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Éléonore d’Olbreuse, l’aïeule poitevine d’Elizabeth II d'Angleterre

Eléonore d'Olbreuse | ©Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel / CC-BY
Château Elizabeth II d'Angleterre Château des ducs de La Trémoille

Le pitch !

Un soupçon de sang français coule dans les veines de la reine Elizabeth II d’Angleterre.

Celui d’une famille de la petite noblesse poitevine, les Desmier.

Tout commence avec Alexandre Desmier, seigneur protestant du Poitou, et son épouse Jacqueline de Vandré.

Le couple a quatre enfants, dont une fille, Éléonore. Notre héroïne du jour !

La grand-mère du roi d’Angleterre Georges II, aïeul direct de la reine Elizabeth II.

Nous la trouvons au début de son histoire au château de Thouars, comme dame de compagnie de la maîtresse des lieux, Marie de La Trémoille...

George II

Georges II | ©Rijksmuseum / CC0

Une famille protestante du Poitou

Notre histoire commence sous le soleil du Sud-Ouest. La famille Desmier, de petite noblesse, vient du Poitou.

Mais allons à la rencontre d’Alexandre Desmier, seigneur protestant d’Olbreuse et d’Antigny, baptisé au temple de La Rochelle, en 1608.

Il épouse la dame Jacqueline de Vandré en 1631.

Et le 7 janvier 1639, une petite Éléonore naît, au château d’Olbreuse.

Elle devient

« une grande fille dont la taille était majestueuse, le corps très délié, de grands yeux bien fendus, pleins d’une vivacité languissante, les cheveux noirs, le tour du visage assez rond... »
Eléonore d'Olbreuse

Éléonore d'Olbreuse | ©Internet Archive / Public domain

Au service de la duchesse de La Trémoille

Éléonore a 20 ans, quand son père la fait admettre en tant que demoiselle d’honneur, chez la duchesse de La Trémoille, Marie de La Tour, une parente.

Éléonore part s’installer au château de Thouars.

Dès 1662, elle occupe la même place, mais auprès de la belle-fille de la duchesse, Émilie de Hesse.

Cette princesse de Tarente a épousé un La Trémoille : un protestant pur de dur, qui décide de fuir les persécutions religieuses, et s’installer en Hollande, puis en Allemagne.

Éléonore ? La princesse l’apprécie beaucoup. Elle les suivra !

Le prince de Lunebourg est amoureux !

Voilà bientôt la jeune femme dans le très grand monde, parmi les princes. Et à la fin de l’année 1663, elle fait la rencontre de Georges-Guillaume de Brunswick-Lunebourg, prince de Zelle.

Oh ! Georges tombe amoureux fou des beaux yeux noirs d’Éléonore. Au fil des mois, la question du mariage se pose. Le prince refuse ! Voilà la raison...

A la base, Georges-Guillaume devait épouser la princesse Sophie de Hanovre.

Mais, préférant sa vie de fêtard, il propose à son frère Ernest d'épouser sa fiancée à sa place. Problème : la belle-famille se sent flouée. Pour cause !

Le père Brunswick-Lunebourg, avant sa mort, avait légué ses terres à ses trois fils aînés, et rien au cadet Ernest.

Pour rendre l’union acceptable, Guillaume s’engage :

  • à léguer ses terres à ses futurs neveux ;
  • à ne JAMAIS se marier, pour éviter qu’une descendance légitime n’hérite de quoi que ce soit.
Georges-Guillaume de Lunebourg

Georges-Guillaume de Lunebourg | ©Rijksmuseum / CC0

Deux mariages d'amour

Voilà pourquoi Georges-Guillaume ne peut pas épouser Éléonore.

Il lui jure néanmoins de ne jamais la quitter, lui assure une situation honorable à la cour et un pécule, s’il mourrait avant elle.

Tout ceci consigné dans un acte (un « mariage de conscience »), qu’ils signent en novembre 1665.

Mais Éléonore ne restait officiellement que « l’amie » de Guillaume…

Entre-temps, un nouveau partage de terres, à la mort du troisième frère, rebattait les cartes : Georges-Guillaume recevait le duché de Zelle, titre et terre qu’il allait léguer à Éléonore... et à sa fille.

Car le 15 septembre 1666, Éléonore donnait naissance à Sophie-Dorothée.

L’empereur légitime même l’enfant et élève Éléonore au rang de comtesse ! Et voilà… la petite devenait l'héritière du duché de Zelle !

Acte final : Guillaume épouse officiellement Éléonore en 1676. Un mariage d’amour, oui, mais une mésalliance qui fait scandale.

Sophie-Dorothée de Zelle

Sophie-Dorothée de Zelle | ©National Library of Scotland / CC-BY

La fille d’Éléonore, épouse du roi d'Angleterre

En 1682, Dorothée est bientôt promise à un prince allemand, bien décidé à faire valoir les droits d’héritage de sa future épouse.

Pour éviter que le duché de Zelle ne tombe entre les mains d’un tel homme, on décide que la fille d’Éléonore épouserait son cousin, le prince Georges : le fils de Sophie de Hanovre et d'Ernest.

Mais… sa mère était l’arrière-petite-fille d’une Stuart, la franco-écossaise Marie, et la petite-fille de Jacques Ier d’Angleterre !

Oui : Georges descendait d’un roi anglais. Et ça tombe bien, pour la suite de notre histoire : la reine Anne d’Angleterre, dernière des Stuart, meurt en août 1714, sans héritier.

Il y a une foultitude de princes prétendant au trône… sauf qu’ils sont catholiques !

Georges, lui, est protestant. En plus, c’est le cousin d’Anne, arrière-petit-fils de Jacques Ier d’Angleterre. Banco ! Il régnera sous le nom de Georges Ier d’Angleterre, de 1714 à 1727.

George I

Georges Ier | ©Rijksmuseum / CC0

De la maison de Hanovre aux Windsor

Avec Georges Ier, la famille de Hanovre arrive donc sur le trône anglais, succédant aux Stuart qui régnaient depuis 1371 : les Hanovre se maintiendront jusqu’à la mort de la reine Victoria, en 1901.

A la mort de celle-ci, la couronne anglaise passe dans la maison de Saxe-Cobourg-Gotha, avec Édouard VII.

Première Guerre Mondiale et sentiment anti allemand obligent, la maison change de nom pour celui de Windsor, en 1917...

Elizabeth II, 1953

Elizabeth II, 1953 | ©Amanda Slater / Flickr / CC-BY-SA

L’aïeule des souverains européens !

Éléonore d'Olbreuse a gagné son surnom de grand-mère de l’Europe.

Car par ses deux petits-enfants, le roi d’Angleterre Georges II et la reine consort Sophie-Dorothée de Hanovre, épouse du roi de Prusse, elle est l’ancêtre de quasiment toutes les familles princières européennes actuelles : en Suède, aux Pays-Bas ou en Belgique !

Éléonore est bien sûr l’aïeule de la reine Victoria et de la reine d’Angleterre Elizabeth II.

Et Éléonore, dans tout ça ?

Son cher Georges-Guillaume meurt en 1705.

Sa fille Dorothée, amoureuse folle depuis sa jeunesse du colonel suédois Koenigsmark, entretenait une correspondance enflammée avec lui, même mariée.

Personne n’est dupe : les lettres sont découvertes en 1694...

Lui meurt dans des circonstances troublantes, elle est internée à vie par son mari, dans une forteresse prison, où elle moisit 36 ans, jusqu’à sa mort en 1726.

Éléonore n’a jamais revu sa fille unique, et meurt en 1722 à Zelle, en Allemagne, à l’âge de 83 ans.

Sources

  • Pierre Péronneau. Jaquette, une ancêtre charentaise de la reine d’Angleterre... et d’autres grands de ce monde ! Le Boutillon des Charentes.
  • Charles Horric de Beaucaire. Une mésalliance dans la maison de Brunswick : Éléonore Desmier d'Olbreuze, duchesse de Zelle. 1884
  • Jean-Claude Arnould, Sylvie Steinberg. Les femmes et l’écriture de l’histoire. Publications des universités de Rouen et du Havre, 2009.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !