La Fayette : tout sur sa naissance au château de Chavaniac et son enfance auvergnate !

Du 6 sept. 1757 à 1768

La Fayette (1775–1800)La Fayette (1775–1800) | ©The Metropolitan Museum of Art / Domain public

Les La Fayette, une très ancienne famille

On l’appelle La Fayette tout court, mais son nom complet est Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette.

Les La Fayette sont une vieille famille noble d’Auvergne, dont on trouve mention dès le 11e siècle.

L’un des plus célèbres membres s’appelle Gilbert VII, au 15e siècle : il devient maréchal de France après avoir brillé à la bataille de Baugé, remportant la victoire face aux Anglais !

La famille trouve ses origines dans le Puy-de-Dôme, sur la terre dite de Villa Faïa, près de Saint-Germain-l’Herm.

Marraine et parrain

Le futur général voit le jour au château de Chavaniac, le 6 septembre 1757.

Il est le fils unique de Michel Louis Christophe Roch Gilbert du Motier (1733-1759), colonel chez les grenadiers français, et de Marie Louise Julie de La Rivière, d’origine bretonne (1737-1770).

On le baptise immédiatement après, dans l’église Saint-Roch de Chavaniac.

Sa grand-mère paternelle, Marie Catherine de Chavaniac, lui sert de marraine. Son parrain, Joseph Yves de La Rivière, est aussi son grand-père paternel.

Château de ChavaniacChâteau de Chavaniac | ©Gérard Colombat / Flickr / CC-BY

Les La Fayette portent ce nom depuis peu de temps !

C’est le grand-père paternel de Gilbert, Charles du Motier de Champetières, qui hérite du nom de son cousin en 1692, René Armand du Motier de La Fayette.

Un cousin de la branche aînée n’ayant pas d’héritiers mâles : il lui fallait donc à tout prix transmettre le nom de La Fayette ! Il le fera, via la branche cadette (certes la moins illustre).

Le petit Gilbert devient donc, à la mort de son père en 1759, l’unique héritier des La Fayette, la seule branche subsistante de la famille !

Le château natal de Chavaniac

Le château primitif remonte au 14e siècle, mais l’actuel, celui où naît le marquis ?

Incendié à la toute fin du 17e siècle, il voit le jour en 1701, restauré en 1791 par l’architecte Vaudoyer pour La Fayette en personne !

La terre de Chavaniac était entrée dans la famille en 1708, par la grand-mère du marquis, une Suat de Chavaniac : elle l’avait apportée en dot à Édouard Motier de La Fayette.

Un seul élément ne date pas du vivant du marquis de La Fayette : le donjon crénelé carré, ajouté dans les années 1910 par le propriétaire de l’époque, John Moffat !

Château de Chavaniac : donjon du 20e sChâteau de Chavaniac : donjon du 20e s | ©Gérard Colombat / Flickr / CC-BY

Orphelin de père, mais chouchouté par les femmes

En 1759, le petit Gilbert a 2 ans à peine, lorsque son père meurt, lors d’une bataille de la guerre de Sept Ans, à l'âge de 25 ans.

Sa veuve part s’installer à Paris chez son père. Le petit Gilbert reste lui au château de Chavaniac, choyé par trois femmes :

  • sa grand-mère paternelle, « du plus haut mérite, respectée de toute la province et qu’on venait consulter de vingt lieues à la ronde sur tout ce qui pouvait intéresser les familles » ;
  • deux tantes paternelles, Louise Charlotte de Chavaniac et Marguerite Madeleine du Motier, l’une veuve, l’autre célibataire.

Sa mère ne revient voir son fils que l’été : elle refuse de l’arracher à sa « famille » de Chavaniac !

Gilbert a 13 ans, en 1770, lorsque sa mère meurt, suivie à quelques semaines près de son grand-père maternel.

Maigre consolation : celui-ci lui laisse une jolie fortune, qui va faire de lui un homme riche. Très riche. L’une des plus grosses fortunes du pays !

La Fayette (1775)La Fayette (1775) | ©The Metropolitan Museum of Art / Domain public

Son enfance à Chavaniac

Que dire de ces 11 années passées à Chavaniac ?

On n'a très peu de détails, hormis ceux issus des Mémoires du marquis lui-même. Il évoque simplement son « éducation en Auvergne auprès de parents tendres et vénérés. »

Il a dû, comme le raconte Henri Mosnier dans son livre sur le château de Chavaniac (1883), passer une enfance paisible et monotone, interrompue par des séjours à Brioude, où la famille possède un hôtel particulier.

Le petit Gilbert vit dans la mémoire de ses ancêtres, entretenue par les récits racontant leurs victoires et leurs gloires :

« Il était naturel que j’entendisse beaucoup parler guerre et gloire, dans une famille toujours occupée de ses souvenirs et de ses regrets, et où la mémoire de mon père était adorée. »

Château de ChavaniacChâteau de Chavaniac | ©Gérard Colombat / Flickr / CC-BY

Gilbert rêve de la bête du Gévaudan !

Le jeune Gilbert passe son temps libre à battre les bois voisins de Chavaniac, pour y chasser loups et loups-garous.

Hé oui ! C’est l’époque de la terrible bête du Gévaudan, qui dévaste cette contrée voisine, aux confins de l’Auvergne !

Le petit Gilbert rêve d’aller la pourchasser, cette bête. Il écrit dans ses Mémoires :

« Dès l’âge de 8 ans, mon cœur battit pour cette hyène qui fit quelque mal et encore plus de bruit dans notre voisinage ; et l’espoir de la rencontrer animait mes promenades. »

La Fayette (Trumbull, 1797)La Fayette (Trumbull, 1797) | ©The Walters Art Museum / CC0

L'éducation du jeune Gilbert

L’abbé Fayon, le prêtre de la paroisse, lui sert d’instituteur, de ses 7 ans jusqu’à son départ à l’âge de 11 ans, pour le collège parisien du Plessis.

Plus tard, le marquis s’en souviendra comme « d’un excellent homme, mais avec beaucoup de préjugés et peu d’esprit. »

Avant de dire :

« La véritable éducation se trouve surtout dans les sentiments de la famille qui environne un enfant, et jamais, à cet égard, on ne fut plus heureusement situé que je l’ai été. »

Le cousin de La Fayette, le marquis de Bouillé, venu à Chavaniac en 1767, rapporte :

« Je trouvai le jeune La Fayette singulièrement instruit pour son âge, étonnamment avancé dans la raison et dans le raisonnement, et extraordinaire par ses réflexions, sa sagesse, sa mesure, son sang-froid et son discernement. »

Avant d’ajouter que « s'il y joignait un caractère rigoureux, il ferait plus tard de grandes choses » !

Château de ChavaniacChâteau de Chavaniac | ©Gérard Colombat / Flickr / CC-BY

Le départ de Chavaniac pour Paris

La Fayette quitte donc son Chavaniac natal, où il avait été heureux, en 1768, à 11 ans. Direction Paris et son collège du Plessis.

Les pas de La Fayette, entre France et Amérique, le guideront toujours au château de Chavaniac. Notamment pour y pratiquer une agriculture « moderne », découverte en Amérique ; il fait venir des taureaux de race anglaise et revoit la façon de penser les cultures.

En 1827, son fils George suit sa voie en créant à Chavaniac une école primaire gratuite, puis une école de filles.

Forcé d’émigrer à la Révolution, le marquis revient dans son château natal en 1800. En 1829, il y passe pour la toute dernière fois, avant sa mort 5 ans plus tard à Paris.

Sources

  • Henry Mosnier. Le château de Chavaniac-Lafayette. 1883.
  • Laurent Zecchini. Lafayette. Fayard 2019.
  • Étienne Taillemite. La Fayette. Fayard, 2014.