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La bataille normande de Formigny

Quand : 15 avril 1450

Le monument | ©Xfigpower / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Bataille Guerre de Cent Ans Monument de la bataille de Formigny

La bataille de Formigny

La situation

Ça y est. Charles VII chasse les Anglais hors du royaume. Il ne doit plus en rester un !

Et là, c’est la reconquête de la Normandie.

Bien sûr, face aux Français, les Anglais demandent du secours au roi Henry VI : peu après débarquent Kyriel et ses 3 à 6000 hommes, tout près de Cherbourg.

Anglais contre Français

15 avril 1450. Nous voilà à Formigny dans le Calvados, non loin de Bayeux.

Les 6000 Anglais sont commandés par Thomas Kyriel, « chevalier de grand renom » dixit Jehan Chartier : il attend l’aide et le renfort d’Edmond de Sommerset, basé à Caen.

Les Français sont commandés par Jean II de Bourbon, comte de Clermont, qui lui, attend le soutien du connétable Arthur de Richemont, basé à Coutances.

Richemont a près de 60 ans. Connétable de France, il s’est distingué à Azincourt, il y a 35 ans de cela : on l’avait ramassé, grièvement blessé, enfoui sous un amas de cadavres pourrissant !

Clermont, lui, est jeune, tout fou fou.

Autour de lui gravitent des têtes plus sages, comme le gendre de Gilles de Rais Prégent de Coetivy, Pierre de Brézé le grand-père de Louis, mari de Diane de Poitiers, et moult autres grands seigneurs…

Ils sont peu nombreux : 300 archers, 600 lances, autant de cavaliers… 3000 en tout.

Des pieux, des trous !

Les Anglais ont installé des pieux dans la terre, pour stopper l’attaque à cheval des Français, inférieurs en nombre.

La guerre de Cent Ans (Édouard Hardÿ de Périni, 1879) dit :

« Les Anglais faisaient, par le moyen de leurs dagues et épées, de grands trous et fossés devant eux, afin que ceux qui les assauldraient vinssent tomber dedans avec leurs chevaux. »

Ils mettent aussi leurs précieux et si puissants archers en bonne position. Leur but ?

Laisser venir les Français, en se retranchant, et les massacrer sous des volées de flèches… la bonne vieille méthode qui a fait ses preuves à Azincourt, Crécy et Poitiers !

En plus, ils sont bien placés. Le livre Origines de la tactique française : les batailles d'autrefois (Édouard Hardÿ de Périni, 1879) dit qu'ils

« s’étaient mis fort à leur avantage, car ils avaient laissé derrière leur dos grande quantité de jardins, pleins de pommiers, poiriers, afin qu’on ne les pût surprendre par-derrière. À environ un trait d’arc derrière eux, ils y avaient une rivière et d’autres jardins pleins d’arbres. »

Les Français, eux, attendent le renfort de Richemont et ses Bretons. Alors, toute la matinée, on se scrute.

Bataille de Formigny

Bataille de Formigny | ©The British Library / Flickr / Public domain

Enfin, de l'action !

Soudain, vers midi, des boulets de canon s’écrasent sur lesdits archers anglais.

Les premières lignes tombent comme des mouches.

Vous croyez que les Français allaient encore tomber dans le panneau, comme à Azincourt ?

Hé non ! Aux boulets s’ajoutent couleuvrines et bombardes.

Les Anglais montent à l’assaut de ces armes. Le plus grand désordre règne dans les rangs ennemis. Les Anglais neutralisent l’artillerie.

Kyriel, ne vois-tu rien venir ?

Kyriel continue d’attendre les renforts. Oh, mais, minute… il les aperçoit, qui arrivent ?

Voilà Sommerset et son armée de 2000 hommes !

Ah, en fait... non : c’était Richemont et son armée de Bretons !

« Ce fut une consternation. Tout courage les abandonne » note Basin, évêque de Lisieux, devant l’espoir fauché des Anglais.

Et le massacre ne faisait que commencer.

La bataille de Formigny dure plusieurs longues heures. Les Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet rapportent :

« Combattirent très vaillamment les uns et les autres, par l’espace de trois heures ou environ ; pendant lequel temps y furent faites de grandes vaillances, tant d’un côté comme d’autre. »

Au bout de ces trois heures, les Anglais abandonnent.

C'est la fin

Vers 16 heures, c’était fini...

C’est la débandade totale chez les Anglais, qui se font tuer en masse.

Un vrai massacre, une déroute à travers les jardins, les vergers, les cours, les ruelles.

Car si l’armée française laisse la vie sauve aux ennemis qui se rendent, ce ne sera pas le cas des paysans : les chroniqueurs évoquent 500 archers gallois massacrés jusqu’au dernier, dans les rues et jardins du bourg, à coups de hache et de pioche.

Une fois que « tout fut refroidié », 14 fosses sont creusées pour contenir les corps des 3774 victimes anglaises.

Côté français, les chroniqueurs ne déplorent que… 400 morts.

Le monument, détail

Le monument, détail | ©Xfigpower / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Victoire !

Bref, Formigny est une belle victoire française !

Charles d’Orléans s’écrie en apprenant la nouvelle :

« Réjouis-toi, franc royaume de France, à présent, Dieu pour toi combat ! »

Charles VII, lui, y gagne son surnom de Victorieux.

À l’été 1450, toute la Normandie a été récupérée par la France.

Après cela, restera la Guyenne à reconquérir : le moment viendra en 1453, avec la bataille de Castillon, non loin de Bordeaux !

Le monument commémoratif

Le monument commémoratif | ©Xfigpower / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Quid du monument commémoratif ?

Le sculpteur Arthur-Jacques Le Duc en réalise les premières maquettes en 1903, pour l’Exposition du Champ-de-Mars.

La statue est installée le 15 avril 1903, puis inaugurée le 1er juin 1903.

On voit le connétable de Richemont et Jean de Bourbon après la bataille, côte à côte, sur le point de se séparer, chacun vers leur destin.

Le connétable, tête nue, sourire aux lèvres, son casque sous le bras, étreint de sa main droite celle de Jean de Bourbon, qu’il vient de sacrer chevalier sur le champ de bataille.

Au-dessus des deux, une femme : la France !

Petit clin d'œil du sculpteur : le connétable a pour traits l’abbé Lucas, curé de Canchy, et Jean de Bourbon l’abbé Lebrun, curé de Louvières…

Le bas-relief en bronze représente un épisode de la bataille.

Le monument a été élevé par souscription, grâce à l’archéologue bayeusain Georges Villers, à la commune de Formigny et la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux.

Le petit plus

À voir aussi : la chapelle construite par le comte de Bourbon en 1496, au bord du ruisseau où se déroule la bataille.

On y voit une plaque rappelant les noms des 64 chevaliers participant au combat, ainsi qu’une cotte de maille et des boulets découverts au 19e siècle, non loin de là.

Sources

  • Auguste Vallet. Histoire de Charles VII (tome 3). 1865.
  • Auguste Létienne. Arthur-Jacques Le Duc : statuaire. 1932.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !