La Bête du Gévaudan est morte en Haute-Loire !

Statue de la Bête, AuversStatue de la Bête, Auvers | ©Ethibaud / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Si la statue rappelle le combat courageux de Marie-Jeanne Vallet contre la Bête du Gévaudan, le 11 août 1765 (elle la blesse au poitrail avec une baïonnette), elle commémore surtout le lieu voisin où le terrible animal mangeur d’hommes a été tué, le 19 juin 1767 : la Sogne d’Auvers. Au cours d’une des nombreuses battues organisées par le marquis d’Apcher, grand seigneur du Gévaudan !


La Bête décime le Gévaudan, actuelle Lozère, depuis l’été 1764. Une centaine de victimes, de blessés. Les saisons ont passé sans que rien ni personne, pas même les meilleurs chasseurs du royaume de France, ne parviennent à venir à bout de cette Bête de malheur. Jusqu’à ce matin du 19 juin 1767, vers 10 h…


Jean Chastel, paysan lozérien et chasseur hors pair, est posté à la Sogne, au pied du Mont Mouchet, dans les sombres bois de la Tenazeyre. La veille au soir, le marquis d’Apcher avait réuni 12 chasseurs, pour battre une nouvelle fois la forêt. Ce matin du 19 juin 1767, ce sont eux qui rabattent la Bête sur Chastel.


Celui-ci la voit s'arrêter à quelques mètres de lui. Ils se dévisagent. Puis il prend son fusil, vise ! La Bête s'effondre, convulse et rend l'âme. Chastel lance alors le célèbre « Bête, tu n'en mangeras plus ! », tandis que chiens et chasseurs de la battue organisée par le marquis d'Apcher arrivent.


On emmène la dépouille au château de Besques, chez le marquis d'Apcher. La Bête pèse 53 kg, mesure 77 cm. Ressemble-t-elle à un loup ? Oui… et non ! Sa couleur fauve et ses rayures étonnent.


Le 1er juillet, le chirurgien venu du village voisin pratique l’autopsie. Dans l’estomac, on retrouve… le fémur d’un enfant « d’âge moyen » ! Puis il embaume la Bête : Apcher compte avec Chastel la présenter au roi à Versailles.


Mais c’est un embaumement très sommaire : le chirurgien se contente de remplacer les entrailles par de la paille ! La chaleur de cet été meurtrier aidant, le cadavre est rapidement dans un état de putréfaction avancé.


Car pendant 12 jours, nobles, prêtres, paysans défilent au château voir le cadavre de la Bête et féliciter Apcher pour sa battue fructueuse. Puis Chastel la montre de hameau en hameau.


La Bête arrive finalement à Versailles... début août. Pas étonnant que le roi se plaigne de l’odeur de vieille charogne que dégageait le corps : on l’enterre fissa quelque part à Paris… S’en était vraiment fini, de l’horrible Bête du Gévaudan !

Sources

Michel LouisLa Bête du Gévaudan : l'innocence des loupsPerrin, 2001