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5 choses à savoir sur le baptême de Clovis à Reims, le jour de Noël 498

Quand : 25 décembre 498

Le baptême de Clovis, galerie des rois, cathédrale de Reims | Albert Dezetter / CC0
Cathédrale Festivités Clovis Ier Clotilde Cathédrale Notre-Dame de Reims

25 décembre 498, cathédrale de Reims. La nouvelle fait du bruit, devinez quoi ? Le roi des Francs Clovis va renier ses dieux païens ! Vous nous suivez ?

1 - Pourquoi Clovis doit se faire baptiser

Lui, c'est Clovis ! Petit roi barbare de la tribu des Francs Saliens au 5e siècle, il règne sur un territoire qui va de la région belge de Tournai, jusqu’à Amiens.

Clovis devient le premier souverain chrétien du royaume des Francs !

Bon, alors : quelle est la situation, à l’époque, en Gaule ?

Les peuples barbares (païens comme pas deux) s’établissent sur les ruines de l’Empire romain, disparu en 476 :

  • Alamans à l’est (future Allemagne) ;
  • Burgondes au sud-est (future Bourgogne, entre autres) ;
  • Wisigoths au sud-ouest...
  • ... et Francs Saliens au nord de la France et en Belgique.

Clovis débarque, met une raclée à tous ces barbares, et voilà nos Saliens qui s’allient aux gallo-romains, pour conquérir la Gaule.

Clovis fait de Paris la capitale, et la Gaule devient Regnum Francorum, royaume des Francs... future Francie, puis notre bonne vieille France !

Mais pourquoi Clovis se fait-il baptiser ? Pour des raisons politiques, pardi !

Avec sa conversion, les Francs obtiennent le soutien de l’Église : la population gauloise, majoritairement gallo-romaine et chrétienne, se rallie à Clovis, son nouveau protecteur... béni par Dieu, mazette !

Il devient un roi chrétien, personne ne peut plus contester son pouvoir divin. Ce qui permet à Clovis de conquérir le reste de la Gaule.

Baptême de Clovis

Baptême de Clovis | ©The British Library Board / CC-BY

2 - Clovis est loin d'être favorable au baptême chrétien, au début

Clotilde, l'épouse de Clovis, n’en peut plus. Elle l’a tanné pendant des années pour qu’il tourne le dos au paganisme. Qu'il devienne chrétien, comme elle, enfin !

Mais rien. Le Franc chevelu a la tête dure, il ne veut rien entendre.

Elle fait même baptiser leur premier fils, Ingomer, qui passe tout petit l’arme à gauche.

Clovis grogne, hurle. Le baptême a tué son fils !

Cela renforce sa conviction que le Dieu unique de sa femme est sacrément méchant... que ses dieux à lui auraient été bien plus efficaces !

Mais c'est bien mal connaître Clotilde : elle re-baptise leur 2e fils, Clodomir... qui échappe de justesse à la mort : il était tombé malade juste après le baptême, dites donc !

Baptême de Clovis

Baptême de Clovis | ©The British Library Board / CC-BY

3 - Tolbiac, le miracle qui fait vaciller Clovis

Voilà LE miracle qui va faire changer Clovis d’avis, sur le christianisme.

Cela se passe en 496, à Zülpich, près de Cologne : l'endroit s’appelle Tolbiac, à l’époque.

Là, en face des féroces armées des barbares Alamans dont il convoite le territoire, Clovis perd courage. Se voit vaincu.

Quelle mouche le pique, on n'en sait rien ! Mais le voilà qui se tourne soudain vers Dieu, le supplie de toutes ses forces en l'appelant par ces mots : « Dieu de Clotilde !! »

Clovis lui demande de trouver la force de vaincre ses ennemis, en échange de quoi il ira se faire baptiser... promis ! Soudain, une hache tue le chef alaman et les armées ennemies reculent comme par magie !

Merci qui ? Merci à ton Dieu, Clotilde ! Allez, Clovis, il faut aller te faire baptiser, maintenant...

Cathédrale de Reims

Cathédrale de Reims | ©Num / Flickr / CC-BY-SA

4 - Le baptême à Reims, plongeon glacé et renoncement

« Dépose tes colliers, Sicambre ! Adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ! »

La voix de l’évêque Rémi claque sous les voûtes glacées de la cathédrale de Reims, alors que Clovis, enfin, se fait baptiser. Ça en jette, non ?

Le Sicambre, c’est Clovis. Les colliers, ce sont ses amulettes païennes. Clovis les renie et, revêtu d’une tunique blanche, il plonge dans la cuve baptismale jusqu’aux cuisses.

Rémi lui verse trois fois de l’eau sur la tête, puis esquisse le signe de croix sur son front.

Cela impressionne drôlement toute la foule, puisque 3 000 guerriers de Clovis se font ensuite baptiser !

Les chroniques racontent qu’il y a tellement de fumées d’encens et de cierges, dans la cathédrale, que Clovis, les yeux plissés, toussant à s’en décrocher les poumons, demande à Rémi : « – Est-ce là le royaume de Dieu que vous m’avez promis ? »

Rémi répond : « – Non, ce n’est que l’entrée du chemin qui y conduit ! »

Nef de la cathédrale de Reims

Nef de la cathédrale de Reims | ©Patrick Demory / Flickr / CC-BY

5 - Le lien entre Clovis et les sacres des rois de France à Reims ?

Tous les rois de France (ou presque) se font sacrer à Reims, et le baptême de Clovis a un lien avec cette longue tradition ! Pourquoi ?

Le lien entre les sacres et le baptême de Clovis, c'est le Saint Chrême.

Parce que pour un baptême, il faut une huile sainte : le chrême. Une huile spécialement destinée aux sacrements, à base de résine végétale très odorante, tirée d’un arbre qui pousse en Judée. Sans cela, pas de baptême !

Mais le clerc qui devait apporter le chrême, pour le baptême de Clovis, se retrouve coincé par la foule embouteillée, devant la cathédrale !

Heureusement, une colombe (le Saint Esprit) débarque spécialement apporter la fiole d’huile : il s’agit de la fameuse Sainte Ampoule (ampula en latin veut dire « petite amphore »).

Et c’est avec cette huile qu’ont été sacrés 31 rois de France, depuis Henri Ier (1027) jusqu’à Charles X en 1825. Hé, cela leur donne une sacrée légitimité divine !

À noter que le contenu de l’ampoule, de couleur rouge sombre, n’est pas liquide, mais solide, comme desséché. On en prélevait une miette avec une aiguille d’or, pour le mélanger au saint chrême.

La fiole a été brisée à la Révolution sur la place Royale de Reims. Une petite goutte a pu être sauvée : elle se trouve aujourd’hui dans son reliquaire, au palais du Tau.

Sources

  • Jean Joseph Julaud. L'Histoire de France pour les Nuls. First Éditions, 2004.
  • Abbé Brière. Histoire de France. 1865.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !