L'origine du pavillon de Sylvie du château de Chantilly

Pavillon de SylviePavillon de Sylvie | ©Pierre Poschadel / CC-BY-SA

Un pavillon qui cache un poète libertin victime de censure ? Oui, et cela se passe ici, dans le parc du château de Chantilly !

La quiétude d'un couple à Chantilly

Bon, on a vu comment grâce à un mystérieux anneau magique, Henri de Montmorency tombe fou, fou amoureux de Louise de Budos et l’épouse.


Ils ont même un fils ensemble : Henri II de Montmorency. Qui finit exécuté dans la cour du Capitole de Toulouse, vous savez ? Cet Henri-là épouse en 1614 la cousine de Marie de Médicis : Maria-Felicia Orsini.


Maria est éperdument amoureuse de lui. Follement. De tout son être. Ils font de Chantilly leur petit nid d’amour et d’eau fraîche...

Étang de SylvieÉtang de Sylvie | ©Pierre Poschadel / CC-BY-SA

Le drame, en 1623...

Mais Henri va venir perturber tout cela, en 1623. En cachant sur le domaine le poète Théophile de Viau.


Mais pas n’importe quel poète, vous pensez bien : un condamné au bûcher pour sodomie et hérésie ! Les terribles Jésuites lui reprochent des passages hauts en couleurs de son dernier livre, Le Parnasse satyrique.

Théophile de ViauThéophile de Viau | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Odes à Sylvie

Finalement, Henri cache Théophile dans le petit pavillon du parc, au milieu des bois. Tout inspire le poète : la verdure omniprésente, les cerfs, le château... Maria, aussi.


C'est Théophile qui la surnomme « Sylvie » et écrit à Chantilly les Dix odes à Sylvie... Voici un extrait, qui dépeint joliment ce côté paisible et verdoyant du parc de Chantilly (extrait de l'Ode 3) :

« Dans ce parc un vallon secret Tout voilé de ramages sombres, Où le Soleil est si discret Qu’il n’y force jamais les ombres, Presse d’un cours si diligent Les flots de deux ruisseaux d’argent Et donne une fraîcheur si vive À tous les objets d’alentour, Que même les martyrs d’amour Y trouvent leur douleur captive. »

La traque

Mais le poète doit filer. On le traque, des espions ont retrouvé sa cachette ! Tout ça pour qu’on l'arrête et qu’on l'enferme à la prison parisienne de la Conciergerie, pendant 2 ans.


Sa condamnation à mort se transforme alors en exil : il meurt de fatigue en 1626, à Paris, à 36 ans seulement, loin de ses protecteurs et amis de Chantilly, loin du petit pavillon de Sylvie...

Tout a une fin

Aah... Maria aimait tellement le parc du château de Chantilly et son joli pavillon dans les bois. Sauf que le bonheur ne dure pas. Son Henri se fait arrêter et décapiter au Capitole de Toulouse, en 1632 : il avait conspiré contre le cardinal Richelieu avec le frère du roi, Gaston d'Orléans... Maria finit ses jours dans un couvent de l'Allier, en 1666, malade et inconsolable.

Sources

  • Patrice Boussel. Guide de l'Île-de-France mystérieuse. Éditions Tchou, 1969.
  • Denis Lopez. La Maison de Sylvie de Théophile de Viau. Presses Universitaires de Bordeaux, 2006.