, pas de trace de duel et Macaire n'est pas inquiété ! Au milieu du 12e siècle paraît une autre histoire, l'Itinerarium Cambriae de Giraud de Barri. Elle situe l'histoire à Antioche, dans l'Antiquité ! Rien à voir, donc.
La légende actuelle semble être née au cours du 14e siècle : des chroniqueurs comme Olivier de La Marche dans son Traité des duels mentionnent que l'histoire se passe sous le règne de Charles V, en 1371, dans la forêt de Bondy. Mais plusieurs historiens réfutent cette idée.
Montfaucon, dans son Monuments de la monarchie française, affirme que c'est une histoire vraie, située en 1731. Il en donne même une gravure.
Enfin, en 1814, Pixérécourt écrit un mélodrame en 3 actes et en prose, Le chien de Montargis ou la forêt de Bondy, joué à Paris pour la première fois au théâtre de la Gaieté, le 18 juin 1814.
Sur les traces du chien
Que reste-t-il de la légende, aujourd'hui ? Pas grand chose. Un bas-relief se trouvait au-dessus de la cheminée de la grande salle du château de Montargis, mentionné par Ducerceau dans Les plus excellents bâtiments de France au 16e siècle (1576).
En 1836, monsieur Boyard, membre du conseil général du Loiret, écrit dans son Montargis, statistique agricole, commerciale et intellectuelle :
« La grande salle était la plus vaste et la plus riche qu'on ait encore vue. 6 cheminées de 6 pieds de long suffisaient à peine à l'échauffer. À l'une d'elles un tableau représentait le combat d'un lévrier avec un officier de Charles VIII. Beaucoup de personnes le prenaient pour le chien de Montargis. »
Une fontaine avait été élevée dans la forêt de Bondy par le roi Charles V, avec des mots latins assez dissuasifs, qui disent en substance : « Vous qui enfreignez les lois, redoutez jusqu'à votre ombre quand vous voulez faire le mal. »
Une gravure représentant le combat existe tout de même, tout comme un vitrail dans l'église Sainte-Madeleine de Montargis, réalisé en 1861 par le maître-verrier Lobin.