This website requires JavaScript.

6 choses que vous ne savez peut-être pas sur le célébrissime tableau « Au Lapin Agile » de Picasso

Quand : 1905

Au Lapin Agile ou L'Arlequin au verre (1905, P. Picasso) | Citizen59 / CC-BY-SA
Salle de spectacles Le Lapin Agile

Vous connaissez Picasso et son célébrissime Au Lapin Agile, aujourd’hui exposé au Metropolitan Museum de New-York ?

Il y a un drame derrière la toile, qui a changé la vie de Picasso. Il y a aussi une histoire de souris dans un atelier crasseux et de période rose...

1 - Qui se cache derrière les traits du guitariste ?

Regardez ! Le reconnaissez-vous ?

Le guitariste en arrière-plan n’est autre que le célèbre père Frédé, propriétaire du cabaret du Lapin Agile et maître de l’âne gris Lolo (l’auteur du plus gros canular du début du 20e siècle) !

C’est d’ailleurs Frédé qui commande la toile à son ami Picasso, pour l’accrocher à l'un des murs de son établissement.

2 - Picasso à Montmartre

Montmartre, au 20e siècle, c’est le repaire des artistes de tous poils.

Pablo Picasso s’installe définitivement à Paris, en 1904. Son ami sculpteur Paco Durrio lui donne son atelier du 13 de la rue de Ravignan, le Bateau-Lavoir.

Bon : l’atelier est un bouge, un four en été et un frigo en hiver (le thé et le café gèlent dans les tasses).

Tout est crasseux, on a quelques meubles bancals, une malle sert de siège. Dans un tiroir, Pablo garde même une souris blanche apprivoisée qu’il traite avec une grande tendresse (il adore les animaux), raconte la revue Le Vieux Montmartre !

Mais pour le peintre andalou, Montmartre rime avec vaches maigres : il n’a pas un sou ! Il mange... un jour sur deux.

Quant à boire... il y a toujours la porte du cabaret du père Frédé, grande ouverte !

3 - Le drame derrière le tableau

Vous voyez cette dame, derrière l'autoportrait de Picasso en Arlequin ?

Je vous présente la maîtresse de Pablo, Germaine Pichot. Danseuse de cancan au Moulin-Rouge voisin !

Une dame qu’aimait à la folie un ami de Picasso, le peintre espagnol Carlos Casagemas. À la folie, oui...

Mais Germaine, elle, ne l’aime pas. Repoussé, humilié, Casagemas sombre dans l'alcool. Emporté par les griffes de ses démons.

Il finit par se suicider, en 1901... après avoir essayé de tuer Germaine... il retourne l’arme contre lui, dans un café du boulevard de Clichy.

Picasso, anéanti, lui dédie un tableau (son portrait dans son cercueil).

Déprimé, hanté, c'est le déclic pour Picasso : sa période bleue (1901-1904) est née ! Dominée par des tons glacials, les thèmes comme la mort, la vieillesse et la pauvreté s'entrechoquent.

Oh, au fait : Germaine Pichot réapparaîtra sur une toile de Pablo, 2 ans plus tard : les Demoiselles d’Avignon.

4 - Le Lapin Agile et la période rose

Dans cette toile Au Lapin Agile, Pablo s’est représenté en Arlequin, un verre à la main, d’où l'autre nom du tableau, « l’Arlequin au verre. »

La toile a été peinte en 1905, et... savez-vous ce que cela signifie ?

Elle est la parfaite représentante de la période rose (1904-1906) de Picasso ! Elle suit la période bleue (1901-1904), inspirée, on l'a vu, par le suicide de son ami, le peintre Carlos Casagemas...

La période rose, au contraire, se caractérise par des teintes rouges, chaudes. Toujours un peu mélancolique, je suis d'accord, mais avec des thèmes plus joyeux : on y voit beaucoup de références au cirque, aux arlequins ou aux clowns.

5 - Itinéraire d’un tableau

Picasso peint la toile en 1905. Une huile, de 99 cm x 100 cm.

Vous savez, le propriétaire du Lapin Agile, Frédé, la commande à Pablo Picasso.

Puis, des difficultés d'argent aidant, Frédé la vend à un riche Allemand, en 1912, pour une bouchée de pain.

L'Arlequin passe en Allemagne à Düsseldorf, puis en Suède, pour enfin atterrir à New York, en 1952 : en 1989, le philanthrope américain Walter Annenberg le rachète aux enchères aux Whitney, de riches businessmen.

Annenberg n'a plus qu'à le donner au musée du Metropolitan Museum de New-York, où il se trouve encore !

6 - Picasso, roi des enchères !

Alors, dites-moi... savez-vous combien a été adjugé le tableau du Lapin, en 1989 ?

41 millions de dollars ! Vertigineux, n'est-ce pas ?

Et encore ! Le record a été battu avec une autre toile de Picasso, Les Femmes d'Alger, adjugée chez Christie's à New-York, pour... 179,36 millions de dollars !

Ce qui en fait l’œuvre d'art la plus chère jamais vendue...

Sources

  • Notice en ligne At the Lapin Agile sur le site officiel du Metropolitan Museum of Art, metmuseum.org.
  • Gérard Landrot. Paco Durrio, 1868-1940. Revue Le Vieux Montmartre, n° 76, décembre 2006.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !