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Quand la flotte de Jean Ango sillonnait le globe

Quand : 1522 - 1551

Jean Ango par Jean-Marc De Pas | ©Frédéric BISSON / CC-BY
Château Exploration Manoir d'Ango

Terreur des Espagnols sur les mers, gavé par les trésors rapportés aux quatre coins du monde par sa flotte de commerce, capitaliste avant l’heure...

L'armateur normand Jean Ango devient plus riche que le roi, dont c’est pourtant un précieux allié !

Sacré business

Ango devient ultra-capitaliste avant l’heure : avec la guerre de course contre Espagnols et Portugais (guerre navale menée par les corsaires, autorisés par le roi à attaquer en temps de guerre tout bateau ennemi), il transforme le petit commerce de son père armateur en un business lucratif.

Comment Ango devient riche ?

En 1522, quand un de ses navigateurs, le Honfleurais Jean Fleury, met la main sur le trésor de l’empereur aztèque Guatimozin, que les Espagnols rapatriaient en Espagne !

Il contient une émeraude de la taille d’une paume de main, vous vous rendez compte ?

Aux quatre coins du globe !

Ango se lance dans l’exploration de terres lointaines, avec sa flotte qu’il envoie aux quatre coins du monde...

New-York

En 1524, quatre de ses navires, dont le vaisseau-amiral La Dauphine, commandé par l’Italien Giovanni da Verrazzano, explore la zone entre Floride et Terre-Neuve, au Canada.

Il identifie le fleuve Hudson, futur lieu de fondation de la future New York, qu’on nomme alors… Nouvelle-Angoulême (hommage à François Ier, comte d’Angoulême) !

Ils verront d’ailleurs ici une île dont la forme leur paraît familière, leur rappelant la Méditerranée… ce sera Rhodes, actuel Rhodes Island !

Terre-Neuve

Le Rouennais Thomas Aubert accoste à Terre-Neuve et ramène 7 indiens Micmacs à Rouen.

Lui croit avoir découvert l’Asie !

Afrique et Asie du Sud-Est

En 1529, Jean et Raoul Parmentier sont les premiers Français (Normands, plutôt) à doubler le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, à bord de La Pensée et du Sacre.

Mais surtout, ils découvrent l’actuelle Indonésie !

Mazette, le roi en visite !

À la tête d'une des fortunes les plus importantes de son temps, Ango reçoit à ses propres frais François Ier, lors de son passage à Dieppe, en 1534.

Quel faste ! Impressionné, ce dernier le nommera capitaine de la ville et de son château...

L'armateur fait construire pour son roi « six petits bateaux légers », sculptés et dorés dans toute leur longueur, sur lesquels ils naviguent ensemble quelques jours.

Ils visitent aussi la résidence d'été de l'armateur, à Varengeville, à quelques kilomètres à peine de Dieppe : le manoir d’Ango !

Le manoir d'Ango

Construit entre 1532 et 1544, ce manoir est typique de la Renaissance, avec son corps de logis percé d'une galerie à arcades, décoré de médaillons sculptés.

Mais le clou du spectacle reste l'énorme pigeonnier coloré, composé de briques, de grès et de silex taillés.

Il peut accueillir près de 4 000 oiseaux !

Le colombier du manoir

Le colombier du manoir | ©Louistisserand / CC-BY-SA

Déclaration de guerre !

En 1530, Ango aurait déclaré tout seul la guerre aux Portugais !

Alors que France et Portugal entretiennent de très bons rapports.

Jusqu’à ce qu’un navire d’Ango se retrouve en bisbille (on ne sait pas pourquoi) avec un navire portugais dans un port des Indes.

Les Portugais s’emparent du bateau d’Ango…

Ango envoie alors une vingtaine de ses navires qui coulent tous les bateaux portugais qu’ils rencontrent.

La situation vire à la guerre privée, le roi n’est même pas au courant.

Ils vont jusqu’à Lisbonne, comme ça, ravageant la côte ! Puis finissent par bloquer l’embouchure du Tage et coulent tout ce qui en sort.

Le roi du Portugal, pas vraiment content, envoie des ambassadeurs au roi, à Chambord.

Un roi qui leur dit : « Messieurs, ce n’est pas moi qui fais la guerre, allez trouver Ango et arrangez-vous avec lui ! »

Ango reçoit les ambassadeurs chez lui, dans son manoir normand, et on trouve un accord pour en finir pacifiquement… l'armateur doit rappeler sa flotte !

Mort dans la misère

Ango, de si riche qu’il était, meurt dans la misère la plus totale. Il avait trop prêté au roi !

On ne lui remboursa jamais les expéditions ratées qu’il avait financées pour la couronne.

On l’envoie finir ses jours au château de Dieppe, dont il a la garde...

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Léon Guérin. Histoire maritime de France (volume 1). 1846.
  • Alexandre Bouteiller. Histoire de la ville de Dieppe depuis son origine jusqu'à nos jours. 1878.
  • Paul Gaffarel. Jean Ango. 1889.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !