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Léonard au Clos-Lucé ou comment la Joconde a atterri en France

Quand : 1516 - 1519

Grande salle | Manfred Heyde / CC-BY-SA
Château Léonard de Vinci François Ier Manoir du Clos-Lucé

De Vinci séjourne au Clos-Lucé de 1516 jusqu'à sa mort en 1519.

Le manoir devient pour un Léonard malade et âgé un vrai refuge : l'artiste continue de travailler à ses fantastiques projets...

Léonard quitte l’Italie !

Léonard a 56 ans quand il quitte Rome, en 1516, acceptant l’invitation du roi de France François Ier.

Il est célèbre dans toute l’Europe, mais il est sans protecteur (Julien de Médicis son mécène est mort) et sans le sou...

Mais comment tout ceci a commencé ?

François Ier part comme ses prédécesseurs en Italie faire valoir ses droits sur le Milanais, usurpé par les Sforza.

À Milan en 1516, il rencontre Léonard, qui venait de peindre la Cène pour un couvent de la ville.

François bave d’envie devant la peinture murale ! Il essaie de la faire transporter en France « sans accident, dût-on l’armer comme une citadelle de mantelets de bois et de fer ».

Mais la peinture adhérant au mur, on oublie l’idée.

Raaah... s’il ne pouvait avoir la Cène, le roi aurait l’artiste ! Après de longues discussions, il convainc Léonard de venir en France.

Peu de regrets, pour de Vinci… il quittait son ingrat pays, qui lui préférait Michel-Ange.

Alors voilà !

À l’automne 1516, Léonard traverse les Alpes à dos de mule, ses plus précieux chefs-d'œuvre serrés contre lui : La Joconde, La Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte Anne, le Saint Jean-Baptiste, tous au Louvre aujourd’hui.

Avec lui aussi, ses compagnons de toujours : son serviteur Batista de Vilanis, ses disciples Salai et Francesco Melzi.

Léonard de Vinci

Léonard de Vinci | ©Rijksmuseum / CC0

Le Clos-Lucé, des rois... et un peintre

François Ier met à disposition de Léonard le Clos-Lucé (le Cloux à l’époque), alors jusque-là résidence d’été des rois de France.

Plus une confortable pension de 700 écus d’or.

Il le nomme aussi « premier peintre, ingénieur et architecte du roi. »

Les projets de Léonard

À peine installé, Léonard travaille jour et nuit : organisation des fêtes de la cour d’Amboise, plans de la Cité idéale de Romorantin, l’escalier à double révolution de Chambord, canal reliant la vallée de la Loire et le Lyonnais, projet d’assèchement des marais de la Sologne…

Le projet du canal a depuis été réalisé, puisque le canal latéral à la Loire et le canal du Centre font communiquer le Rhône et la Loire !

Bureau de Léonard

Bureau de Léonard | ©Langladure / CC-BY-SA

Passage secret...

Saviez-vous qu'il existe un passage secret, un souterrain menant du château d’Amboise au Clos-Lucé ?

Il permettait au roi de venir rendre visite à Léonard, incognito !

Il s'agit d'une rampe aménagée en 1482 « afin que monseigneur le Dauphin et autres du château allassent plus aisément dudit château au Cloux ».

Le passage secret

Le passage secret | ©Elliott Brown / CC-BY

Les plans de Léonard pour le château d’Amboise

François Ier demande à Léonard de nouveaux plans, pour son château.

Le maître s'exécute : il prévoit un grand et magnifique palais entouré d’une cour ornée de portiques avec salles de danses, de jeux et de réception.

À côté, un bassin suffisamment grand pour faire des joutes sur l’eau.

Sans oublier des améliorations ultra modernes : poutres et éléments en bois recouverts de maçonnerie pour éviter les incendies, tuyaux cachés dans les murs pour dégager les odeurs désagréables à l'extérieur, système complexe de contrepoids permettant aux portes de se fermer automatiquement…

Un beau projet jamais réalisé !

Château d'Amboise

Château d'Amboise | ©Oleg Mityukhin / Pixabay

La Joconde en France

François Ier ne manque jamais de rendre visite à Léonard au Clos !

C'est pendant une de ces visites que de Vinci montre une peinture au roi. Oh, trois fois rien, un portrait de femme au doux sourire...

OUI, qu'on se le dise : Léonard avait emmené la Joconde dans ses bagages !

Et François l'a à peine vue qu'il la veut. Le pauvre Léonard s'en sépare avec un pincement au cœur, pour 4 000 écus...

Voilà pourquoi la madone se trouve aujourd'hui en France, au Louvre !

Merci qui ? Merci François !

La Joconde du Clos-Lucé

Le Clos possède sa propre Joconde !

Une copie du 17Ie siècle, celle qu’Henri IV commande à Ambroise Dubois, peintre de la cour, et dont la trace a longtemps été perdue.

Ce sont les propriétaires du Clos-Lucé qui l’achètent à un antiquaire parisien, dans les années 2000.

Peinte dès 1503 à Florence, les copies commencent du vivant de Léonard, d’abord dans son atelier, puis par ses disciples.

Il l’emporte en 1516 en France. François Ier l’achète, elle rejoint les collections royales dès 1518 et continue d’être copiée par les peintres de la cour.

L'automate du lion d'Argentan

L'automate du lion d'Argentan | ©Als33120 / CC-BY-SA

Le lion d’Argentan

Léonard de Vinci réalise un incroyable automate de lion, à l'occasion d’une fête royale donnée à Argentan.

L'original a été perdu, mais une copie fidèle est aujourd’hui exposée dans la dernière demeure du maître italien, à Amboise.

Papa de la Mona Lisa, certes, mais aussi inventeur déluré, en témoigne cet automate !

La toute première sortie du lion a lieu à Lyon en 1515 devant François Ier, pour célébrer une alliance entre la France et Florence dont le lion est le symbole.

Deuxième sortie du félin cette fois-ci à Argentan, deux ans plus tard.

Le poitrail de l’animal s’ouvrait pour laisser apparaître une jolie gerbe de lys...

Les fresques de Léonard au Clos

L’oratoire construit en 1492 pour l’épouse de Charles VIII, Anne de Bretagne, a été décorées de fresques réalisées par les disciples de Léonard !

On y voit notamment une splendide Vierge de Lumière, Virgo Lucis, qui aurait donné son nom au Clos-Lucé.

La Vierge de Lumière de l'oratoire

La Vierge de Lumière de l'oratoire | ©Cheng-en Cheng / CC-BY-SA

La mort au Clos-Lucé

Léonard meurt au Clos le 2 mai 1519, à l’âge de 67 ans.

On le voit dans un célèbre tableau d'Ingres mourir dans les bras d’un François Ier atterré.

Et c'est... faux ! Le jour où Léonard s'éteint, usé, atteint d’une paralysie de la main droite, le roi de France était avec toute sa cour à plusieurs centaines de kilomètres de là, à Saint-Germain-en-Laye.

Chambre où est mort Léonard

Chambre où est mort Léonard | ©Crochet.david / CC-BY-SA

Son testament

Le testament de Léonard mentionne :

« Ledit testateur veut être enseveli dans l’église de Saint-Florentin d’Amboise, et que son corps y soit porté par les chapelains d’icelle. Item que le corps soit accompagné dudit lieu jusque dans ladite église de Saint-Florentin. »

Il veut qu’à ses obsèques « il y ait soixante torches qui seront portées par soixante pauvres qui seront payés pour les porter. »

Ledit testament mentionne en prime Mathurine, la servante amboisienne de Léonard !

On connaît son prénom grâce à ce précieux document : l'artiste italien lui lègue « un bon habillement de bon drap noir garni de peau, une coiffe de drap et dix ducats en récompense de ses bons services »...

Tombe de Léonard

Tombe de Léonard | ©ManoSolo13241324 / CC-BY-SA

La sépulture de Léonard

Léonard de Vinci repose, selon ses volontés, dans l’église Saint-Florentin, au cœur du château d’Amboise.

Sauf qu’en 1808, l’église est détruite, les pierres vendues, fragments de tombes compris !

Les ossements sont éparpillés, sauf ceux de Léonard, recueillis par un jardinier et inhumés dans un coin du terrain.

En 1863, l’écrivain Arsène Houssaye entreprend des fouilles sur le site de l’ancienne église et trouve une dalle portant l’inscription incomplète EO... DUS VINC.

Tout ceci avec un squelette entier, qui sera ré-inhumé en 1874 dans la chapelle gothique Saint-Hubert du château d’Amboise.

Enfin… squelette présumé, qui n’a pas livré tous ses secrets !

Sources

  • Arsène Houssaye. Histoire de Léonard de Vinci. 1869.
  • Walter Isaacson. Léonard de Vinci. Quanto, 2018.
  • Louis Viardot. Les merveilles de la peinture. 1868.
  • Mathieu Deldicque. Léonard de Vinci « Que sais-je ? ». 2019.
  • Gabriel Séailles. Léonard de Vinci : l'artiste et le savant. 1892.
  • Jean-Arcady Meyer. Dei ex Machinis : volume I. Les Éditions du Net, 2015.
  • Annick Colonna-Césari. Article en ligne de Connaissance des Arts La Joconde du Clos Lucé : focus sur un chef-d’œuvre méconnu, 02/04/2020.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !