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Roscoff et ses johnnies : quand l'oignon traverse la Manche

Les oignons | Thesupermat / CC-BY-SA
Spécialité

Késako ?

Comment reconnaître l'oignon breton de Roscoff (29) ?

Simple ! Avez-vous vu cette couleur rosée, à l'intérieur comme à l'extérieur ?

Avez-vous goûté, cette saveur sucrée, piquante, cette texture fondante une fois qu'il est cuit ?

Voilà, vous ne pouvez pas vous tromper. En plus, il est certifié A.O.C. depuis 2009 !

La petite histoire

L'oignon, Roscoff, Dumas...

Aah, l'oignon... On le cultive depuis des temps très anciens !

C'est au Moyen Âge que l'on en mange surtout beaucoup.

On cultive l’oignon depuis le 17e siècle à Roscoff et dans les environs.

Alexandre Dumas se trouve à Roscoff en 1869, lorsqu'il commence à écrire son Grand dictionnaire de cuisine, paru en 1872.

Quoi de mieux que la mer, les embruns pour l'inspirer... et les oignons !

Il parle du début des johnnies : « Il y a des années où Roscoff envoie jusqu'à 30 ou 40 vaisseaux chargés d'oignons en Angleterre. »

Mais qui sont-ils, ces « johnnies » ?

Les Johnnies

Ceux que l'on appelle ici les « petits Jean » (ar Johnniged en breton) sont des marchands ambulants d'oignons de Roscoff, qui partent vendre leur cargaison de l'autre côté de la Manche.

On exporte depuis longtemps les oignons bretons en Angleterre, que l'on préfère à ceux d'autres pays et que l'on mange sous forme de pickles.

Mais le premier qui a l'idée d'aller les vendre directement sur place s’appelle Henry Ollivier.

Nous sommes en 1828.

Un « master de compagnie » recrute une douzaine de johnnies (qui commencent comme mousse vers l'âge de 12 ans) en Finistère, avant de s'embarquer sur une goélette pour aller en Cornouailles ou au pays de Galles.

Les Johnnies à l'heure du thé

1 500 Johnniged vendent en moyenne 9 000 oignons par an, avant la Seconde Guerre Mondiale.

Ils partent tous les ans fin juillet, avec leurs oignons accrochés à de grands bâtons.

Il faut être endurant, car on traîne une brouette toute la journée, sur les chemins.

Il faut aussi savoir parler un minimum anglais.

Encore que... parait-il qu'au pays de Galles, terre celtique par excellence, le Breton et le Gallois se comprennent très bien !

Les johnnies ne doivent rentrer en Bretagne que lorsqu'ils ont vendu tout leur stock.

Ils reviennent généralement en hiver avec, dit-on, certaines coutumes anglaises, comme celle du tea time et accrochent chez eux des portraits de la reine Victoria !

Et celui que l'on appelle « l'homme d'Angleterre » (paotr Bro-Saoz) ne parle presque plus qu'en anglais, plutôt qu'en Breton ! Pire, il a tout oublié du français appris à l'école !

Quelques Johnnies perpétuent encore aujourd'hui la tradition...

Sources

  • François Ménez. Promenades en Cornouaille, en Léon, en Trégor. 1987.
  • Joël Cornette. L'Histoire de la Bretagne pour les Nuls. Éditions First, 2022.
  • Article L’oignon de Roscoff : l'histoire. Site officiel de l'Office de Tourisme de Roscoff.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !