Oh, une statue, située devant la cathédrale Sainte-Marie-Majeure...
Savez-vous qui est Belsunce ?
L'évêque le plus connu de Marseille: Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron, né dans le Périgord en 1671.
Mais, cet évêque marseillais a eu le droit à une avenue et une statue à son nom ?
Ah, mais c'est qu'il fait partie des héros de la terrible épidémie de peste qui a ravagé la cité phocéenne, en 1720...
Un héros dans la tourmente
Entré dans la compagnie de Jésus en 1691, nommé grand vicaire d'Agen, on l'appelle à Marseille en 1709 pour occuper le siège épiscopal.
Tout se passe bien, ma foi... jusqu'à cette terrible épidémie de peste, qui ravage la moitié de la ville....
Nous voilà en 1720.
La peste, ce sinistre fléau, a sûrement été envoyé par Dieu, pour punir les hommes de tous leurs péchés... voilà ce que l'on pense, à l'époque. On ne cherche pas plus loin !
C'est ce que doit aussi penser notre évêque, cloîtré dans son palais, entouré de tous côtés par des piles informes de cadavres, qui pourrissent devant ses fenêtres.
Oh, mais n'allez pas croire qu'il se morfond, Belsunce !
Avec le chevalier Roze, c'est le héros de l'épisode de la peste marseillaise !
Notre évêque se dévoue, court au secours des mourants dans toute la ville pour les confesser, les réconforter...
« Sa charité est active », écrit le chroniqueur Pichatty de Croislainte. Il va même jusqu'à donner son argent pour nourrir et soulager les malades.
Désespoir puis délivrance !
La corde au cou
Mais voyant que l'épidémie fait de plus en plus de ravage, Belsunce désespère.
Il confie dans des lettres :
« Il est des moments où le courage m'abandonne et que je me trouve dans la désolation... »
Plus de 1 000 personnes meurent alors par jour, c'est bien l'enfer sur terre !
Il décide alors, par un vœu, de consacrer son diocèse au Sacré-Cœur-de-Jésus et fixe la fête du Très-Saint-Sacrement le 1er novembre, jour de la Toussaint.
Lui-même sort de son palais le jour-même, tête et pieds nus, la corde au cou et la croix entre les bras.
Il se trouve à la tête d'une procession se dirigeant vers un grand autel dressé au pied de la montée de la porte d'Aix.
Là, il fait amende honorable et prie.
Une voix parmi les râles
Quel spectacle ! Il faut imaginer une foule épaisse, gigantesque, envahir l'actuel Cours Belsunce.
Toutes les cloches de toutes les églises de la ville vibrent à l'unisson, un chœur énorme de plus de 50 000 voix entonne le Deus in adjutorium, « Dieu, venez à mon aide »... de circonstance, ici, on va dire !
Belsunce, au milieu des râles des malades et des relents de peste, bénit toute la ville.
En tous cas, un mois plus tard, la peste ne faisait plus aucun mort à Marseille...
Pour le récompenser de son geste fort, le Roi le nomme à l'archevêché de Laon, en 1746.
Mais Belsunce, trop attaché à sa ville, refuse. Il meurt à Marseille en 1755.
La statue
La statue actuelle, en bronze, date de 1853 : c'est le sculpteur aixois Joseph-Marius Ramus qui la réalise, pour servir de décoration au cours Belsunce.
Depuis 1892, elle trône devant la cathédrale de la Major.
Sources
- Joseph Méry. Marseille et les Marseillais. 1860.
- Paul Gaffarel. La peste de 1720 à Marseille et en France, d'après des documents inédits. 1911.