Au bon plaisir de René
René Ier, fils de Louis d'Anjou et de Yolande d'Aragon... ce Bon Roi René !
Duc de Bar grâce à son mariage avec l'héritière du duché de Lorraine, titré duc d'Anjou et comte de Provence, il hérite en 1438 du trône de Sicile... qu'il perdra 5 ans plus tard !
En tous cas, René, bien fatigué par le monde politique, se fait construire un château sur les restes de l'ancienne forteresse fondée par Foulques Nerra au 11e siècle : Baugé !
Un lieu de délices et de détente où notre homme chasse, collectionne les animaux sauvages, se consacre à la littérature et la peinture.
Les sangliers se roulent dans la fange !
Abandonné depuis bien longtemps, en ruine, ce château avait éveillé la curiosité de la mère de René, en 1430 : une demeure de plaisance ici ?
Pourquoi pas !
Même si son nom n'évoque pas les meilleures délices...
Car la forteresse primitive du comte d'Anjou Foulques Nerra doit son nom à la bauge, ce lieu peu ragoûtant couvert de boue, où vont se rouler les sangliers !
Mais bon... Commence alors le chantier ! Les murailles et l'enceinte sont réparées.
Oui mais... les Anglais y mettent le feu 5 ans plus tard.
Luxe, calme et volupté
René hérite donc des terres en 1442 : allez, relevons les ruines brûlées !
L'architecte « maître des œuvres » Guillaume Robin est de la partie.
René ne se prive pas : 15 000 écus dépensés plus tard, voilà la chapelle, les étuves grand luxe et quantité de chambres luxueuses.
En 1465, le corps de logis principal, de 50 m de long, est achevé : il renferme les salles d'apparat et les appartements privés.
Le plus exceptionnel ? L'escalier à vis (LE plus beau de la région) avec sa voûte en palmier aux armes d'Anjou et d'Aragon.
À la même époque, 4 jardins viennent se greffer à notre château : un « fruitier » en prend soin, ainsi que des oiseaux exotiques et du labyrinthe.
La petite cour de René
Et quand René vient à Baugé, il fait déplacer toute sa cour.
Débarquent avec lui secrétaires, maîtres d'hôtels, chambellans, « varlets d'écuries », valets de chambre, échansons, panetiers, fruitiers, chirurgiens, curés, chapelains...
En 1469, René fait construire la chapelle (aujourd'hui disparue) de Notre-Dame-du-Petit-Mont, dans l'enceinte du château.
Le Guide du Val de Loire mystérieux (éd. Tchou) nous dit qu'il l'avait décorée lui-même de peintures !
On sait bien que René est un artiste dans l'âme...
C'est dans cette petite chapelle qu'il apprend de la bouche de ses émissaires qu'il a perdu sa province d'Anjou.
On dit qu'il y était occupé à peindre un petit oiseau, tout tranquille, à peine troublé par la nouvelle...