La plus jolie
Laissez-moi vous présenter la fille de François IV de Lastic et d’Anne Charron : Charlotte-Hélène de Lastic, née en 1765.
Elle devient comtesse de Saisseval et, à la suite de sa mère, se retrouve attachée au service de madame Victoire, l'une des filles de Louis XV.
Modeste, pure et jolie, elle fait l’unanimité à la cour (surtout auprès de Marie-Antoinette), où on ne tarde pas à la surnommer « la céleste Saisseval. »
Trouver un réconfort
Mais voilà la Révolution, il faut émigrer...
Londres d’abord, où elle raconte elle-même son arrivée :
« Arrivée sur la plage par un temps affreux, ma famille délaissée errait de porte en porte sans pouvoir trouver d’abri. Ces 9 heures de rebuts et de souffrances me parurent bien longues, car la neige tombait, et quand je voyais ma mère, mon mari et mes pauvres petits enfants mourant de faim et de froid, je versais des torrents de larmes et de larmes bien amères. Mais ensuite, me rappelant la conformité de cette position avec celle de la sainte Vierge à Bethléem, j’essuyais mes larmes je me remettais à espérer à me résigner du moins. »
Aah, sa piété l’a aidée. C’est qu’elle est très bigote, Charlotte !
À un temps où il était normal de ne pas se lever avant 11 heures, elle parvient à faire accepter à son mari qu’elle soit debout avec les poules, à 5 h du matin.
Pour faire quoi ? Prier, pardi.
Aussi, elle tient à aller seule aider les pauvres gens dans les hôpitaux, chose qui ne se faisait pas à l’époque, pour une dame de la noblesse.
Courage, Charlotte !
Après London, ce sera la Hollande, où Charlotte ouvre un petit magasin de miniatures (elle peint bien les portraits) et une boutique de mode où elle vend ses propres créations.
Ça marche bien, on dirait qu’elle a fait ça toute sa vie !
Les autres émigrés viennent lui rendre visite, elle et sa petite famille, dans sa modeste maison qui fait office d’atelier dans la journée et de petite chapelle le matin.
Charlotte perdra 4 enfants et son mari, là-bas... mais elle reviendra en France, plus courageuse que jamais : ça ne vous rappelle pas la forte personnalité de la demoiselle Dillon, au château du Bouilh (33) ?
Là, elle se démène et crée plusieurs fondations caritatives, dont l’œuvre de la visite des malades dans les hôpitaux en 1801 (actuelle association Visite des Malades dans les Établissements Hospitaliers).
Sources
- M. Bourdon. Les servantes de Dieu : vies édifiantes des dames les plus pieuses et les plus charitables. 1861.
- La comtesse de Saisseval. In La Sainte Famille (11e année). 1885.