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François-René de Chateaubriand en 9 anecdotes

Quand : 4 septembre 1768 - 4 juillet 1848

Chateaubriand | ©Musée de Bretagne / Public domain
Château François-René de Chateaubriand Château de Combourg

Rencontre avec Chateaubriand dans son château de Combourg... en 9 anecdotes !

1 - Il est né et a été enterré à Saint-Malo

Il pousse son premier cri au cœur de l'hôtel de La Gicquelais (actuelle rue Chateaubriand), le 4 septembre 1768 :

« J’étais presque mort quand je vins au jour. Le mugissement des vagues, soulevées par une bourrasque annonçant l’équinoxe d’automne, empêchait d’entendre mes cris. […] Il n’y a pas de jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère m’infligea la vie, la tempête dont le bruit berça mon premier sommeil. » (Mémoires d'Outre-Tombe)

Mort à Paris le 4 juillet 1848, il a été enterré selon son souhait sur l'îlot du Grand Bé, une presqu'île accessible à marée basse, uniquement.

Chambre natale de Chateaubriand, à Saint-Malo

Chambre natale de Chateaubriand, à Saint-Malo | ©Rijksmuseum / CC0

2 - Ses parents, sa fratrie

Son père

Il s'agit du comte René-Auguste de Chateaubriand, corsaire et pêcheur de morues, issu d’une très vieille famille noble bretonne... mais désargentée !

Pas franchement gai, acariâtre, le père vit seul dans une tour du château familial de Combourg (on le retrouve mort, d’ailleurs, dans la tour dite de l’Est, en 1786).

« Le calme morne du château de Combourg était augmenté par l’humeur taciturne et insociable de mon père. Au lieu de resserrer sa famille et ses gens autour de lui, il les avait dispersés à toutes les aires de vent de l’édifice. » (Mémoires d'Outre-Tombe)

François-René doit à la base reprendre la suite de son paternel... comme marin !

Sa mère

Sa mère ? Apolline de Bédée ! Dépressive, mais très cultivée.

Le couple a 10 enfants : 4 meurent en bas-âge d’un « épanchement de sang au cerveau », raconte Chateaubriand dans ses Mémoires.

6 survivent, dont François-René (le petit dernier), Jean-Baptiste, Lucile, Julie, Marie-Anne et Jeanne.

Jean-Baptiste sera guillotiné en 1794...

Combourg

Combourg | ©Calips / CC-BY-SA

3 - Le château de Combourg est le berceau du romantisme

Chateaubriand est le précurseur du romantisme. Et Combourg... le berceau du romantisme !

Ah, le courant romantique... en voici les grandes lignes : la mélancolie, les passions exacerbées, la souffrance intérieure, un grand lyrisme, la description de la nature couplée aux ruines, et un goût prononcé pour la solitude, l’engagement politique, la quête de la spiritualité...

C'est Combourg qui forge le caractère mélancolique de François-René et lui inspire ses premières pensées romantiques :

« C’est dans les bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis, que j’ai commencé à sentir la première atteinte de cet ennui que j’ai traîné toute ma vie, de cette tristesse qui a fait mon tourment et ma félicité. […] Là, j’ai cherché un cœur qui pût entendre le mien ; là, j’ai vu se réunir, puis se disperser ma famille. » (Mémoires d'Outre-tombe)

Son père achète Combourg en 1761, 7 ans avant sa naissance.

Un gros et vieux château-fort construit dès le 12e siècle, que le paternel aurait acquis grâce à ses activités de traites d’esclaves, entre Nantes et Saint-Domingue....

« Des cachots et des donjons, un labyrinthe de galeries, partout obscurité, silence et visage de pierre, voilà le château de Combourg », écrit Chateaubriand.

L’écrivain passe y son enfance, logé seul, dans la tour la plus haute (et hantée) du château.

Les Mémoires d'outre-tombe

Les Mémoires d'outre-tombe | ©The Public Domain Review / Public domain

4 - Il entreprend un grand voyage en Amérique du Nord

En 1791, Chateaubriand s’embarque pour le Nouveau Monde : il veut ouvrir le fameux passage du Nord-Ouest (et quitter la France en pleine Révolution, en passant).

Il rencontre George Washington à Philadelphie, qui lui aurait lancé « Well, well, young man » !

Il revient en France début 1792, faute d’argent, en disant : « Je reviens avec deux sauvages d’une espèce inconnue, Chactas et Atala. »

Deux indiens qui font le succès de son premier livre, Atala, en 1801 !

En fait, il avait rencontré les derniers Indiens Natchez, rescapés d’un massacre organisé par les Français, en 1772.

Ils lui inspirent son récit.

Chactas avait été sauvé des envahisseurs blancs par une jeune chrétienne, Atala : ils vivent dans la forêt d’amour et d’eau fraîche, jusqu’à ce qu’un prêtre les recueille.

Chactas est prêt à se convertir pour Atala, afin de l’épouser. Mais Atala a promis à sa mère de se consacrer à la religion… drame en vue, of course.

Atala et les Natchez

Atala et les Natchez | ©Biblioteca de la Universidad de Sevilla / Public domain

5 - Chateaubriand et Napoléon

Chateaubriand a traversé les époques : né sous la monarchie de Louis XV, il voit la fin de celle-ci sous Louis XVI, la Révolution, le Consulat puis le premier Empire, avant de participer à la Restauration sous Louis XVIII, qui le fait ministre d’État...

Après avoir admiré le consul Bonaparte (il lui dédie son Génie du Christianisme), il devient farouchement opposé à l’empereur (qui fera plus tard fusiller un de ses cousins accusé de chouannerie, et toc).

Mais... savez-vous pourquoi ?

Chargé d’affaires auprès de la république du Valais, Chateaubriand démissionne en signe de protestation, après l’exécution du duc d’Enghien par Napoléon, en 1804, un lointain cousin de Louis XVI...

Après quoi il publie un pamphlet pro-royaliste, De Buonaparte et des Bourbons et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes, avec un leitmotiv... « abattre l’idole » !

Chateaubriand

Chateaubriand | ©Musée de Bretagne / Public domain

6 - Sa plus célèbre citation ?

« Il ne faut pas être plus royaliste que le roi » !

Autrement dit, ne pas faire trop de zèle. Il écrit cette phrase en 1816, dans La Monarchie selon la Charte.

Une expression déjà utilisée sous Louis XVI, mais qu’il va populariser dans le langage courant.

7 - Il donne son nom à une spécialité gastronomique

En 1821, Chateaubriand est nommé ministre de France à Berlin, puis ambassadeur à Londres.

C’est là que son cuisinier, Montmirel, invente la cuisson du bœuf qui porte son nom !

Il s'agit d'une pièce de viande rouge taillée dans le filet, assez épaisse (un tournedos, généralement), bardée ou non de lard, grillée quelques minutes sur les deux faces.

Bon appétit !

Chateaubriand

Chateaubriand | ©Wilson Hui / CC-BY

8 - Un duel de mots !

Talleyrand a, un jour, ce très bon mot sur Chateaubriand :

« Monsieur de Chateaubriand croit qu'il devient sourd car il n'entend plus parler de lui. »

Et Chateaubriand de rétorquer à Talleyrand (mais c'est moins percutant, je vous laisse juge) :

« Ses yeux étaient ternes, de sorte qu’on avait peine à y lire, ce qui le servait bien ; comme il avait reçu beaucoup de mépris, il s’en était imprégné, et il l’avait placé dans les deux coins pendants de sa bouche. »
Portrait de Juliette Récamier (François Gérard, 1805)

Portrait de Juliette Récamier (François Gérard, 1805) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

9 - Les femmes de sa vie

Séducteur, François-René ? Cela se pourrait, vu ses nombreuses maîtresses !

Son épouse, d'abord, Céleste Buisson de La Vigne : il l'épouse en 1792. Un mariage dépourvu d'amour...

Elle supporte tout, TOUT : les longs voyages, les infidélités de François-René...

Charlotte Ives, rencontrée en Angleterre, en 1795. Il la quitte brutalement... le jour où ses parents apprennent qu'il est déjà marié en France !

Pauline de Beaumont, femme de lettres rencontrée en 1801. C'est avec son aide qu'il achève son Génie du Christianisme, la même année, installés à Savigny-sur-Orge (91). Elle meurt deux ans plus tard de tuberculose, dans les bras de son amant.

La mythique Juliette Récamier. En 1817, elle a 40 ans, lui 50. Il la rencontre dans son célèbre salon parisien. Coup de foudre ! Leur histoire va durer 30 ans. Elle l'aime, se consume pour lui. Lui ? Il lui fait subir toutes les trahisons. En 1848, François-René meurt dans les bras de Juliette, qui ne lui survivra que 10 mois...

Cordélia de Castellane, une brève et intense passion, entre 1823 et 1824.

L'écrivaine Hortense Allart, en 1829, la dernière femme dans le cœur de Chateaubriand, avant sa mort en 1848.

Sources

  • André Maurois. René ou la vie de Chateaubriand. 2014.
  • François-René de Chateaubriand. Réflexions politiques - suivi d'annexes. 2019.
  • Œuvres complètes de vicomte de Chateaubriand. 1840.
  • Jean Maillet. Donner de la confiture aux cochons. Les éditions de l'Opportun, 2019.
  • Jean-Joseph Julaud. La Littérature française Pour les Nuls. Éditions First, 2014.
  • François-René de Chateaubriand. Vie De Rancé. Flammarion, 2018.
  • Jacques-Alain de Sédouy. Chateaubriand : un diplomate insolite. Perrin, 1992.
  • Jean-Paul Clément. Article Chateaubriand et les Cent-Jours sur le site internet napoleon.org.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !