La Sainte Ampoule ? La fiole contenant l’huile sacrée ayant servi au sacre de Clovis et à l’onction des rois de France pour leur sacre !
Une grande partie a été détruite à la Révolution, mais le palais du Tau en conserve une infime quantité...
1 - Le baptême de Clovis à l’origine de tout
5e siècle, jour de Noël. Vous vous souvenez ?
Ce jour-là, Clovis, roi des Francs, se fait baptiser dans la cathédrale de Reims par l’évêque Rémi.
La légende s’en mêle et raconte qu’à cause de la foule trop nombreuse ce jour-là, le religieux qui doit apporter l’huile servant à l’onction ne peut pas passer.
Sans cette huile, point de baptême... c’est une colombe qui apporte la Sainte Ampoule emplie d’un baume sacré.
La cathédrale devient le lieu du couronnement des rois de France, sacrés avec l’huile miraculeuse !
2 - Ampoule et chrême
L’ampoule fait référence à un petit flacon, du latin ampulla, « fiole. »
Dans celle de Reims, un baume sacré, que l'on prélève avec une aiguille dorée : oh, seulement l’équivalent d’un grain de riz !
C’est ce baume que l’on mélange avec le saint Chrême, pour servir au sacre des rois.
Le chrême ? Un mélange d’huile végétale parfumée, une résine. Le mélange obtenu est rouge.
L’évêque trace 9 onctions avec l’huile obtenue, sur le corps du roi agenouillé : haut de la tête, poitrine, entre les épaules, puis sur la gauche et la droite, la jointure du bras droit et gauche, sur la paume des mains.
La reine, elle, n’est sacrée qu’avec le saint chrême !
3 - Le palais du Tau
Avant d’être exposée au palais du Tau, l’Ampoule était conservée dans la basilique Saint-Rémi de Reims.
Le palais du Tau, c’est la résidence royale, lors des sacres des rois de France à Reims.
Il doit son nom à son plan en forme de T (tau en grec) !
4 - Les otages de l'Ampoule
Lors du sacre des rois, les 4 seigneurs chargés d’escorter l’Ampoule de la basilique Saint-Rémi jusqu’à la cathédrale de Reims s’appellent « otages de la Sainte Ampoule » !
Du vieux français hostage, l’hôte...
Avec pour mission de la défendre jusqu’à la mort, s’il le faut.
Lors du sacre de Charles VII, c’est Gilles de Rais qui s’y colle.
5 - Quid du reliquaire et de l'huile d'origine ?
Le reliquaire d’origine et une grande partie du baume ont été détruits pendant la Révolution Française, un jour d’octobre 1793, sur la Place Royale de Reims.
Le reliquaire actuel exposé au Tau date de 1822, réalisé par Jean-Charles Cahier en vermeil et cristal, incrusté d'émeraudes et de rubis.
Il contient une toute petite partie de l’huile d’origine !
C’est avec elle que l’on procède au dernier sacre de l’histoire de France : celui de Charles X, en 1825.
6 - La Sainte Ampoule ne devait jamais quitter la basilique !
Jamais, uniquement les jours de sacre où les otages (voir point n°4) l'escortaient jusqu'à la cathédrale de Reims.
L'Ampoule fait une unique sortie, en 1483 : Louis XI en fait la demande !
Il a une peur panique de la mort.
Sentant la fin arriver, il se protège de talismans, de grigris et de toutes les reliques lui tombant sous la main...
Ne manque plus que la Sainte-Ampoule de Reims !
Il envoie sa demande en avril 1483 à l'abbé de Saint-Rémi.
L'abbé refuse : peur qu'on la casse, qu'on la vole...
Alors Louis se tourne vers le Pape, qui semble hésiter lui aussi.
Finalement, on décide enfin, à contrecœur, de la lui envoyer.
La relique part de Reims le 29 juillet, passe par Paris escortée par une cohorte de soldats, pour enfin arriver au château de Plessis-lès-Tours.
Le roi n'en peut plus : fébrile, il la fait placer dans sa chambre, à son chevet.
Son chroniqueur Commynes raconte même qu'il veut « prendre semblable onction qu'il en avait pris à son sacre »...
Louis peut enfin mourir, le 30 août 1483.
En septembre 1483, l'Ampoule repartait pour Reims…
7 - 1937, l'unique fois !
Le baume de la Sainte Ampoule ne ressert qu’une seule fois, en 1937. À quelle occasion ?
Pour la consécration de l’autel de la cathédrale de Reims, restauré après les ravages de la guerre !
Sources
- Alexandre Assier. Légendes, curiosités et traditions de la Champagne et de la Brie. 1860.
- Murielle Gaude-Ferragu. La reine au Moyen Âge : le pouvoir au féminin. Tallandier, 2014.
- Guillaume Marlot. Histoire de la ville de Reims. 1845.
- Alexandre Maral. Le Roi-Soleil et Dieu. Perrin, 2015.
- Prosper Tarbé. Trésors des églises de Reims. 1843.