Késako ?
Cavaillon et ses melons, c'est un peu comme Plougastel et ses fraises. Indissociables !
Ce cucurbitacée se cultive de mai à septembre, dans la vallée ensoleillée de la Durance.
La petite histoire
Avec du vinaigre
À Cavaillon, il y a... du melon à foison !
Originaire d'Afrique du Sud ou d'Inde, le melon est déjà bien connu des Romains, qui le mangent comme un légume, avec du vinaigre et du garum, une sauce très forte à base de poissons séchés.
Il faut dire que le melon est alors très peu sucré !
Chose qui évolue au fil du temps : il devient alors un fruit à part entière.
Les papes et le Vaucluse
On a cultivé le melon Cantaloup près de Rome, à Cantalupo, exprès pour les papes.
Une fois venus à Avignon, ceux-ci ont emmené le fruit avec eux, pour le cultiver à Cavaillon !
On murmure d'ailleurs qu'en 1471, le pape Paul II meurt d'apoplexie à 54 ans, après avoir mangé une trop grande quantité de melons...
Il faut dire que le climat et le sol du Vaucluse plaisent au melon, qui s'est vite popularisé à Cavaillon.
On commence même à en parler dans des écrits : le Lyonnais Jacques Pons fait paraître Sommaire traité des melons à la fin du 16e siècle et Olivier de Serres en parle longuement en 1600, dans son Théâtre d'Agriculture.
Les pompons !
Ce « fruit-légume » apparaît donc sur les tables de France à l'époque médiévale : la tradition veut que Charles VIII le rapporte de ses conquêtes italiennes, en 1495.
On appelle alors les melons « pompons » ou « popons », du latin pepo.
À l'époque, il n'y a que les rois et les grands seigneurs qui peuvent s'offrir le luxe d'en manger : jusqu'au 18e siècle !
Les rois s'en font péter la panse
Je vous disais que les plus grands en raffolent. Si si !
Henri IV a même eu une belle indigestion avec des melons, royal désagrément rapporté par le chroniqueur L'Estoile :
« Au mois d’août 1607, le roi de France se trouva malade d'un melon. Un docteur en Sorbonne fit en ce temps le procès du melon, à cause du mal qu'il avait fait au roi. »
Véridique ! Louis XIV les adore aussi. Louis XV tout pareil, à tel point qu'il en a dans les serres de son château de Choisy-le-Roi, près de Paris, grâce aux bons soins du jardinier Jacques Gondouin.
Du Midi à l'Anjou
La culture s'étend dans tout le Midi de la France : au 16e siècle, Bruyerin-Champier parle des melons sucrins de Narbonne.
Puis au 17e siècle, ce sont ceux de Touraine qui font l'unanimité : surtout ceux de Langeais, comme on le voit dans les Historiettes de Tallemant des Réaux.
Ronsard dit d'ailleurs dans ses Odes :
« L'artichaut et la salade, L'asperge et la pastenade, Et les pompons tourangeaux Me sont herbes plus friandes Que les royales viande Qui se servent à monceaux. »