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L'histoire de la chapelle expiatoire

Quand : 1793 - 1826

La chapelle | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Chapelle Louis XVI Marie-Antoinette Chapelle expiatoire

L'ancien cimetière de la Madeleine

Louis XVI et Marie-Antoinette ont été exécutés place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), respectivement :

  • le 21 janvier 1793 ;
  • le 16 octobre 1793.

On enterre les corps dans le cimetière le plus proche : celui de la Madeleine.

À l’emplacement même de l’actuelle chapelle expiatoire !

Y reposent aussi :

  • une grande partie des gardes suisses massacrés le 10 août 1792, en défendant le palais des Tuileries et la famille royale ;
  • Philippe Égalité, le duc d’Orléans guillotiné ;
  • toutes les personnes guillotinées place de la Concorde jusqu’au 25 mars 1794, dont Charlotte Corday, Mme du Barry...
  • les 103 personnes mortes lors du mouvement de foule, pendant le feu d’artifice du 30 mai 1770.
La chapelle

La chapelle et le jardin intérieur | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

L'inhumation du couple royal

Le procès-verbal d’inhumation détaille :

« Vers 11 heures, une voiture escortée d’un détachement de gendarmerie à pied s’arrêta rue d’Anjou. Un flot de peuple se précipita aussitôt dans le cimetière, autour d’une fosse creusée à 10 pieds de profondeur, au bord de laquelle fut déposé par la gendarmerie, une bière contenant le cadavre de Louis Capet, qu’ils reconnurent entier dans tous ses membres, la tête séparée du tronc et placée entre ses jambes. »

Le cercueil du roi, ouvert, est descendu dans la fosse, sur une couche de chaux vive, le corps couvert d’une autre couche de chaux et de terre mélangée.

Le corps de la reine a subi le même sort, inhumé à quelques pas des restes de Louis XVI, entre plusieurs couches de chaux et de terre battues.

La chapelle : l'intérieur

La chapelle : l'intérieur | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La redécouverte des fosses

Le 25 mars 1794, le cimetière de la Madeleine est finalement désaffecté.

Le terrain est acheté par un certain Olivier Desclozeaux, ancien magistrat royaliste. Il habite juste à côté de l’ancien cimetière, au numéro 48 de la rue d’Anjou.

Il avait repéré, de sa fenêtre, l’endroit où avait été inhumé les deux corps... Il marque l’emplacement des deux tombes, en plantant deux saules pleureurs et quelques arbustes.

Il fait part de l’emplacement à Louis XVIII, en 1814, lorsque celui-ci lance des recherches des restes de son frère.

Endroit confirmé par Pierre Seveste, petit-fils de l’ancien fossoyeur de 1793 !

La fosse de Louis XVI

On exhume bientôt les restes de Louis XVI. Le procès-verbal d’exhumation signale :

« C’est au milieu de cette chaux et de cette terre, que nous avons trouvé les ossements d’un corps d’homme, dont plusieurs étaient près de tomber en poussière. La tête couverte de chaux se trouvait placée au milieu des os des jambes, circonstance d’autant plus remarquable, que cette situation était indiquée comme celle de Louis XVI dans l’enquête sur son inhumation. »

On ne trouve pas de traces de vêtements... mais de la terre mêlée de chaux et d’ossements.

La chapelle : l'intérieur, détail

La chapelle : l'intérieur, détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La fosse de Marie-Antoinette

Quant aux restes de Marie-Antoinette, ils sont identifiés grâce à des fragments de bas en filoselle grise : ceux qu’elle portait à la prison de la Conciergerie.

Le procès-verbal indique :

« Nous avons trouvé dans cette bière un grand nombre d’ossements de femme, que nous avons soigneusement recueillis. Il en manquait cependant quelques-uns, qui sans doute étaient déjà réduits en poussière, mais nous avons trouvé la tête entière déplacée, et plus près de l’autre extrémité du corps. La position où elle était placée indiquait d’une manière incontestable qu’elle avait été détachée du tronc. Nous avons également trouvé quelques débris de vêtements de femme, et notamment deux jarretières élastiques assez bien conservées, que nous avons retirées, ainsi que deux débris du cercueil. »

Les deux corps sont transportés en la basilique Saint-Denis, pour y être inhumé, le 21 janvier 1815.

La chapelle

Les cénotaphes et le pavillon d'entrée | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La construction de la chapelle

Une fois les deux corps inhumés à Saint-Denis, Louis XVIII décide de la construction d’une chapelle commémorative, à l’emplacement de l'ancien cimetière de la Madeleine.

Il confie la tâche à Fontaine : oui, l’architecte de Napoléon Ier, l'auteur de l’arc de Triomphe du Carrousel !

On pose la première pierre le 21 janvier 1815, le jour même de la translation des deux corps à Saint-Denis.

Le chantier s’étale de 1816 à 1826.

La chapelle

Une des galeries latérales | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le saviez-vous ? À deux doigts de la destruction !

Lors de la Commune de Paris, en 1871, on a voulu... démolir la chapelle !

« Le Comité de salut public, considérant que l’immeuble connu sous le nom de chapelle expiatoire de Louis XVI, est une insulte permanente à la première révolution, et une protestation perpétuelle de la réaction contre la justice du peuple, arrête : Art 1er - La chapelle dite expiatoire sera détruite. Art 2 - Les matériaux en seront vendus aux enchères publiques, au profit de l’administration des domaines. Art 3 - Le directeur des domaines fera procéder dans les huit jours à l’exécution du présent arrêté. Paris, le 6 mai 1871. »

C’est sans compter un certain Jacques Libman, qui imagine une ruse pour sauver la chapelle...

Avec l’aide d’un ami, ministre plénipotentiaire des États-Unis à Paris, il se fait passer pour un Américain voulant racheter le monument, pour le faire reconstruire outre Atlantique.

Il donne un acompte de 5000 francs, sur les 1 200 000 demandés, ce qui permet de gagner un temps précieux... jusqu’à la chute de la Commune de Paris, en fait !

La chapelle : l'intérieur

La chapelle : l'intérieur | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Visite de la chapelle expiatoire

Cénotaphes et rosiers

Sur le chemin qui mène à la chapelle proprement dite, regardez, ces deux galeries latérales.

Elles abritent les cénotaphes des gardes suisses tués lors du massacre du 10 août 1792, au palais des Tuileries, alors qu’ils protègent la famille royale.

Ces stèles (qui ne contiennent aucun corps) sont surmontées de clepsydres ailées (symbole de la fuite du temps) et de couronnes où se mêlent fleur de lys, cyprès (le deuil), pavot (le repos éternel).

Oh, oui : notez les rosiers, de chaque côté de l’allée centrale, qui rappellent ceux qu’aimait Marie-Antoinette, et qu’elle plantait à Trianon...

Les cénotaphes, détail : pavots et clepsydre

Les cénotaphes, détail : pavots et clepsydre | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Les statues de la reine et du roi

Deux groupes sculptés ornent l’intérieur de la chapelle :

  • Louis XVI (par Bosio) montant au ciel, soutenu par un ange, qui a les traits du confesseur du roi, présent avec lui sur l'échafaud : l’abbé Edgeworth ;
  • Marie-Antoinette (par Cortot), soutenue par une allégorie de la Religion, qui a pour traits ceux de Mme Élisabeth, sa belle-sœur, guillotinée puis inhumée au cimetière des Errancis.

À noter : des inscriptions, sur chaque piédestal :

  • la toute dernière lettre de Marie-Antoinette à sa belle-sœur Mme Élisabeth ;
  • le testament de Louis XVI.
Louis XVI

Louis XVI | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Marie-Antoinette

Marie-Antoinette | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

L'emplacement de la tombe du roi

Les deux escaliers conduisent à la crypte voûtée, où s’élève un autel construit à l’emplacement de la fosse où reposaient les restes de Louis XVI, avant leur redécouverte en 1814 !

Sources

  • François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou, 2011.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du Vieux Paris. Éditions Princesse, 1977.
  • Le document de visite édité par le Centre des Monuments Nationaux. 2019.
  • Abbé Falcoz. Chapelle expiatoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette. 1877.
  • Abbé Savornin. Notice historique sur les faits et particularités qui se rattachent à la chapelle expiatoire. 1865.
  • Clémentine Portier-Kaltenbach. Coups de chœur : ils racontent leur église préférée. Tallandier, 2018.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !