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Des Bretons font le siège de Moncontour en 1372 !

Quand : juin 1372 - juillet 1372

Chroniques de Saint-Denis (BL Royal 16 G VI, f. 379) | ©The British Library / Public domain
Fortification Siège Guerre de Cent Ans Bertrand du Guesclin Olivier V de Clisson Donjon de Moncontour

Un épisode de la guerre de Cent Ans s'est déroulé ici, à Moncontour !

Les Anglais ravagent la campagne

Juin 1372. Voilà ce que rapporte la chronique : les Anglais, installés à Moncontour, tyrannisent toute la région de Loudun.

« Moult grevait le pays de Loudunais et de Saumur. »

Le roi envoie son fidèle Bertrand du Guesclin à la rescousse, bouter ces malpropres hors de là.

Il n’est pas seul, bien sûr : on retrouve la fine fleur des chevaliers, le sire de Beaumanoir, le comte d’Alençon, le vicomte de Rohan…

Le Breton, lui, envoie d’abord Olivier V de Clisson, histoire de prendre la température à Moncontour.

Vous vous souvenez d’Olivier ? Le célèbre connétable breton que l’on a déjà rencontré au château de Josselin (56) ?

Là, il se retrouve à galoper aux côtés de « quatre cents lances » pour mettre le siège devant le château, « lequel par plusieurs fois le fit assaillir, et moult y fut blessé. »

Il jure pourtant qu’il ne partira pas avant sa besogne accomplie !

Le temps de la vengeance !

Dans le château de Moncontour se trouvent plusieurs capitaines anglais et alliés des Anglais. Jusque-là, rien d’anormal.

Mais parmi eux, un homme que Bertrand connaît. Un homme, avec qui il avait servi autrefois, en Espagne, à qui... il n’avait pas payé sa solde !

Celui-là n’avait pas oublié, et pense que c’est le bon moment pour se venger.

Il fait pendre aux créneaux de la forteresse, sur un genre de gibet, l’étendard portant le blason (un aigle) de Du Guesclin, à l’envers !

Avec un message clair : Du Guesclin est un traître…

L'assaut... avant le siège

Le sang du brave Olivier ne fait qu'un tour : il va redoubler d’effort pour finir ce maudit siège !

Mais, dans toutes les villes alentours occupées par l’Anglais, on savait qu’à Moncontour, on avait besoin d’aide.

Les Anglais s’apprêtent donc à attaquer Olivier de Clisson...

Du Guesclin, mis au parfum du plan ennemi, arrive avant eux à Moncontour et les fait battre en retraite.

Cela a été un « fier et merveilleux assaut », dit la chronique !

Mais maintenant que l'on avait chassé les renforts, il fallait déloger l'ennemi du château...

Le siège du château

Comme les fossés sont très larges et profonds, on fait

  • couper « grand foison de bois et d’arbres » par « les vilains du pays » ;
  • charrier ce bois jusque dans les fossés, que l’on couche en recouvrant avec de la paille et de la terre dessus.

Patiemment. Cela prend quatre jours pour combler les fossés, pour que l'on puisse assiéger les murailles plus facilement.

Le cinquième jour, Du Guesclin et ses Bretons viennent en bas de la muraille et commencent à pratiquer une brèche avec « pics et hoyaux. »

« Commencèrent à férir, à frapper, à jeter hors pierres, et à pertuiser ledit murage en plusieurs lieux. »

À l’intérieur du château, les Anglais sont surpris par la violence de l’attaque. Ils discutent ferme. C’est la fin, on se voit déjà assiégé et mort !

David Hollegrave et Jean Cresuelles décident de négocier la reddition :

  • leurs troupes doivent pouvoir sortir de la forteresse, en vie ;
  • leurs hommes doivent pouvoir emporter l’or et l’argent (le reste de leurs biens étant confisqué).

Voilà, Moncontour venait d’être repris...

Le fin mot de l'histoire !

Quid du capitaine et de l’étendard à l'envers ? Clisson avait averti Du Guesclin dès son arrivée.

Devant cette insulte, le Breton a le sang qui bout : il jure « de ne manger viande, et de ne se déshabiller » tant qu’il n’aurait pas pris la place-forte !

Après la reddition de Moncontour, Olivier demande la vie de l’Anglais qui avait sali les armes de Bertrand... pour en faire quoi, à votre avis ?

Le faire pendre à son tour !

Sources

  • Jean Alexandre Buchon. Choix de chroniques et mémoires sur l’histoire de France. 1836.
  • Armand La Fontenelle de Vaudoré. Histoire d’Olivier de Clisson. 1825.
  • Chroniques de Froissart.
  • La chronique de Messire Bertrand Du Guesclin. 1879.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !